Président TOUADERA : « Il n’y a pas d’autre chemin que la paix pour reconstruire notre pays »

17 oct 2016

Président TOUADERA : « Il n’y a pas d’autre chemin que la paix pour reconstruire notre pays »

C’est un Chef de l’Etat attristé qui a parcouru, ce 17 octobre 2016, les principales artères de Kaga-Bandoro pour voir les dégâts causés par les récentes violences. C’etait quelques instant après son arrivée dans la ville à la tête d’une importante délégation, composé de plusieurs membres du Gouvernent, du Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la (MINUSCA), Parfait Onanga Anyanga, et de l’ambassadeur des Etats-Unis, Jeffrey Hawkins, entre autres.

« Nous sommes sous le choc face à cette violence meurtrière dont nous venons de  voir les conséquences à Kaga-Bandoro», a déclaré le Président Faustin Archange Touadera à cette occasion. Et à ses nombreux interlocuteurs, au nombre desquels les déplacés internes du site de l’évêché, des autorités locales, la société civile, et les représentants des groupes armés, il a exprimé sa profonde tristesse de voir Kaga-Bandoro replonger dans une violence inouïe, quelque deux mois après sa dernière visite, qui pourtant avait suscité l’espoir d’une paix future. Puis, il a dit toute sa compassion et toute sa sympathie à l’égard des victimes. 

« Ce que j’ai vu est un drame humain sans nom et ça n’aurait jamais dû se passer. En l’espace de 24 heures, on a assisté à des violences d’une barbarie innommable. Ceci est tout simplement inacceptable», a pour sa part déploré le Représentant spécial. 

Appel au dialogue et à la réconciliation nationale

Le Président Touadéra a rappelé que «le dialogue, le pardon et la réconciliation nationale sont les seuls éléments qui vont nous permettre de sortir de cette situation. Il n’y a pas d’autre solution», Et d’insister : « nous appelons les groupes armés à se joindre au processus de dialogue politique que nous avons instauré, car c’est seulement dans cet espace-là que nous pouvons régler tous les problèmes. Il n’y a pas d’autre chemin que la paix», invitant les populations à ne pas céder aux provocations et aux appels à la haine intercommunautaire. 

Dans le secteur nord de la ville, majoritairement peuplé de musulmans, où il s’est aussi rendu, comme sur la place du marché, le Chef de l’Etat a réitéré le même vœu de réconciliation entre tous les fils et filles du pays, avant de souligner que son gouvernement est au service du peuple centrafricain dans son intégralité et que son souhait est d’associer tout le monde, sans exclusive, aux efforts de reconstruction du pays. 

« Il n’y a plus aucune légitimité de justifier une quelconque revendication politique en utilisant les armes. On a vu le bilan des armes, on a vu l’échec des armes. Dans ce pays, les armes n’ont entrainé que la mort et la désolation. Donc quiconque aujourd’hui a un grief contre l’une ou l’autre partie doit comprendre qu’il n’y a plus de raison de recourir aux armes», a de son côté souligné M. Onanga Anyanga, plaidant en faveur du vivre ensemble.

 

Les criminels de guerre devront rendre compte un jour ou l’autre

Le chef de la MINUSCA a également tenu à rappeler que les arrangements politiques qui permettaient auparavant à des individus qui ont pris des armes et tué des populations civiles d’occuper des fonctions politiques au niveau national ne sont plus acceptables dans le monde d’aujourd’hui. « Que quelqu’un prenne les armes tue des centaines, voire des milliers, de personnes et après on lui propose le pouvoir dans un arrangement politique avec l’amnistie, ce n’est plus quelque chose qu’on fait. Et vos populations des deux côtés disent non à l’impunité.  Ces populations ne veulent plus que des gens qui ont commis des crimes puissent  prendre le pouvoir et avoir des retraites tranquilles. Le temps de la guerre est passé, chers frères», a insisté Parfait Onanga-Anyanga.  

« C’est facile d’avoir une arme et tuer, au fond c’est l’arme des lâches. Quand on est lâche, quand on n’a rien à démontrer, on prend une arme et on tue des populations innocentes, c’est facile. Mais je vous crois capables de mieux que ça», a-t-il ajouté, avant d’appeler les uns et les autres au dialogue qui est l’unique voie pour sortir ce pays du cycle de violence dans lequel il est plongé depuis plusieurs années. «Chacun a une obligation morale d’accepter d’aller autour de la table et de discuter sans préalable», a conclu le Chef de la MINUSCA

Même plaidoyer pour l’ambassadeur des Etats-Unis, Jeffrey Hawkins, qui a rappelé aux groupes armés qu’un jour ils auront à répondre de leurs crimes. Il  a notamment cité l’exemple de Jean-Pierre Bemba qui est en procès à La Haye pour les crimes commis par ses hommes en Centrafrique. «Il faut penser à la justice. La CPI et la Cour spéciale pour la Centrafrique, qui est en voie d’être mise en place, se chargeront de juger les criminels de guerre. Dans les capitales loin de la RCA, on vous connait déjà et on observe ce que vous faites ici», a prévenu l’ambassadeur américain.