D'anciens membres des groupes d'autodéfense du Pk5 à l'école de l'éducation électorale 

22 déc 2020

D'anciens membres des groupes d'autodéfense du Pk5 à l'école de l'éducation électorale 

Maria kabatanya et Deubalbet Wewaye

En prenant les armes pour avoir le changement, les membres des groupes d’autodéfense avaient certainement cru bien faire. Aujourd’hui, ils ont opté pour le développement par la voie des urnes, et ce, grâce à un atelier déducation civique sur les élections, organisé par la Section du Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR), la Division électorale de la MINUSCA, l'UNOPS et l'Autorité nationale des élections (ANE), du 14 au 17 décembre 2020 à Bangui.

L'éducation civique pour des élections pacifiques était au cœur des sessions ciblant 600 bénéficiaires du programme de réduction de la violence communautaire (CVR), dont 400 anciens membres des groupes d'autodéfense, parmi lesquels on compte 267 femmes. Ont aussi pris part à cette formation, 200 membres de la communauté, du quartier PK5, dans le 3e arrondissement de la capitale, un point chaud de la ville, théâtre d’affrontements entre divers groupes par le passé.

C’est la troupe théâtrale Polele Ti-Be Afrika qui a donné le ton de la formation, à travers un sketch comique pour raconter l'histoire d'un jeune homme mécontent qui demande à sa communauté de boycotter les élections pour protester contre l’invalidation de sa candidature pour ne pas avoir satisfait aux conditions d'éligibilité. Ses pairs sont en désaccord avec lui et appellent au respect du processus électoral afin que la paix revienne en République centrafricaine. Par des chants et de la danse, ils ont dénoncé le cycle de coup d'État qui a paralysé le pays et salué les processus électoraux pacifiques et démocratiques pour la paix. 

Pour le Directeur de la communication de l'ANE, Albert Mbaya, l'objectif était d’« éduquer les anciens combattants sur leurs droits et devoirs en tant que citoyens ».

Plusieurs thèmes ont été présentés par les experts de l’ANE : pourquoi voter, les causes et la prévention de la violence électorale, les règles et règlements des élections.

Zephyrin Kaya, formateur en éducation civique, a animé une rubrique sur le code pénal électoral, explorant les 52 violations de la loi de 2019 sur le code électoral centrafricain. « Il est important que le public connaisse les sanctions applicables aux violations liées aux élections pour éviter de tomber dans des pièges judiciaires comme voter deux fois ou voter avec la carte de quelqu'un dautre », a-t-il déclaré.

Les participants ont en outre été mis en garde contre d'autres actes illégaux tels que porter des armes ou consommer de l'alcool dans les locaux de vote, menacer les agents électoraux ou intimider d'autres électeurs.

Moussa Hassabarassoul, Coordinateur du Comité Local PK5 pour la Paix, a exhorté les participants à se méfier des manipulations pendant les campagnes électorales. « Nous voulons faire partie du processus électoral et de l'Accord politique pour la paix et la réconciliation de manière significative. Sans paix, rien ne peut être fait », a-t-il déclaré.

Les sessions d'éducation civique font partie d'un module de formation pratique de trois mois pour les bénéficiaires du programme CVR afin de faciliter leur transition de combattant à civil, en plus de la formation dans divers métiers de leur choix, dont la mécanique, la conduite, l'informatique et le commerce.

Perline Sendoya, une bénéficiaire du CVR, n'avait pas prévu de voter, déplorant que les élections passées n'aient rien changé pour elle. Cette formation a suscité en elle un changement d’avis : « Jai été encouragée à exercer mon devoir civique et à participer au vote, non pas à choisir une personne mais plutôt pour la manière dont les candidats aideront à développer notre pays».  De nouvelles connaissances qu'elle va transmettre à sa communauté.