Fabriquer des briques pour renforcer la cohésion sociale au quartier Sara à Bangui

18 avr 2016

Fabriquer des briques pour renforcer la cohésion sociale au quartier Sara à Bangui

Nombreux sont les arrondissements de Bangui, à l’instar d’autres localités du pays, qui gardent les stigmates des récents conflits intercommunautaires ayant ébranlé la RCA. Par endroits, en effet, des habitations partiellement ou totalement détruites, conséquence de cette période peu glorieuse que moult initiatives nationales tentent tant bien que mal d’atténuer avec l’appui de partenaires internationaux pour que soit restaurée la cohésion sociale si indispensable au redressement du pays.
 
L’initiative de fabrication des briques au quartier Sara, dans le 3eme arrondissement de Bangui, dont le lancement officiel a eu lieu le vendredi 15 avril, s’inscrit dans ce cadre. Une action initiée par MINUSCA, à travers sa section des Affaires politiques, destinée à reconstruire les habitations détruites dans ce quartier au plus fort de la crise.
Son lancement a vu la présence du député Henri Tago, de l’officier des affaires politiques de la MINUSCA, Sayed Awad, et du Commandant du 3e contingent du bataillon rwandais de la MINUSCA, le lieutenant-colonel Claver Kirenga, entre autres.
 
Ce projet a été initié par le 3e bataillon rwandais de la MINUSCA, dont le 3e arrondissement constitue la zone de responsabilité.  La MINUSCA a acheté quatre machines de fabrication de briques tandis que  le bataillon indonésien de Genie a pourvu le projet en argile.  Avec ce projet pilote, il sera construit 12 maisons (six pour les chrétiens et six pour les musulmans). Pendant les trois mois que durera la fabrication de briques, 50 personnes de toutes confessions (25 femmes et 25 hommes)  mobilisés dans la construction, auront chacun droit à 2.500 francs CFA par jour. Après 10 jours,  sera mise sur pied une nouvelle équipe, dans une démarche rotative qui permettra de fournir de l’emploi au plus grand nombre possible. 
 
« Ce projet est un acte de cohésion sociale entre musulmans et chrétiens », souligne l’officier de liaison au 3e bataillon rwandais de la MINUSCA, le Major Gaëtan Semucyo, selon qui  c’est un palliatif contre l’insécurité dans la zone de l’aéroport de M’poko. « Nous avons constaté que les déplacés en provenance de Sara restent plus longtemps aux alentours de l’aéroport de M’Poko ».
 
Lors de cette cérémonie, des musulmans natifs de Sara, aujourd’hui déplacés à la Mosquée centrale du PK5, étaient présents. C’est le cas d’Awa Hassan qui n’était pas retournée dans son quartier natal depuis le 5 décembre 2013, date à laquelle elle a fui son quartier a cause du conflit qui y sevissait. Cette quadragénaire souhaite une cohésion sociale véritable : « Nous avons tant souffert, tout perdu lors de la crise. L’avenir de nos enfants est en jeu ; certains ont abandonné leurs études, d’autres ont attrapé diverses maladies… »
 
Alain Feidanga, de confession chrétienne, est, lui, resté au quartier : « Cette guerre nous a appris tant de choses. Nous vivons avec une extrême souffrance, la pauvreté et d’autres maux. » Et de souhaiter que les Centrafricains cessent de s’entretuer « pour rien. » S’agissant du projet de fabrication des briques, Alain Feidanga a plaidé en faveur de plus d’assistance de la MINUSCA, notamment en tôles. 
 
Quant à l’officier des affaires politiques de la MINUSCA, il a invité musulmans et chrétiens du quartier Sara à travailler ensemble dans le cadre de ce projet qui vise « la réconciliation et la cohésion sociale. » Sayed Awad leur a aussi demandé de penser également à la construction des Mosquées et des églises détruites lors de la crise, dans le but d’aider les nouvelles autorités centrafricaines à réconcilier toutes les couches sociales. Il dira que ce projet pilote sera étendu aux huit arrondissements de Bangui.
 
Natif du quartier Sara, le député Henri Tago souhaite que ce projet soit l’élément moteur du retour des déplacés après la reconstruction de leurs maisons, remerciant, par la même, la MINUSCA pour cette action et appelant ses compatriotes à la réconciliation véritable.