Le rapport Mapping, "une réponse à une demande nationale"

30 mai 2017

Le rapport Mapping, "une réponse à une demande nationale"

Matérialiser à la fois les engagements des autorités centrafricaines ainsi que les promesses de soutien de la communauté internationale à lutter contre l’impunité et contribuer à la prévention des conflits. C’est l’objectif premier du rapport "Mapping des violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire depuis janvier 2003 à décembre 2015", conjointement lancé ce mardi 30 mai 2017 à Bangui, par la MINUSCA, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) et le PNUD.

"Le rapport couvre les violations commises sur le territoire centrafricain du 1er janvier 2003 au 31 décembre 2015. Dans sa première partie, il aborde la cartographie des violations graves des droits de l’Homme et du droit international humanitaire. Dans sa deuxième partie,  il explore les éléments qui pourraient fonder une stratégie globale de justice transitionnelle en RCA. Dans sa troisième partie, il formule des suggestions relatives aux options stratégiques ayant trait aux éventuelles poursuites et potentiels domaines d’enquêtes prioritaires", a, d’emblée, précisé le directeur de la Division des droits de l’homme de la MINUSCA, Musa Gassama, lors de sa présentation du rapport.

Pour ce faire, l'équipe de recherche et de rédaction du rapport a analysé des informations provenant de plus de 1200 sources confidentielles et publiques contenues dans différents documents, tels que des rapports d'entités des Nations Unies, d’ONG internationales et centrafricaines, des articles des médias locaux et internationaux et académiques, et des livres.

Ce rapport "constitue pour la MINUSCA une réponse à une demande nationale (…) et une opportunité politique de d’accélérer des efforts dans la lutte efficace contre l’impunité", a indiqué la Représentante spéciale adjointe du secrétaire général des Nations unies, Diane Corner, à l’entame de la rencontre.

En effet, expliquera par la suite le Garde des sceaux, ministre de la Justice, Flavien Mbata, « depuis plusieurs décennies, la RCA est confrontée à d’énormes défis de gouvernance accentués par des crises militaro-politiques fragilisant le fonctionnement des institutions en général et de la Justice en particulier ». C’est pourquoi, s’est-il réjoui, « ce document va contribuer à l’opérationnalisation de la Cour pénale spéciale (CPS) » instituée, en juin 2015, par une loi votée par le Parlement centrafricain.

Le rapport Mapping contribuera au travail de la CPS dont le mandat couvre les violences commises en 2003 jusqu’à ce jour, a soutenu le sous-secrétaire général des Nations Unies aux droits de l’homme, Andrew Gilmour, pour qui "documenter les violations passées s’inscrit dans la mise en œuvre d’une stratégie de justice transitionnelle au nom du droit à la vérité" réclamé par les Centrafricains de tous bords, avec lesquels il a eu l’occasion d’échanger depuis son arrivée dans le pays, le 26 mai 2017.

Ainsi, dans le cadre d’un séminaire qui se tiendra les 31 mai et 1er juin 2017, l’État centrafricain et les Nations unies s’emploieront à détailler le contenu du rapport, sa méthodologie et ses recommandations, auprès de l’administration, des défenseurs des droits humains en RCA et de leurs partenaires.

"La justice viendra, et elle viendra pour tout le monde", a averti Andrew Gilmour, avant de faire savoir que "nous avons reçu l’information que certains auteurs présumés de violations commencent à s’inquiéter. Ils ont bien raison."

Rappelons que plus de 1.290 incidents recueillis dont 620 ont rempli les critères d’inclusion dans le rapport Mapping.