La construction du premier poste mixte frontalier de la RCA lancée à Bembéré avec le soutien de la MINUSCA

9 août 2024

La construction du premier poste mixte frontalier de la RCA lancée à Bembéré avec le soutien de la MINUSCA

Safiatou Doumbia et Vladimir Monteiro

Situé à la frontière du Tchad, Bembéré, dans la préfecture de Lim Pendé, était en fête ce jeudi 8 août 2024. Une délégation conjointe MINUSCA-Gouvernement, conduite par la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies et Cheffe de la MINUSCA, Valentine Rugwabiza, le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, Michel Nicaise Nassin et et le Ministre l’Administration du Territoire, de la Décentralisation, et du Développement Local, Bruno Yapandé, s’est rendue dans ce village de la région de Yade pour lancer la construction d’un poste mixte frontalier, financé par la MINUSCA.

« La République Centrafricaine (RCA) est aujourd’hui confrontée au défi de délimitation, de matérialisation et de réaffirmation de ses frontières. La construction et l’équipement de ce poste mixte frontalier, qui va abriter plus de huit services, est un début de solution » aux défis auxquels la RCA fait face. C’est en ces mots que le ministre de l’Administration territoriale, Bruno Yapandé, a résumé l’ouvrage dont les travaux ont été officiellement lancés ce jour avec la pose de la première pierre du poste modèle. Il comprendra une zone administrative et une zone de vie et accueillera les services de gendarmerie, police, douane, eaux et forêts, phytosanitaire et santé, pour un coût estimé à 236 550 160 de francs CFA financés par la MINUSCA à travers les fonds programmatiques de sa composante Police.

L’idée de ce projet conjoint de poste mixte frontalier est née « il y a 4 mois à travers le plan de mise en œuvre de la politique de gestion des espaces frontaliers approuvé en septembre dernier par le Président de la République Faustin Archange Touadéra », dira plus tard, en déclaration à la presse, la Représentante spéciale, Valentine Rugwabiza, rappelant le lancement des activités de la Commission Nationale en charge de la Gestion des Frontières (CNCGF) et la présentation de son plan d’action aux partenaires, le 17 avril dernier. Dans ce plan qui s’étale sur les dix prochaines années, « le poste de frontière de Bembéré est configuré comme une priorité », a ajouté Mme Rugwabiza.

Un choix important face aux problèmes qui touchent la localité, comme l’ont souligné certains intervenants durant la cérémonie. « Le choix de poste n’est pas un hasard, il y a des traversées massives des éleveurs transhumants, source de nombreux conflits entre éleveurs et agriculteurs », a indiqué le président du Comité de travail sur la transhumance (CTT), Sylver Ngbanga. La représentante de l’Organisation des femmes centrafricaines (OFCA), Rosine Zikania, a rappelé qu’à cause de « la destruction massive des champs de manioc par les troupeaux, les femmes sont privées de leur source de revenus ». De son côté, le maire de Mia Pendé, Nguétéré Elisée, a rappelé que « nos frontières faisaient la risée de nos voisins », avant de féliciter la MINUSCA pour cette initiative tout en l’invitant à faire vite. Les infrastructures seront achevées dans six mois selon les deux partenaires de mise en œuvre du projet.

En étendant l’autorité de l’état Centrafricain à travers donc ce nouveau poste frontalier, la MINUSCA espère permettre « des échanges formels, gérés et organisés qui vont permettre de contribuer aux recettes de l’Etat et aux recettes de la commune de Bembéré », a indiqué la Représentante spéciale. « Les zones frontalières doivent devenir des zones de prospérité », a-t-elle ajouté.

Un point de vue partagé par Abass Mahamat, représentant des commerçants, pour qui le projet facilitera les échanges entre les commerçants du Tchad et de Paoua. Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Michel Nicaise Nassin, a surtout mis l’accent sur l’impact du futur poste mixte frontalier de Bembéré : « Ce poste frontalier modèle qui sera construit offrira à nos autorités et forces frontalières la possibilité d’accomplir leurs tâches dans des meilleures conditions de travail et devra garantir la sécurité de nos paisibles citoyens ».