20 avr
2016
L’Assistant communautaire dans le dispositif de protection des civils
Narcisse Gervais Mbassinga est un assistant communautaire ; il opère depuis 2015 dans la Niem Yelewa dans la sous-préfecture de Bouar. Narcisse Mbassinga est parvenu à la section des Affaires civiles de la MINUSCA après avoir parcouru plusieurs ONG humanitaires en tant que conseiller en développement local. Dans la Niem Yelewa il est, entre plusieurs autres responsabilités, chargé de la collecte et du partage de l'information sur les questions de protection entre les contingents de la MINUSCA, les autorités locales, les communautés et la société civile, de faciliter la mise en place des réseaux de communication avec les communautés locales, y compris des mécanismes d'alerte précoce, de participer à des visites de terrain et de prendre part à des patrouilles de la MINUSCA. Son rôle ne s’arrête pas là ; ses journées commencent généralement par la confection de Plans de Protection Communautaire (PPC) en étroite collaboration avec les Commandants de la base opérationnelle de proximité (Commander of the close operating base (COB) et de la base opérationnelle temporaire (Commander of the Temporary operating base (TOB) de la Force, de même que les membres de la communauté. Une action menée en liaison avec la section des Affaires civiles, dans l’objectif du renforcement de la vigilance et de la réactivité face aux menaces sécuritaires.
Comme Narcisse, 23 autres Assistants de liaison communautaires, participent depuis juin 2015 à cette importante entité de veille sécuritaire tel que conçue par les Affaires civiles. Ils ont été formés à la protection des civils par différentes sections de la Mission mais aussi, à travers différents modules, par des agences spécialisées du système des Nations Unies.
Ces 24 premières recrues ont été réparties comme suit : quatre dans la zone de Bangui et 20 sur le terrain, à l’intérieur du pays. Leur rôle, après une analyse minutieuse du conflit est, entre autres, de pouvoir identifier les besoins des civils en termes de protection et de proposer les réponses les plus adaptées. La collaboration des populations avec la MINUSCA, la compréhension du mandat de celle-ci par les premières, la facilitation des patrouilles mixtes au cours desquelles la Force de la MINUSCA interagit avec la population, participent aussi des prérogatives de ces Assistants de liaison communautaires.
Isabelle Malizokama, Assistante communautaire dans le 4eme arrondissement de Bangui, illustre l’importance de l’interaction entre agents de liaison communautaire et la Force de la MINUSCA : « Au cours des évènements de septembre, notre système d’alerte nous a informé le 26 que les anti balakas se dirigeaient vers le site du Programme Alimentaire Mondial (PAM) vers la Station essence du IVème arrondissement. Nous avons pu donner l’alerte et avons évité des affrontements qui auraient pu faire de nombreux morts. »
Les Assistants de Liaison communautaire constituent donc un pont entre la Communauté et la MINUSCA ; ils sont une équipe de fonctionnaires nationaux et font le lien entre le personnel militaire et les communautés notamment par le truchement du réseau d’Alerte Communautaire, Communauty Alert Network (CAN) en anglais, qui est un système d’alerte instantané qui remonte à la MINUSCA et peut donc, dans un délai bref, mobiliser les différentes forces d’intervention qu’elles soient de la Force de la MINUSCA ou des Forces de sécurité intérieure.
L’efficacité de cette équipe repose sur un triptyque à savoir, la Langue, la Proximité et la Confiance.
C’est un corps d’immersion dans une société a priori méfiante et qui est plus encline à collaborer dans un contexte de communauté de langue et de proximité (les agents sont généralement de la zone ou du quartier dans lequel ils agissent), double paramètre qui crée le facteur confiance.
Les Assistants de Liaison Communautaires sont actuellement déployés dans des zones identifiées prioritaires, notamment Bangui, Kaga-Bandoro, Bria, Bambari, Berberati, Bouar, Bossangoa. Leur action de veille et d’alerte en l’occurrence par le truchement des CAN, a permis de sauver des vies et d’éviter des massacres de civils à grande échelle.
Ceci est incontestablement à l’actif de la MINUSCA qui, par sa section des Affaires civiles, construit avec le personnel en uniforme des capacités de coordination qui facilitent, en temps réel, le partage d’informations critiques. Ainsi, par ailleurs, se renforce-t-il des dynamiques locales de paix qui font progresser la cause de la cohésion sociale.
Mais l’action des Assistants communautaires n’est pas que sécuritaire ; elle peut s’avérer plus concrète sur le terrain ; Isabelle Malizokama, très rompue aux questions de protection des civils et qui a une longue expérience dans le domaine humanitaire, nous informe sur la gestion des déchets solides qu’elle contribue à opérer dans son arrondissement. Une façon d’être plus aux prises avec le vécu quotidien des populations.
Au demeurant, les ALC sensibilisent les populations sur divers volets du mandat de la MINUSCA en la matière, si mal compris des populations : protéger les civils, restaurer et étendre l’autorité de l’état. Narcisse Mbassinga, a accentué des séances de dialogue communautaire et de sensibilisation sur le mandat de la MINUSCA lors des patouilles mixte (Force/ALC) avec la population principalement à Yelewa, Ndongue Douane, Pakam, Douhiya, Bekoni Babayamsa, Bogbatoyo, Zo kwe zo, Kpockwan1, Sabewa, Service kollo, et Niem. Cela a permis de dissiper les malentendus et les perceptions sur la partialité alléguée de la MINUSCA et a favorisé la collaboration de la population avec la Force MINUSCA.
A Bangui, Isabelle Malizokama parcourt le 4eme Arrondissement pour faire entendre aux populations la mission de la MINUSCA et son rôle dans la construction de la paix en Centrafrique.
Notons que 28 Assistants de liaison communautaire sont actuellement en cours de recrutement pour renforcer les rangs de ce puissant dispositif de veille sécuritaire et d’accompagnement social. Ils seront déployés sur le terrain d’ici au mois de mai 2016, non sans avoir vu leurs capacités dument optimisées sur la protection des civils, via divers programmes de formations.
Par leur système de veille et d’alerte sur les risques sécuritaires ; de par l’importance et la régularité des patrouilles qu’ils opèrent en concert avec la Force de la MINUSCA, du fait de l’étroit contact qu’ils ont avec les autorités locales, les leaders religieux et les populations, grâce à la synergie qu’ils forgent inlassablement avec les forces de sécurité, les Assistants de Liaison Communautaire constituent une unité essentielle dans la prévention des violences et dans le renforcement du dialogue communautaire en Centrafrique ; à ce titre, ils sont un maillon essentiel dans la chaine de construction d’une paix durable dans leur pays.