La jeunesse, acteur indispensable pour la paix durable

28 mai 2021

La jeunesse, acteur indispensable pour la paix durable

Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Lacroix

Être un Casque bleu des Nations Unies est un travail exigeant, dans des environnements complexes et dangereux. L’année qui s’est écoulée a rendu ce travail encore plus difficile, et les Casques bleus ont dû faire preuve d’encore plus de flexibilité et de résilience face aux nouveaux défis.

Depuis le début de la pandémie du COVID-19, les dizaines de milliers de femmes et d’hommes qui sont déployés dans les 12 missions de maintien de la paix de l’ONU à travers le monde se sont adaptés à cette nouvelle réalité. Pour ce faire, ils ont pris les précautions nécessaires pour se protéger contre le virus tout en veillant à limiter au maximum sa propagation. Ils ont également continué à soutenir les efforts contre le COVID-19 des pays et des communautés dans lesquels ils sont déployés, tout en poursuivant leurs autres missions vitales pour les civils et les pays où ils sont présents. Malgré le défi sans précédent de la pandémie, le maintien de la paix de l’ONU poursuit son action avec détermination.

Dans ces différentes opérations de maintien de la paix, les Casques bleus, qu’ils soient militaires, policiers ou civils, ont établi un partenariat remarquable avec les communautés locales qu’ils servent, y compris, et en particulier, en matière de collaboration avec les jeunes.

Dans plusieurs de nos pays hôtes, les jeunes forment un front uni, positif et proactif face aux défis émergents.

Pour la célébration ce 29 mai de la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies, nous avons donc choisi de mettre l’accent sur le pouvoir de la jeunesse. Le message est clair: pour que les jeunes puissent contribuer activement à la consolidation de la paix, il faut répondre à leurs besoins, encourager leur participation, amplifier leur voix et soutenir leur action.

Le maintien de la paix de l’ONU reconnaît depuis longtemps la valeur de la collaboration avec les jeunes en tant que groupe moteur au sein des sociétés. Dans les zones de conflit, ils ont une connaissance et une compréhension inestimables de leurs communautés et sont souvent des acteurs du changement.

Dans toutes nos opérations, les Casques bleus aident les jeunes à acquérir les compétences et les outils qui leur permettent de participer aux processus politiques, en promouvant la formation et en sensibilisant les autorités à l’importance de leur pleine participation.

À Chypre, nous soutenons la coopération intercommunautaire entre les jeunes et leur donnons les moyens de mettre en œuvre leurs propres campagnes environnementales.

En République centrafricaine et au Mali, nos missions ont mis en place des mécanismes permettant aux jeunes de contribuer à l’élaboration de stratégies en matière de sécurité. Dans ces deux pays, nous avons également mis l’accent sur la collaboration étroite avec les représentants des jeunes afin de favoriser leur participation aux récentes élections.

Au Soudan du Sud, l’inclusion de représentants de jeunes dans les processus de paix a contribué à renforcer les relations entre les acteurs infranationaux et nationaux. La mission de maintien de la paix des Nations Unies dans le pays, la MINUSS, travaille en étroite collaboration avec le gouvernement et d’autres partenaires pour faciliter les forums de paix qui offrent aux jeunes la possibilité de participer aux processus politiques.

En République démocratique du Congo, dans les zones où le conflit persiste, notre mission, la MONUSCO, œuvre pour apporter une aide aux jeunes qui sont les plus à risque d’être recrutés par des groupes armés, tout en leur fournissant des alternatives viables de long terme à la violence.

En même temps, les Casques bleus font front commun contre les campagnes de désinformation qui cherchent à exploiter les jeunes, parfois dans des buts de manipulation politique, et qui sapent les efforts de tous ceux qui s’investissent pour la construction d’un avenir meilleur. Ce n’est sans doute pas le travail traditionnel d’une mission de maintien de la paix, mais l’expérience nous a démontré qu’il s’agit d’un travail déterminant pour construire une paix durable.

Nous ne pourrions tout simplement pas réaliser de telles actions sans l’engagement de ceux qui représentent une majorité du personnel du maintien de la paix: les jeunes Casques bleus. Ils apportent énergie et enthousiasme au sein des opérations de paix. Ils innovent, contribuent à améliorer la performance globale des opérations et peuvent servir de modèles aux jeunes des communautés d’accueil. En fait, promouvoir la participation des jeunes, tout aussi bien au sein du maintien de la paix que dans les sociétés dans lesquelles ils sont déployés, est une dimension centrale de notre approche.

Les motivations des jeunes Casques bleu à servir au sein du maintien de la paix des Nations Unies sont multiples. Ils sont recrutés en tant que personnels civils à travers le site de carrières de l’ONUou bien en rejoignant les contingents militaires et de police des opérations de paix à partir de leurs forces armées ou policières nationales. Certains recherchent de nouvelles expériences et des leçons de vie, tandis que d’autres sont motivés par le potentiel qu’ils voient en l’ONU pour aider à promouvoir la paix et la sécurité.

Ce sont ces jeunes remarquables qui font du maintien de la paix ce qu’il est. Des jeunes comme Nanah Kamara, qui vient de Sierra Leone, et qui travaille aujourd’hui au Soudan du Sud en tant qu’officier de police des Nations Unies. Alors que son pays avait accueilli par le passé l’une des plus grandes missions de maintien de la paix au monde, cette jeune Casque bleu contribue désormais au renforcement de l’État de droit en formant des policiers nationaux. Ou comme le lieutenant Eric Manzi, 28 ans, un officier des troupes mécanisées rwandais qui aide à entretenir les véhicules blindés en République centrafricaine. Son travail est essentiel pour que les Casques bleus puissent assurer en toute sécurité leurs patrouilles de protection des civils. Ces deux soldats de la paix ont vu les conséquences de la violence la plus terrible dans leur propre pays et ont décidé de consacrer leur carrière à aider d’autres nations à parcourir le long et parfois ardu chemin vers la paix.

La contribution des jeunes agents civils des opérations de paix, y compris ceux qui servent en tant que Volontaires des Nations Unies, est remarquable dans de nombreux domaines. In fine, ces jeunes Casques bleus jouent un rôle central dans l’intégration du programme « Jeunesse, paix et sécurité »dans les activités des opérations de paix.

Kamara et Manzi, et des dizaines de milliers d’autres Casques bleus, jeunes et moins jeunes, travaillent sans relâche dans des lieux parmi les plus difficiles au monde pour construire une paix plus forte et plus durable. Ils méritent notre reconnaissance et notre soutien indéfectible. C’est tout simplement le moins que nous puissions faire pour eux.