Construire les bases des Casques bleus de la MINUSCA à l’aide d’infrastructures durables
Le 9 octobre 2017, la MINUSCA a procédé à la remise symbolique des premiers bâtiments à parois solides au bataillon égyptien basé au Camp Fidèle, dans le 1er arrondissement de Bangui.
Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUSCA, Monsieur Parfait Onanga-Anyanga, qui a officiellement procédé à l’inauguration de ces bâtiments, avec à ses côtés le Commandant de la Force, le Général Balla Keita, et le Directeur du Service d’Appui à la Mission, Milan Trojanović, a mis en relief le bien-fondé de l'événement en ces termes: « c'est une importante occasion pour nous car, comme vous le savez, le contingent égyptien est parmi les premiers déployés au sein de la MINUSCA ; et c’est le devoir et la responsabilité de la Mission de s’assurer que nos troupes vivent dans des conditions décentes».
Le Chef de la MINUSCA de faire valoir que « le moral des troupes est important ; ils font un travail difficile, leur sacrifice étant énorme pour la paix et stabilité du pays ». Puis il a encouragé les Casques bleus à redoubler d'abnégation dans leurs tâches.
Sur le site subsistent encore les vieilles tentes ayant, trois années quasiment, servi d’abris aux Casques bleus égyptiens. Bientôt, l’entièreté du contingent égyptien, mais aussi de l’Unité Mauritanienne de Police constituée pourront progressivement intégrer ces bâtiments en construction.
À en croire le chef de la Section d’ingénierie de la MINUSCA, Prakash Neupane, « le projet de construction de bâtiments à parois solides est mis en œuvre, principalement pour le personnel en uniforme, non seulement à Bangui mais aussi dans les régions (Bouar, Bambari et Damara…) les travaux sont réalisés avec les matériaux locaux, certains dans le cadre de l'initiative projet Jeunes à risque, et autres par entrepreneurs internationaux et avec l’expertise interne de la MINUSCA ».
Les quatre bâtiments remis au bataillon égyptien sont les premiers d’un total de 214 devant être réalisés à divers endroits du pays. Outre à Bangui, sont en cours de construction des bâtiments à Sibut et à Bangassou par l’entrepreneur pour les contingents Burundais et Marocain et par Jeunes à risques à Bouar, Bambari et Damara respectivement pour les contingents camerounais, congolais et burundais. Une trentaine de bâtiments en cours de construction, sont à un stade avancé et seront occupés au fur et à mesure de leur achèvement.
Les bâtiments construits par les Jeunes à risques l’ont été grâce à la technologie Hydraform,importée d’Afrique du Sud. Avec une capacité de production quotidienne de 1.200 briques par jour par machine, cette technologie permet de produire des briques stabilisées et autobloquantes, avec la latérite de la localité où l’on se trouve.
Le Camp Fidèle ainsi que d’autres sites emploient quelque 880 des Jeunes à risque, dont 222 femmes (25.22%), lesquels effectuent divers travaux allant de la maçonnerie, du ferraillage, de la menuiserie, de la soudure, du briquetage, du carrelage, de la peintre, en passant par l’utilisation d’engins lourds etc.
Parmi eux, Jimi qui, trois mois après son recrutement, sait manier tracteurs, compacteurs et vibreurs. Un rêve devenu réalité pour ce trentenaire qui se voit ingénieur dans quelques années. Jimi en profite pour lancer un message à l’égard de la jeunesse qu’il invite à redoubler d’efforts dans la recherche d’un emploi, car « le travail apporte non seulement de l’argent mais éloigne de l’oisiveté et de ses conséquences ».
Aicha, la vingtaine, y est depuis quatre mois, travaillant comme ferrailleuse ; une connaissance que cette ex–revendeuse de friandises dit avoir acquise sur place. Aicha ne cache pas sa joie de pouvoir désormais gagner sa vie et plaide en faveur du travail des femmes, surtout pour leur indépendance financière et autonomisation. Mais au-delà, c’est bien de son certificat dont elle est, aujourd’hui, plus fière tant il est vrai que cela lui ouvre déjà des portes d’autres chantiers.
Aide-maçon depuis quelque trois mois, Rodrigue, candidat malheureux au baccalauréat à deux reprises, affirme avoir appris énormément en techniques de construction: « Je sais poser les briques pour monter un bâtiment ; je fais aussi un peu de ferraillage. Disons que je touche à tout». À la question de savoir comment il s’est retrouvé sur ce site, Rodrigue raconte :« à cause de la crise, c’est devenu très difficile pour mes parents de payer les frais scolaires ; je me suis mis à la recherche d’un emploi. Aujourd’hui, je suis content, parce qu’avec l'argent que je gagne ici, je fais un peu d’économie pour préparer mon avenir ».
Rodrigue reconnait par ailleurs que « c'est bien de bénéficier du soutien des étrangers, mais nous devons aussi apporter notre contribution, et c’est par le travail que nous y parviendrons, non par les armes. La Centrafrique est notre pays, et on a assez souffert. Il faut que nous travaillions pour pouvoir sortir de la crise ».
Rodrigue et ses concitoyens n’en sont peut-être pas encore conscients, mais leurs efforts s’inscrivent déjà dans la construction de cet avenir unanimement souhaité, tant il est vrai que ces bâtiments resteront au pays lorsque la MINUSCA achèvera son mandat. Et c’est aussi cela qui a guidé la Mission dans son choix : transmettre un savoir-faire et léguer des infrastructures durables. En attendant, ces jeunes, issus de diverses communautés, expérimentent la joie de travailler en harmonie sur le même site. Au nom de la cohésion sociale.