Navi Pillay réclame la fin du désordre et des violations en République centrafricaine
GENEVE (16 avril 2013) - La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Navi Pillay a fait part mardi de son inquiétude face à des informations persistantes faisant état de violations généralisées des droits de l’homme en République Centrafricaine et a appelé au rétablissement urgent de l’état de droit dans le pays.
« La situation sur le terrain est extrêmement préoccupante. Plus de 20 personnes auraient été tuées dans la seule ville de Bangui au cours du week-end, parmi lesquelles quatre personnes qui assistaient à la messe du dimanche lorsqu’un obus a frappé leur église », a déclaré Navi Pillay.
« Bien que des conditions sécuritaires défavorables continuent de rendre difficile la conduite d’enquêtes pour confirmer ces informations, nous savons que, depuis le début de l’offensive lancée par les forces de la coalition SELEKA en décembre dernier, de nombreuses violations graves ont été commises, notamment des assassinats ciblés, des arrestations et détentions arbitraires, des cas de tortures, des recrutements forcés d’enfants, des viols, des disparitions et des enlèvements à Bangui et dans d’autres régions du pays », a déclaré la Haut-Commissaire, tout en notant que la Croix-Rouge locale a fait état d’au moins 119 morts depuis la chute de l’ancien gouvernement le 24 mars.
« Nous avons aussi reçu des informations concernant 19 cas de violences sexuelles à l’encontre de femmes et de filles dans la ville de Berbérati, ainsi que trois cas à Bangui », a-t-elle déclaré. « Il est très probable que ce chiffre se situe très en-dessous du nombre réel de victimes de violences sexuelles. Etant donné l’état d’insécurité généralisée, l’absence d’une force de police et d’un système judiciaire fiables et en état de fonctionner, et la peur du harcèlement et de la stigmatisation, on estime que de nombreuses victimes ne sont pas en mesure de signaler ces abus ou sont trop effrayées pour le faire. »
« Divers groupes sont aussi accusés d’extorsion et de pillage de biens privés et publics, dont des hôpitaux et des centres de soins de santé », a déclaré Madame Pillay. « Nous recevons également de nombreuses allégations concernant des actes de vandalisme, des vols à main armée, y compris des vols de voitures. »
« Le pillage massif de bureaux et d’entrepôts des agences d’aide humanitaire et la perturbation d’une aide humanitaire pourtant vitale sont totalement inacceptables et ont un impact dévastateur sur la vie de centaines de milliers de civils », a déclaré la Haut-Commissaire. « Pour ne citer que l’une de ces conséquences mortelles, jusqu’aux trois-quarts des femmes qui accouchent actuellement n’auraient accès à aucune assistance, et ce dans un pays qui détient déjà l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde – causant immanquablement des décès de mères et de bébés qui auraient pu être évités. »
Relevant qu’environ 37 000 personnes ont déjà fui la République centrafricaine pour échapper à la violence et que des dizaines de milliers d’autres sont déplacées à l’intérieur du pays, la Haut-Commissaire a déclaré que « l’on ne peut permettre que perdure la situation actuelle de désordre, qui frise l’anarchie. L’état de droit doit être rétabli et les auteurs des abus doivent rendre des comptes. Les personnes ayant commis des crimes graves, et tout spécialement leurs dirigeants, devraient garder à l’esprit que leur responsabilité pénale individuelle peut être engagée. »
« J’appelle toutes les parties impliquées dans la crise à garantir la mise en œuvre effective des Accords de paix de Libreville et de faire de sérieux efforts conjoints pour mettre un terme à l’insécurité et à la violence qui sévissent dans le pays. »
« J’exhorte également le Conseil national de transition nouvellement établi à agir rapidement pour rétablir l’autorité de l’Etat et à prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que les civils soient protégés et puissent exercer leur droits, sans crainte pour leur intégrité physique, leurs biens et leurs moyens de subsistance », a déclaré Navi Pillay.