Le scrutin de tous les espoirs !

30 déc 2015

Le scrutin de tous les espoirs !

L’engouement enregistré lors des opérations d’enregistrements des électeurs et qui s’est confirmé  par le dépôt des candidatures, suivi d’une campagne électorale dans un environnement apaisé vient de se consolider pour franchir une nouvelle étape tout aussi encourageante: la participation massive,  ce 30 décembre 2015, des Centrafricains au scrutin présidentiel et législatif. Un démenti pour les pronostics qui prédisaient l’impossibilité d’une telle opération.
Etape cruciale vers un retour à une vie constitutionnelle normale et à la fin de la transition, le scrutin de ce jour offre aux quelque 5 millions de Centrafricains l’ultime opportunité d’élire ses futurs dirigeants.  Au-delà, il est illustratif de leur volonté de mettre un terme à trois années de conflits fratricides, ainsi qu’à une gouvernance de Transition, dont le terme prévisionnel est fixé au 31 mars 2016. Si le choix politique est indiscutable, la mobilisation est remarquable, synonymes d’une résolution unanime de se tourner vers la construction de ce pays et de son avenir.
D’ailleurs, d’un centre de vote à l’autre, le maitre-mot est la paix. Une attente légitime à la hauteur des tourments enregistrés, comme le rappelle Eric Badjoa, rencontré au Centre des déplacés de Saint Sauveur, près de l’avenue des Martyrs, à Bangui : « nous avons trop de problèmes, je suis donc venu pour élire le futur président pour que le pays retrouve une vie normale. Comme vous pouvez le voir, tout le monde a envie de voter ». Pasteur Kamdili Siméon, habitant le quartier Sara, n’en dira pas moins : « je suis dans la joie, car j’espère un changement, un souffle nouveau. Nous avons trop souffert dans ce pays et nous voulons y mettre un terme ». 
Et pour Ngoni Guy Sylvert, habitant du quartier Sica 1 dans le premier arrondissement de Bangui, « la présente opération est pour nous l’unique voie pour que nous puissions sortir de l’impasse dans lequel nous nous trouvons actuellement ». C’est pourquoi, du futur président il attend qu’il soit « artisan de la cohésion sociale afin que les Centrafricain de tous bords se retrouvent enfin entre eux au nom de la paix ».
Le chemin aura été long et pénible, en effet! C’est pourquoi la nouvelle page que la Centrafrique inscrit aujourd’hui à son histoire est riche en symbole et en importance, car fruit d’innombrables efforts, de concertations, de sacrifices par la Centrafrique et son peuple… non sans la volonté et le respect des engagements des autorités de transition ni le dépassement de ses acteurs politiques…
La mobilisation, le plaidoyer et l’accompagnement de la communauté internationale, au rang de laquelle la CEEAC, l’ONU, l’UA, l’UE, mais aussi des partenaires bilatéraux et autres organisations humanitaires et bailleurs de fonds, qui ont, à différentes échelles, exprimé leur solidarité, auront été à la hauteur des défis et attentes, profondément engagés qu’ils sont aux chevet d’une Centrafrique aux abois. Les sommets du Groupe international de Contact (GIC-Centrafrique), les rencontres en marges des Assemblées générales de l’ONU…trouvent ici toute leur place. 
Dans le cadre de son mandat, la MINUSCA s’est fortement investie dans  de réguliers échanges avec des acteurs politiques, avec l’optique de mieux cerner les attentes mais aussi de les familiariser avec son mandat triptyque: protection des civils, l’accompagnement du processus politique et de restauration de l’autorité de l’Etat, tout en multipliant des initiatives en faveur de la cohésion sociale, du vivre ensemble et  de réconciliation s’inscrivent dans la même dynamique. 
 
Un dialogue permanent avec les acteurs politiques qui a eu le mérite d’avoir permis la signature du code de bonne conduite. De même, l’on doit aux consultations à la base, via lesquelles les populations centrafricaines dans toutes les préfectures du pays ont pour la première partagé leur vision de l’avenir, d’avoir été déterminantes dans la réussite du forum de Bangui, qui a réuni les Centrafricains de toutes tendances, y compris de la diaspora, leur ayant permis de définir les grands principes de l’avenir de ce pays. L’on retiendra aussi la signature du Pacte républicain, les accords de principe du DDR et accord sur le retrait des enfants des groupes armés…
Aujourd’hui, nul besoin de rappeler que la MINUSCA, à l’instar d’autres partenaires, a été fermement engagés aux côtés de la Centrafrique dans toutes les étapes de l’organisation des élections libres, transparentes, crédibles et apaisées pour permettre le retour à l’ordre constitutionnel et remettre le pays sur la voie du développement. La multiplication de ses initiatives en faveur de la cohésion sociale, du vivre ensemble et  de réconciliation s’inscrivent dans la même dynamique.
Avec ces élections, une étape est en train d’être franchie. Mais la taille des chantiers qui attendent les futurs dirigeants issus des urnes en dit long sur la nécessité de maintenir la RCA dans les agendas et préoccupations internationaux, afin que soient consolidés les acquis encore fragiles de l’ordre constitutionnel retrouvé.