Réapprendre à vivre ensemble à Lakouanga, quartier martyr de Bangui

26 avr 2016

Réapprendre à vivre ensemble à Lakouanga, quartier martyr de Bangui

A Lakouanga, la vie a repris et chacun vaque à ses occupations, les rues sont animées, les enfants jouent dehors et les commerçants ont rouvert échoppes et étals. Pourtant au mois de septembre dernier, ici, des gens ont vécu les flambées de violence dans la capitale Centrafricaine. Les traces sont là, dans les cœurs et sur les murs, en particulier dans les lieux de cultes, cibles d’attaques et de représailles.
Des habitants de ce quartier du deuxième arrondissement de Bangui, notamment des dignitaires religieux, ont pris l’initiative de rapprocher les communautés traumatisées pour panser les plaies et réapprendre à vivre pacifiquement dans le même espace. Ils ont créé un comité de reconstruction qui regroupe des personnes de toutes confessions.
L’abbé Didace Kossingou de la paroisse catholique « Les Saints Martyrs de l’Ouganda » est partie prenante à ce projet. « Le quartier a toujours vécu en harmonie entre les communautés et les confessions religieuses », explique-t-il. « Chrétiens et musulmans se rencontraient au cours des fêtes religieuses de Pâques et de la Tabaski », se souvient Adam Fall, un habitant de confession musulmane.
« Il est important de recréer cette harmonie pour l’avenir des enfants, adultes de demain et garants de la stabilité du pays », ajoute l’abbé Kossingo.
Deux lieux de cultes sont en cours de réhabilitation : la mosquée, détruite une nouvelle fois en septembre après avoir été reconstruite quelques mois plus tôt, et la vieille chapelle située dans l’enceinte de l’Eglise des Saints Martyrs de l’Ouganda.  Ces initiatives ont été soutenues par les nations Unies, qui ont encadré des activités de plaidoyers en faveur de la réconciliation et ont mobilisé des moyens matériels pour la réhabilitation des bâtiments endommagés.
La chapelle sera transformée en salle polyvalente et servira d’espace multimédia, de salle  de rencontres ou d’activités récréatives au bénéfice de tous les jeunes du quartier de toutes les confessions.
Une visite des lieux a été organisée sur place le 24 avril 2016, pour la journée dédiée à la cohésion sociale. Le comité de reconstruction a initié des activités de plaidoyer et de sensibilisation des consciences sur le bien-fondé du vivre-ensemble, mais aussi de mobilisation de moyens matériels pour que soit restaurée la cohésion sociale à Lakouanga.
Plusieurs personnalités ont participé à cette visite dont la ministre des Affaires sociales et de la Réconciliation nationale, Virginie Baikoua, et la maire du deuxième arrondissement de Bangui, Micheline Teteya. Etaient aussi présents, des partenaires internationaux dont plusieurs représentants de la MINUSCA, le chef de la police de la MINUSCA, le commissaire Luiz Carrilho, le chef du bureau de Bangui, Fred Babi,  ainsi que des membres de la police communautaire et du réseau des femmes de la MINUSCA.
Cette journée a donné lieu à d’autres célébrations dans le pays, marquées par des activités sportives ou de plaidoyer autour du vivre-ensemble. Ainsi à Berberati, chef de lieu de la province de Mambere Kadei, à l’ouest, où l’évêque de la ville et l’Imam de Carnot ont participé, avec les autorités locales a des activités de sensibilisation à la cohésion sociale organisée par un collectif d’ex- « anti-Balaka ».
Plusieurs efforts de médiation et de consolidation du rapprochement intercommunautaire sont régulièrement initiés ou soutenus la Mission de paix, comme récemment la réouverture de l'accès au cimetière musulman de Boeing, fermé à la communauté musulmane de Bangui durant toute la crise.