Bambari : Une centaine de leaders communautaires formés au traitement judiciaire des pratiques de charlatanisme et de sorcellerie
Dans le cadre de la relance de l’appareil judiciaire à Bambari, la MINUSCA a réhabilité plusieurs infrastructures judiciaires et appuyé le redéploiement des magistrats du TGI et de la Cour d’appel. Ces actions, conjuguées avec le retour de la sécurité dans la ville, ont permis la reprise des audiences correctionnelles au TGI. À l’issue de ces audiences et des monitoring effectués antérieurement au niveau de la police judiciaire et du paquet, il a été relevé plusieurs cas d’accusation de pratiques de charlatanisme et sorcellerie, à l’encontre de personnes vulnérables, souvent des femmes âgées et des enfants mineurs.
Afin de sensibiliser les leaders communautaires sur le traitement réservé par la justice aux pratiques de charlatanisme et de sorcellerie, une causerie-débat s’est tenue, ce lundi 11 septembre 2017 au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Bambari. Près d’une centaine de représentants des communautés dont des leaders religieux, chefs de groupes, coordonnateurs de sites de déplacés, et autres associations de la société civile ont pris part a cette rencontre animée par le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Bambari, Eric Tandjio.
D’emblée, le magistrat a rappelé les dispositions de la législation centrafricaine qui sanctionnent les pratiques de charlatanisme et de sorcellerie. « Le code pénal centrafricain, en ses articles 149 et 150, réprime le charlatanisme et la sorcellerie susceptibles de trouble à l’ordre public ou de porter atteinte aux personnes ou à la propriété», a expliqué le Procureur Tandjio, tout en insistant sur le fait qu’il revient aux accusateurs d’apporter des preuves formelles des accusations portées contre les présumés auteurs de sorcellerie. « Si vous accusez des personnes de s’adonner à de telles pratiques, saisissez impérativement la gendarmerie, mais apportez surtout des éléments de preuves afin d’étayer vos accusations, sinon les personnes incriminées seront relaxées faute de preuve». Pour justifier ses explications, le magistrat s’est appuyé sur les dernières audiences correctionnelles organisées au TGI de Bambari. « Tous les cas supposés de charlatanisme et de sorcellerie entendus récemment par le Tribunal se sont soldés par des acquittements parce que ni victime, ni témoin ne s’étaient présentés pour soutenir les accusations, mais en plus, ces accusations ne reposaient sur aucune base solide, ne servant manifestement qu’a régler des comptes ou à se débarrasser de personnes indésirables », a déploré le Procureur.
Sur la question des fausses accusations, l’Avocat General près la Cour d’appel de Bambari, Ngingandji Théophile, s’est, quant à lui, voulu formel dans son introduction de la session de sensibilisation « Les dénonciations calomnieuses sont passibles de poursuites judiciaires et punissables d’une peine de 5 ans selon l’article 131 du code pénal centrafricain. »
D’où l’intérêt, selon le maire de Bambari, Abel Matchipata, d’intensifier la sensibilisation auprès des leaders communautaires et des populations en général afin de « lutter contre le lynchage et les exécutions extra-judiciaires et d’inciter les populations à recourir à la justice face aux pratiques de sorcellerie dont elles seraient victimes ». Aux leaders communautaires, la Cheffe par intérim du bureau MINUSCA de Bambari, Fidélité Npiroranya, a souhaité plus d’implication et de pédagogie auprès de leurs communautés. « Parce que plusieurs cas de pratiques de charlatanisme et de sorcellerie vous sont soumis avant d’être référés aux autorités judiciaires, je vous exhorte à vous imprégner des dispositions légales encadrant la répression des pratiques de sorcellerie et de charlatanisme et à les relayer auprès de vos communautés respectives afin de réduire les multiples cas d’accusations », a-t-elle conseillé.
Il est à noter que cette causerie-débat a été initiée par la section Justice du bureau de la MINUSCA de Bambari en collaboration avec le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Bambari.