Le Groupe de travail sur l’utilisation des mercenaires fait le point de sa mission en Centrafrique

19 oct 2016

Le Groupe de travail sur l’utilisation des mercenaires fait le point de sa mission en Centrafrique

Lors de la conférence de presse hebdomadaire de la MINUSCA, ce mercredi 19 octobre 2016, le Groupe de travail sur l’utilisation des mercenaires a dressé le bilan de ses activités et formulé plusieurs recommandations à l’issue de sa mission en République centrafricaine démarrée le 10 octobre 2016.

« L’objectif  est de livrer nos observations préliminaires avant la présentation de notre rapport détaillé au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en septembre 2017 », a, d’entrée de jeu, situé la présidente du Groupe de travail et rapporteur, Patricia Arias.

En effet, « la crise de 2013 a vu l’implication de centaines de mercenaires et de combattants étrangers venus de pays voisins tels que le Tchad, le Soudan, le Cameroun et le Niger dans les atrocités commises contre la population civile », a révélé Mme Arias.

La présidente du Groupe de travail a, cependant, déploré le fait que « la République centrafricaine n’est pas partie à la Convention des Nations Unies sur le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires, ni la Convention de l’Union Africaine sur l’élimination du mercenariat en Afrique ». Aussi, le pays a-t-il été  invité « à ratifier ces deux instruments dans les meilleurs délais, ainsi qu’à adopter une législation interne lui permettant de lutter contre le mercenariat. »

Entre autres recommandations, le Groupe de travail indique que la protection des civils demeure une priorité absolue, ainsi que des réformes urgentes du secteur de la sécurité. À cet égard, il encourage la MINUSCA à « répondre d’une manière plus proactive et préventive aux menaces contre les civils, notamment, dans les zones sensibles comme les camps de déplacés. »

Le renforcement des efforts du Gouvernement pour que la Cour pénale spéciale soit opérationnelle dans les meilleurs délais, figure également dans le peloton de tête des recommandations des experts. Tout comme la mise en place de mécanismes de réparation afin d’aboutir à une véritable réconciliation nationale.

Le Groupe de travail préconise, par ailleurs, au gouvernement de renforcer sa coopération avec les organisations de la société civile et de les associer aux processus d’enquêtes et de réconciliation, et ceci de manière transparente.

Le mercenariat ne pouvant complètement se définir sans évoquer son aspect transfrontalier, « nous recommandons de mettre en place la coopération régionale avec les pays voisins », a poursuivi Patricia Arias, avant de terminer en insistant sur la nécessité d’une sensibilisation régulière des centrafricains au respect des droits de l’homme.

Pour rappel, le Groupe de travail sur l’utilisation des mercenaires est mandaté par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour étudier les activités des mercenaires, ainsi que celles liées au mercenariat, et leur impact sur les droits de l’homme, en particulier sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Selon les informations recueillies par le Groupe de travail sur l’utilisation des mercenaires, environ 500 mercenaires sont encore présents en République centrafricaine. Le conflit centrafricain aurait fait plus de 5.000 morts, plus de 380.000 personnes déplacées, plus de 450.000 réfugiés dans les pays voisins, environ 6.000 femmes victimes de violences sexuelles et  10.000 enfants enrôlés de force par les différents groupes armés.