Des femmes au volant de grands bus de la MINUSCA

9 mar 2021

Des femmes au volant de grands bus de la MINUSCA

Maria KABATANYA

Dans son effort de promotion de l'égalité des sexes au sein de son personnel, la MINUSCA, via sa section des transports, emploie sept femmes sur un total de 44 chauffeurs de navettes, un domaine naguère exclusivement réservé aux les hommes. A bien des égards, il ‘s’agit d’un engagement bien particulier au service de la paix et de la sécurité. Alors qu’est célébrée, le 8 mars 2021, la Journée internationale de la femme (JIF), ces pionnières ont accepté de raconter leur parcours professionnel, souvent fait de courage et d’abnégation.

 « Quand j'étais encore à la maison et au chômage, je me suis demandée ce que je voulais faire et ce que je savais bien faire. Pour bien faire un travail, il faut d'abord aimer ce que l'on fait et ensuite être soutenu par ce qui nous entoure, alors je me suis dit : je conduis très bien, alors pourquoi ne pas faire de la conduite un métier ? C'est alors que j'ai postulé pour un poste de chauffeur », se souvient Yolande Mazima Yasseko pour qui le choix de devenir chauffeur s'est fait naturellement. Le fait que son superviseur ait apprécié qu'elle fasse partie de cette équipe, auparavant strictement masculine, a renforcé sa confiance dans sa nouvelle profession. Depuis, elle s’y adonne à cœur joie.

Comme leurs homologues masculins, les femmes chauffeurs transportent le personnel de la MINUSCA entre les différentes bases de l'ONU, leurs zones d’intervention professionnelles et leurs résidences et à travers Bangui, dans un contexte sécuritaire parfois fragile.

De manière significative, elles contribuent au travail quotidien de consolidation de la paix en utilisant leurs compétences pour faire avancer la mise en œuvre du mandat de la Mission en matière de ‘’Femmes, Paix et Sécurité (FPS), qui reconnaît que la participation des femmes à la paix et aux processus politiques est impérative pour parvenir à une paix durable.

« Les grands bus étaient particulièrement difficiles à manœuvrer lorsque nous avions commencé à nous former comme chauffeurs de la Mission », explique une autre conductrice, Laurelle Voco Kouzoudet, soulignant qu’« Il a fallu six mois de formation intensive pour pouvoir acquérir l'expertise professionnelle requise ».

Malgré le succès au volant, ce n'est pas toujours facile

Selon Olivia Mouno Koisset, « il y a de nombreux obstacles, comme l'absence de signalisation prioritaire sur les routes de Bangui, ou le fait que de nombreux chauffeurs de taxi motos ne respectent pas les règles de circulation prioritaire.  Il y a donc risque de nombreux accidents si vous n'êtes pas prudent ou vigilant ». Elles doivent également s'assurer que leurs passagers respectent les mesures préventives contre la propagation du Covid-19 mises en place par le gouvernement centrafricain et soutenues par la MINUSCA : éloignement social, utilisation de gel hydroalcoolique et port obligatoire de masques dans le bus.

En célébrant la Journée internationale de la femme, ces jeunes conductrices, autonomes dans leur vie professionnelle, réfléchissent également à leurs ambitions individuelles, ainsi qu'à la promotion collective des femmes. « Mon objectif, à l’occasion de cette journée, est d'encourager d'autres femmes à envisager de rejoindre notre profession ; pour ma part, mon but est de faire progresser ma carrière de conductrice », fait valoir Yolande Mazima Yasseko.

Vanessa Feizoure Komboy se dit, quant à elle, fière de savoir que sa réussite contribue à changer les attitudes sur les rôles des hommes et des femmes. « Il y a beaucoup de gens qui doutaient de nos capacités. Maintenant, c'est à leur tour d'être fiers de nous, parce que nous n'avons pas abandonné ». C’est grâce au soutien d’un mentor professionnel féminin au sein de la Mission qu’elles ont réussi à relever le défi, ignorant les propos décourageants disant que la conduite automobile n’était réservée qu’aux hommes.

« En matière d'égalité des sexes, tout travail effectué par des hommes peut aussi l’être par des femmes. Il reste cependant beaucoup de chemin à parcourir, car de nombreuses femmes doutent encore de leurs capacités ou de leur savoir-faire dans plusieurs domaines », note Christelle Doyemet. Elle profite de la journée pour « rappeler que les femmes et les hommes sont égaux ; ce que les hommes peuvent faire, les femmes le peuvent également. Avant, il n'y avait que des hommes qui conduisaient, mais maintenant, il y a beaucoup de femmes qui conduisent, alors j'encourage les autres à suivre nos traces », dit-elle, faisant ainsi écho au thème de la JIF 2021, qui est d’"Investir dans la consolidation de la paix et l'égalité des sexes pour l'autonomisation des femmes dans le contexte de Covid-19".

Dans son message à cette occasion, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a souligné que « dans un monde dominé par les hommes et une culture dominée par les hommes, l'égalité des sexes est essentiellement une question de pouvoir. Les hommes sont une partie essentielle de la solution », tout en appelant « les pays, les entreprises et les institutions à adopter des mesures spéciales et des quotas pour faire progresser la participation égale des femmes et obtenir des changements rapides ».

Un nouveau plaidoyer dans lequel il rappelle à la conscience collective que la construction d'un avenir égal pour les hommes et les femmes est « un travail pour tous - et au profit de tous ».