L’impérieuse nécessité de consolider les acquis de la sécurité et de la paix en RCA

31 oct 2025

L’impérieuse nécessité de consolider les acquis de la sécurité et de la paix en RCA

Uwolowulakana Ikavi

Consolider les acquis, voilà qui résume à suffisance le plaidoyer de la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la République centrafricaine et Cheffe de la MINUSCA, Valentine Rugwabiza, le 28 octobre 2025, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, alors que les discussions sur le renouvellement du mandat de la Mission sont en cours. Mais la réduction des ressources financières de l’Organisation donne à cet exercice annuel un caractère peu ordinaire, dans un contexte où les défis en République centrafricaine (RCA) demeurent aussi nombreux que variés… nonobstant des avancées tangibles.

Devant le Conseil de sécurité, le message de la Cheffe de la MINUSCA est sans ambages : « Le processus de paix a repris de l’élan et connu des progrès significatifs depuis l’accord de cessez-le-feu du 19 avril, facilité par le Tchad et signé entre le gouvernement centrafricain et les deux groupes armés les plus actifs du pays, à savoir L’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) et les Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R) ».

Des progrès sont remarquables en ce qui a trait aux opérations de désarmement et de démobilisation sous la houlette de l’Unité d’exécution du Programme national de DDR, avec le soutien technique, logistique, sécuritaire et financier de la Mission, ayant permis, depuis juillet, à plus de 700 combattants de réintégrer la vie civile dans différents endroits du pays. La dernière de la série se déroule, depuis le 29 octobre, à Noufou, dans la région de l’Équateur.

L’extension de l’autorité de l’État dans l’ensemble du pays, autre priorité de la RCA que soutient la Mission, est marquée notamment par le déploiement des autorités locales, des gouverneurs, des préfets et sous-préfets, ainsi que des éléments des Forces de défense et de sécurité intérieure centrafricaines, sans oublier la construction et la réhabilitation de bâtiments publics.

La Cheffe de la MINUSCA a aussi cité plusieurs développements positifs, tels que l’établissement du commandement conjoint entre la République centrafricaine et le Tchad pour sécuriser la frontière commune entre les deux pays, ainsi que les gains sécuritaires concrets dans plusieurs régions du centre et du nord-ouest du pays à la suite de la mise en œuvre de l’Accord du 19 avril et des opérations de désarmement et de démobilisation qui ont suivi.

Des actions, toutes déterminantes pour la RCA dans sa marche résolue vers l’enracinement de ses gains, en même temps qu’elles optimisent la protection des civils, volet clé du mandat de la Mission.

Éviter à tout prix de reculer !

Les acquis précités résultent d’efforts multiformes durement consentis. Un chemin long, tortueux et empreint de sacrifices. Et alors que le pays se prépare à des élections présidentielle, législatives, régionales et municipales prévues pour le 28 décembre 2025, la Mission a besoin de maintenir ses capacités actuelles pour ainsi pouvoir accompagner la RCA dans sa quête légitime de sortir des méandres de conflits aux lourdes conséquences.

C’est pourquoi la Mission et la RCA s’accordent pour clamer la nécessité d’avoir un mandat avec des ressources financières adéquates, car la préservation des gains sonne aujourd’hui comme une exigence si l’on veut accompagner la RCA vers sa stabilisation.

Pour y arriver, Valentine Rugwabiza compte sur le maintien du niveau actuel du mandat de la MINUSCA, soulignant que « le contexte sécuritaire et politique actuel doit éclairer les décisions sur le renouvellement du mandat ». Et pour cause, les élections « marqueront un tournant décisif pour étendre et consolider l'autorité de l'État et ancrer la stabilité institutionnelle ».

Et la Cheffe de la MINUSCA d’inviter le Gouvernement, l’Autorité nationale des élections, les institutions judiciaires et le Conseil constitutionnel à s’acquitter de leurs responsabilités respectives afin de garantir la tenue d’élections paisibles, inclusives et transparentes, et d’appeler « les partenaires à fournir d’urgence des ressources afin que les élections puissent se tenir en temps voulu », exhortant le Gouvernement, l’Autorité nationale des élections, les institutions judiciaires et le Conseil constitutionnel à s’acquitter de leurs responsabilités respectives afin de garantir des élections paisibles, inclusives et transparentes.

Des contrecoups de conflits régionaux

S’il y a des facteurs qui mettent à rude épreuve la mise en œuvre du mandat de la Mission, c’est bien le volet de la sécurisation, dont dépendent, dans une large mesure, la protection des populations civiles. Le pays est vaste de plus de 622 000 km², avec des infrastructures routières à l’état rudimentaire, faisant de la mobilité des troupes sur le terrain une véritable épreuve pour accéder aux populations vulnérables.

Le plus récent foyer qui mobilise les efforts des Casques bleus et d’autres composantes de la Mission est la Vakaga, région frontalière avec le Soudan, qui enregistre depuis plusieurs mois un afflux de déplacés et de réfugiés, avec son corollaire de défis sécuritaires et humanitaires qui décuplent la réponse de la Mission en coordination avec les acteurs humanitaires.

La République centrafricaine est à la croisée des chemins. La MINUSCA aussi. Et les avancées si durement enregistrées méritent d’être préservées, voire renforcées pour éviter de les perdre et ainsi garder vivant l’espoir de la RCA et de son peuple.