Les communautés de Boeing et PK5 signent un Pacte de non-agression et de réconciliation

11 fév 2016

Les communautés de Boeing et PK5 signent un Pacte de non-agression et de réconciliation

Trois ans. C’est le temps qu’aura duré le blocus opéré par les populations de la commune de Boeing sur l’axe menant au cimetière musulman de Bangui, lors de la crise de 2013 qui a secoué la République centrafricaine. Une situation ‘’intolérable’’ aussi bien pour le gouvernement de Transition que pour les musulmans de Bangui qui étaient obligés d’inhumer les dépouilles de leurs défunts soit à l’intérieur des concessions, soit sur des terrains vagues, soit même sur des terrains appartenant à l’Etat ou à des privés.

Au terme de plusieurs mois de tractations menées par le gouvernement centrafricain et appuyées par la MINUSCA, l’Ambassade de France et autres partenaires, les populations de Boeing et PK5 ont, d’un commun accord, décidé de l’élaboration d’un pacte devant matérialiser les engagements pris devant leurs communautés, les autorités et les partenaires.

C’est ainsi que ce jeudi 11 février 2016 à Boeing s’est enfin tenue la cérémonie officielle de signature  du ‘’Pacte de non-agression et de réconciliation’’ entre les populations de Boeing et PK5, résumé en 12 articles, ouvrant ainsi à nouveau l’accès au cimetière musulman de Boeing.

En présence des ministres de l’Administration du Territoire, de la Décentralisation et Régionalisation, Modibo Bachir Walidou, et du Transport, Arnaud Djoubaye Abazène, du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Parfait Onanga-Anyanga, de son adjoint en charge de la restauration de l’autorité de l’Etat, Aurélien Agbénonci, par ailleurs Coordonnateur humanitaire et de Développement et Représentant résident du PNUD, de l’ambassadeur de France, Charles Malinas, de l’Archevêque de Bangui, Monseigneur Dieudonné Nzapalainga, ainsi que des élus locaux, les deux communautés se sont engagées à faire, à nouveau, du vivre ensemble leur réalité.

«Le pacte de non-agression, c’est le refus de la fatalité et de la peur», a indiqué Parfait Onanga-Anyanga qui a, par ailleurs, annoncé que le soutien de la MINUSCA devrait davantage s’amplifier à travers la poursuite des travaux à haute intensité de main d’œuvre (THIMO) ‘’pour renforcer la confiance et garantir l’accès au cimetière, mais aussi pour fournir une activité temporaire aux jeunes des deux communautés’’.

Conformément au mandat de la Mission, a fait savoir le Chef de la MINUSCA, ‘’nous accompagnerons le processus du vivre ensemble à travers la réalisation de projets de paix et de développement en collaboration avec d’autres partenaires. Nous continuerons à travailler pour la restauration de l’autorité de l’Etat et la stabilité en réhabilitant la mairie, le commissariat de police et le marché de Boeing avec nos projets à Impact Rapide (QIPs) et en collaboration avec d’autres partenaires’’. Et pour matérialiser cette promesse, la première pierre de la construction du marché de Boeing a été posée à l’issue de la cérémonie.

La réouverture de ce cimetière est le résultat de l’action concertée de la section des Affaires civiles et du Projet jeunes à risques de la MINUSCA -un projet à haute intensité de main d’œuvre via lequel de nombreux jeunes vulnérables issus des deux communautés sont recrutes pour des travaux communautaires moyennant une rémunération. Les deux communautés ont également eu droit à une relecture guidée dudit pacte de non-agression et à une discussion sur les modalités pratiques relative à la réouverture du cimetière. Des séances de sensibilisations à l’intention des deux communautés (environ 10 000 personnes) ont aussi été réalisées sur les thèmes de la cohésion sociale, sans oublier des rencontres à l’exemple de celles ayant réuni, le 14 janvier et le 9 février au quartier général de la MINUSCA, des membres du Gouvernement de Transition, des partenaires internationaux et les représentants des deux communautés. En effet, il a fallu apaiser les esprits, recréer le dialogue et insuffler le vivre-ensemble.

Une visite au cimetière musulman de Boeing a permis aux autorités de participer de manière symbolique à l’inhumation des premières dépouilles mortelles, gage du retour à la normalité.