Sécurisation des convois de marchandises : le retour progressif de la confiance

12 jan 2017

Sécurisation des convois de marchandises : le retour progressif de la confiance

Il est 7h du matin, ce 11 janvier 2017. Sur  l’avenue des Martyrs,  attendent des camions remplis de marchandises pour leur convoyage en direction de l’intérieur du pays.

Depuis le début de la crise en Centrafrique, le transport des marchandises est, en effet, sujet à de multiples problématiques sécuritaires. Les attaques diverses qui surviennent, de jour comme de nuit, ont  contraint les autorités à une sécurisation maximale de ces convois. Et dès le début de son engagement, la MINUSCA a tenu cette action comme l’un des pans prioritaires de sa mission, conformément à la Résolution 2149 du Conseil de sécurité qui met l’accent sur la restauration de l’autorité de l’Etat.

Pour Herve Gbake, Secrétaire général du syndicat des camionneurs centrafricains, cet appui de la MINUSCA a été  non seulement une aubaine pour l’économie centrafricaine mais il est devenu indispensable pour les camionneurs. « Aujourd’hui, les camions ne peuvent s’ébranler sans la présence de la MINUSCA, les chauffeurs sont inquiets à cause des aléas sur la route», fait-il remarquer, soulignant que « les vols aggravés avec séquestration des chauffeurs avaient été en hausse à cause de la prolifération des armes. Cette sécurisation rassure non seulement les chauffeurs mais aussi les propriétaires des véhicules qui se sentent en confiance avec la présence des Casques bleus»

Ce 11 janvier, le contingent burundais situé sur l’avenue de l’Indépendance se prépare pour accompagner le convoi. La ponctualité est de rigueur pour le départ du convoi. Le lieutenant Leonard Nshimirimana, chef du convoi, donne les dernières consignes aux 55 militaires qui partent pour cette mission. « Nous allons sécuriser un convoi de camions commerciaux et de véhicules humanitaires jusqu’à SIBUT, située à 160 km au nord de Bangui, la vigilance doit être de mise car nous avons la responsabilité des passagers, des véhicules et des marchandises qui s’y trouvent ». 

Il faut noter que durant les chargements des véhicules, la sécurisation des camions et passagers est assurée par les Forces de Sécurité Intérieure (FSI). Herve Gbake explique le processus : « pendant les chargements des véhicules qui s’effectuent sur l’avenue des Martyrs, ce sont les policiers et gendarmes centrafricains qui assurent la sécurité. Cette sécurisation leur permet aussi d’effectuer les contrôles administratifs avant le départ du convoi. Le contingent burundais de la MINUSCA ne prendra le relais qu’au PK12, à la sortie de la ville de Bangui ». 

A PK11, à la sortie Nord de Bangui, des véhicules humanitaires sont déjà positionnés, ils n’attendent que le reste du convoi pour se joindre à eux ; le chef du convoi explique le modus operandi : « nous avons la responsabilité de tous les camions commerciaux et des véhicules humanitaires qui partent ce jour dans le Nord. La première phase est le regroupement des camions commerciaux sécurisés par les FSI qui profitent pour faire les contrôles administratifs. Quant aux véhicules humanitaires, ils sont regroupés au PK11, à la sortie Nord de Bangui. Ensuite, la jonction des véhicules se fait à la barrière de PK12 qui marque la sortie Nord de la ville de Bangui. Il faut souligner que tout ce processus se fait selon un timing bien défini ».

 Si les attaques sur la route ciblent majoritairement les véhicules vulnérables, le danger peut surgir également lors du stationnement des véhicules en cas de panne. Le lieutenant Leonard Nshimirimana explique : « notre responsabilité inclut le fait que nous devons aussi assister le véhicule qui tombe en panne jusqu’à la réparation de celui-ci. Nous ne devons pas laisser un véhicule hors du convoi jusqu’à la prochaine étape qui sera le relais fait à Sibut. »

Il est 12h exactement lorsque  le convoi s’ébranle en direction de Sibut, avec des passagers et chauffeurs rassurés, comme Ali Aboubakar, au volant de son camion: « avec le convoi, je suis plus confiant ».  Même sentiment chez le commerçant Pascal Fionam : « Je suis venu de Kaga-bandoro, dans le Centre, pour me ravitailler en marchandises pour ma boutique. C’est un risque que je ne pouvais pas prendre s’il n’y avait pas la sécurisation du convoi ; je perdrais toute ma marchandise ».

Durant l’année 2016, la MINUSCA a assuré la protection de 31.661 véhicules principalement sur la Route Nationale 1 (RN1) qui relie Bangui à la frontière camerounaise et la RN2, reliant la capitale centrafricaine au Nord-Est du pays. Les convois sont ponctuellement effectués quatre fois par semaine pour permettre « la relance économique du pays », comme le fait valoir Aboubakar Sabre,  coordonnateur de l’Association des commerçants du Nord-est et Centre, pour exprimer le rôle clef que joue la sécurisation des convois dans le relèvement économique du pays en même temps qu’il place le recouvrement de l’autorité de l’Etat au cœur de ce redressement.