En RCA, les attaques sur la route reliant au Cameroun perturbent l’acheminement de l’aide humanitaire

25 jan 2021

En RCA, les attaques sur la route reliant au Cameroun perturbent l’acheminement de l’aide humanitaire

ONU Info

Les Nations Unies ont condamné, mercredi, les attaques de groupes armés en République centrafricaine (RCA) sur la principale route d’approvisionnement humanitaire et commercial reliant la capitale Bangui au port le plus proche au Cameroun.

La MSR1 est la principale route reliant Bangui au port de Douala, au Cameroun, situé à 1.400 kilomètres à l’ouest de la capitale centrafricaine. Cette route vitale pour l’acheminement de l’aide humanitaire et des marchandises est régulièrement attaquée à plusieurs endroits par des groupes armés.


Le 18 janvier, un convoi de camions humanitaires et commerciaux a été attaqué par des éléments armés près de Zoukombo, dans la préfecture de Nana-Mambere (ouest de la RCA) près de la frontière camerounaise. Trois chauffeurs de camion ont été blessés dans cette attaque et sont actuellement soignés à l’hôpital de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) à Bouar (435 kilomètres au nord-ouest de Bangui).

La Coordonnatrice humanitaire en RCA, Denise Brown, et la MINUSCA ont fermement condamné cette dernière attaque. La mission onusienne a dénoncé la « tentative d’asphyxie » de Bangui par des groupes armés, soulignant que ces derniers porteraient la responsabilité du « drame social et humanitaire » que pourrait subir la population centrafricaine.

« Les attaques contre les convois commerciaux par les anti-Balaka, le 3R, le MPC et l’UPC, et leurs alliés politiques dont l’ancien président Bozizé, pourraient rendre impossible la disponibilité et l’accessibilité aux biens alimentaires, aux médicaments et à d’autres produits essentiels au fonctionnement des services publics tels que les hôpitaux », a alerté le porte-parole de la MINUSCA, Vladimir Monteiro, lors d’un point de presse mercredi. 

« Par conséquent, ces groupes armés et leurs alliés politiques sont responsables de violations graves du droit international humanitaire ainsi que des droits de l’homme consacrés dans les instruments internationaux et nationaux, notamment les Conventions de Genève de 1949 et la Constitution de la République centrafricaine », a précisé M. Monteiro. 

500 camions transportant de l’aide humanitaire bloqués à la frontière camerounaise

Les attaques qui perturbent la circulation sur la route MSR1 empêchent la livraison sûre et à temps de l'aide humanitaire vitale, mais aussi des marchandises commerciales depuis le Cameroun.

La Force de la MINUSCA a fait de la réouverture de l’axe routier reliant Béloko (ville frontalière du Cameroun) à Bangui (48 kilomètres) une priorité pour permettre la reprise des convois.

« La Force se tient prête - comme elle l’a fait pour les 90 camions bloqués à Bangui - à assurer la sécurité sur l’axe, en liaison avec les forces de défense et de sécurité centrafricaines », a précisé son porte-parole, le Lieutenant-Colonel Abdoul-Aziz Fall, soulignant toutefois que la menace des groupes armés persiste.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), plus de 1.600 camions sont bloqués à la frontière avec le Cameroun. 500 de ces véhicules transportent des fournitures humanitaires de l’ONU et de ses partenaires, telles que de la nourriture, des médicaments et des articles non alimentaires.

La perturbation des approvisionnements routiers vers et à l'intérieur de la RCA a entraîné des flambées significatives des prix des denrées alimentaires des produits importés et produits localement à travers le pays. Pendant ce temps, plus d'un tiers de la population centrafricaine, 1,9 million de personnes, est confrontée à des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë.

OCHA estime que 2,8 millions de personnes - plus de la moitié de la population de la RCA - auront besoin d'une aide et protection humanitaires en 2021.

Les tensions et violences qui visaient à perturber le processus électoral et les élections du 27 décembre dernier ont provoqué le déplacement de près de 200.000 personnes à l'intérieur du pays. Environ la moitié sont rentrées depuis, a précisé le bureau de coordination humanitaire onusien.