La République centrafricaine traverse une phase critique, avertit Navi Pillay
GENEVE (27 janvier 2014) – La République centrafricaine traverse une phase critique, a déclaré lundi la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Navi Pillay, alors que des informations font état de nouveaux combats et de la fuite vers le nord d’ex-Séléka et de civils musulmans.
Le 21 janvier, des heurts entre des anti-Balaka et des ex-Séléka soutenus par des civils musulmans armés dans les quartiers PK5, PK11, PK12 et PK13 à Bangui ont fait plusieurs victimes. Une foule a saccagé et pillé les magasins, maisons et mosquées des zones musulmanes de ces quartiers. Les affrontements ont aussi contraint des ex-Séléka et des civils musulmans à fuir en direction de la ville de Damara, située à environ 65 kilomètres au nord de Bangui.
« J’accueille favorablement la nomination de Mme Catherine Samba-Panza en tant que chef d’Etat de la transition et ses appels répétés pour que la violence cesse. Toutefois, la situation sécuritaire et des droits de l’homme s’est encore dégradée au cours des derniers jours. Les civils musulmans sont extrêmement vulnérables. Nombreux sont ceux à être poussés hors du pays, aux côtés d’ex-Séléka, et à fuir, principalement en direction de la frontière tchadienne », a déclaré Navi Pillay.
Des incidents graves de violence ont été rapportés au-delà de Bangui, alors que des ex-Séléka et des civils musulmans fuient le pays.
En dépit de la présence à Bouar des forces africaines de maintien de la paix, des heurts entre des ex-Séléka encore sur place et des anti-Balaka soutenus par des soldats de l’ancienne armée nationale (ex-FACA) ont eu lieu les 20 et 21 janvier. Plusieurs civils et des combattants ex-Séléka auraient été tués. La ville est déserte et des anti-Balaka menaceraient les organisations internationales abritant les familles musulmanes de leurs employés.
Suite au décès de leur commandant à Bouar, un groupe d’ex-Séléka aurait fui avec des civils musulmans à bord d’une vingtaine de véhicules. Certains d’entre eux seraient entrés dans la ville de Bocaranga, à environ 80 kilomètres de la frontière avec le Tchad, le 21 janvier. Ils auraient tiré sur la population, tuant au moins 10 personnes et en blessant de nombreuses autres. Un nombre croissant de civils habitant Bocaranga seraient en train de quitter la ville, où des groupes ex-Séléka venus d’autres préfectures se regrouperaient en route vers le Tchad.
Dans la ville voisine de Baoro, des anti-Balaka auraient attaqué des civils musulmans le 22 janvier, faisant au moins 80 morts et blessant des centaines de personnes. Près de 4 000 maisons auraient aussi été incendiées.
« Je suis profondément préoccupée par la prolifération des groupes armés et l’explosion de la criminalité ordinaire, qui rendent la situation encore plus chaotique et dangereuse », a dit Navi Pillay.
« Nous ne pouvons pas laisser le tissu social de ce pays se déchirer. J’appelle de toute urgence la communauté internationale à renforcer les efforts de maintien de la paix. Il faut restaurer sans délai la sécurité, non seulement à Bangui mais aussi dans le reste du pays. De nombreuses vies sont en jeu », a-t-elle ajouté.