La Maison d’arrêt de Paoua, un symbole d’appui de la MINUSCA au retour de l’autorité de l’Etat

1 juil 2021

La Maison d’arrêt de Paoua, un symbole d’appui de la MINUSCA au retour de l’autorité de l’Etat

Par Noam Assouline

A Paoua, la mise en œuvre du mandat dont fait partie l’appui au retour de l’autorité l’Etat, passe aussi par la case prison. La MINUSCA, à travers sa composante judiciaire et pénitentiaire du bureau de régional de Paoua, travaille sans relâche dans un appui multiforme à la maison d’arrêt et de correction de la Sous-Préfecture.

La prison se situe entre la résidence du sous-préfet et le Tribunal de Grand Instance, réhabilitée par la MINUSCA dans le cadre d’un projet à impact rapide (QIP), et l’on est surpris du fait qu’elle ne soit pas entourée d’un mur d’enceinte, mais plutôt de larges manguiers qui balisent la parcelle, créant une barrière symbolique que personne ne traverse, pour entrer ou sortir. C’est au travers d’un plaidoyer des agents pénitentiaires que ce projet est en cours de réalisation, il en va de la sécurité des citoyens mais aussi des détenus. En effet, la contribution quotidienne des officiers pénitentiaires, Alain Ella Zang et Donatien Goro ont pour résultat direct la réduction des évasions des détenus à travers un encadrement efficace des stagiaires et des conseils techniques appropriés au Régisseur afin d’appuyer la mise en œuvre de la politique pénitentiaire centrafricaine. Comme le rappelle Alain Ella Zang, « cela passe par la modernisation des installations, et nous développons des activités pour les détenus pour une préparation à la réinsertion sociale ».

Depuis leur arrivée à Paoua, en juin 2020, les administrateurs des prisons de la MINUSCA s’investissent au-delà de leurs fonctions afin de veiller à ce que le droit international, au travers des Règlements de Mandela, (ensemble de règles minima pour le traitement des détenus), soient aussi appliqués dans les geôles centrafricaines. Pour Donatien Goro, ses fonctions sont très éloignées de l’image caricatural internationalement véhiculé du « maton » qui brime les prisonniers. « Notre mission est avant tout sociale.  Par exemple, chaque matin, aux aurores, nous alimentons en eau la maison d’arrêt qui n’a pas encore de point d’eau. En l’espace d’un an, c’est près de 50,000 litres d’eau que nous avons fournis en remplissant nous-même, avant l’arrivée des stagiaires, des jerricans ». Cette année, 15 millions de Francs CFA ont été débloqués pour un QIP qui permettra la création entre autres d’un forage qui rendrait autonome la maison d’arrêt et la réfection des latrines.

La question de la santé et l’hygiène en univers carcéral, surtout en période de pandémie de covid-19, est primordiale. La promiscuité dans les cellules collectives ne permettant pas le maintien total des mesures barrières ; ce qui a poussé les agents de la MINUSCA à très rapidement mettre à la disposition de la prison du matériel de riposte (masque réutilisable, lave-mains, etc.) accompagné d’une sensibilisation régulière. Un plaidoyer auprès de l’hôpital de district a permis de rendre prioritaire les 12 détenus et leurs gardiens afin qu’une première dose du vaccin leur soit administrée, chose faite la semaine dernière. C’est au travers d’un plaidoyer précédent que les détenus bénéficient de médicaments mais aussi d’une visite médicale trois fois par semaine. Alain Ella Zang tient à faire remarquer que « notre fonction consiste à veiller au bien-être des détenus. Avant notre arrivée, ils n’avaient littéralement pas accès au soin, et c’est grâce au plaidoyer et contacts multiples que nous avons noué à Paoua que nous sommes arrivés à un résultat concret et positif ».

Pour le régisseur de la Prison, Benoit Timpaye, l’appui est vital au bon fonctionnement de la prison. Occasion pour lui d’attirer l’attention sur les projets de réinsertions sociales. « Mes détenus sont amenés à la fin de leurs temps derrière les barreaux à retourner dans la société. La MINUSCA nous a permis de commencer un programme d’alphabétisation qui va donner aux dix hommes et une femme sous ma responsabilités les rudiments de la lecture, de l’écriture et même du calcul. Le terrain de la prison nous sert d’espace de culture potagère. Les détenus pourront ainsi être formés aux techniques maraichères rudimentaires afin de gagner une autonomie rapide dès leurs libérations ». 

Il faut enfin noter que sur les douze détenus actuellement dans la maison d’arrêt, neuf sont des prévenus en attente de jugement. L’arrivée du juge et du procureur est en cela un pas positif en faveur de la justice à Paoua.