La sécurité au menu d’une rencontre entre les membres du G5+ et les partis politiques de la RCA

21 mai 2018

La sécurité au menu d’une rencontre entre les membres du G5+ et les partis politiques de la RCA

Le quartier général de la MINUSCA a servi de cadre, vendredi 18 mai 2018, à une rencontre entre les leaders des partis politiques centrafricains et les membres du Groupe des cinq Plus (G5+) composé des chefs de la MINUSCA, de l’Union européenne (UE), de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC), de l’ambassade de France et de celle de la Banque mondiale. Y ont aussi pris part le Commandant de la Force, le Général Balla Keita, et le commissaire de la Police, le Général de brigade Roland Zamora, entre autres.

Ces échanges avaient pour vocation de permettre aux interlocuteurs de partager leurs lectures respectives de la situation sécuritaire qui prévaut dans le pays ainsi que les actions de réponse de la MINUSCA et des forces des défense et de sécurité intérieure, et d’autres partenaires dont le Panel des facilitateurs de l’Union africaine.  Il s’est également agi faire des propositions.

« Depuis le 1er mai dernier, la crise a pris une autre dimension. Les violences ont revêtu un caractère confessionnel », a fait constater le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Centrafrique, Parfait Onanga-Anyanga, à l’entame de la séance.

L’un après l’autre, les acteurs politiques ont égrené leurs préoccupations, relatives principalement aux velléités guerrières des groupes armés, à la porosité frontalière, à la présence de mercenaires sur le sol centrafricain, la collaboration entre la MINUSCA et les forces de défense et de sécurité intérieure, etc. D’aucuns ont aussi inscrit dans pistes de solutions durables l’importance d’interroger les causes profondes de la crise, le contrôle des ressources du pays et le rôle de certains pays voisins dans la présente crise.

Pour d’autres, la réconciliation dépend en grande partie de la sincérité du débat politique et du retour de la confiance entre les acteurs,  mais aussi de la nécessité de faire la typologie des groupes armés afin de mieux en cerner leurs motifs respectifs. Ce dernier point serait d’ailleurs déterminant dans la réussite de l’initiative africaine.

En sa qualité du président du Panel des facilitateurs de l’Union africaine, l’ambassadeur Moussa Nebie a reprécisé l’esprit de l’Initiative africaine et les actions déjà entreprises dans ce cadre. Il s’agit, en l’occurrence, des échanges réguliers avec des groupes armés, des membres de la société civile, des associations de jeunes, de femmes, etc., aux fins de recueillir leurs revendications pour le futur dialogue, le but cet exercice étant de mettre durablement fin à une violence persistante. Les différents interlocuteurs de ladite initiative, qu’appuie l’ONU, se sont engagés à accompagner ce processus jusqu’au dialogue, a fait valoir l’ambassadeur Nebie.

Des acteurs politiques ont aussi questionné l’efficacité des actions de réponse de la MINUSCA aux différentes attaques, les dernières étant celles de l’UPC à Bambari (Centre) et du 3earrondissement de Bangui, ainsi que les stratégies mises en œuvre pour protéger les acquis.

En réponse, le commandant de la Force, le Général Balla Keita,  a attiré l’attention de l’assistance sur le fait que les capacités de la Force sont, sans cesse, sollicitées dans un contexte de multiplication des foyers de tension. Mais l’étendue du territoire, synonyme de la surutilisation des capacités de la Force, les difficultés de mobilité dues au mauvais état des routes et ponts, sans oublier des attaques quasi quotidiennes dirigées contre les Casques bleus constituent autant d’obstacles. Occasion pour lui de réitérer l’importance de la collaboration de la population durant les opérations pour éviter de faire des victimes innocentes.

Au nom du G5+, le Représentant spécial a tenu à donner trois garanties : « Nous ne permettrons aucun changement brutal des institutions de ce pays […] Nous n’accepterons aucune partition du pays […] et nous sommes à l’œuvre pour prévenir les tueries afin qu’elles se produisent le moins possible désormais ». Et de préciser que nous sommes dans un processus de refondation de la Centrafrique, avec l’appui de tous les partenaires.

« La priorité est sécuritaire. Il n’y a pas de zone de non-droit », a pour sa part soutenu le président du Mouvement national de solidarité (MNS), Roger Guy Moskit, appelant à une mobilisation de la communauté internationale.

Un appel bien reçu par le G5+ selon qui il convient absolument de « garder comme une fondation les acquis institutionnels » obtenus depuis la fin de la Transition.