Pour une meilleure harmonisation de la sécurité pénitentiaire
La Centrafrique compte 57 prisons, mais seules cinq sont fonctionnelles : deux à Bangui, les trois autres étant à Bouar, Berberati et Mbaïki. La population carcérale, elle, s’élève à 764, dont 654 (y compris 38 mineurs) au centre carcéral de Ngaragba (Bangui), le plus grand centre du pays. La prison pour femmes de Bimbo compte, quant à elle, 25 détenues, dont quatre femmes enceintes. Les principaux défis du système pénitentiaire centrafricain sont la « vétusté de ses établissements, la modicité du budget d’alimentation et d’entretien, l’insécurité, l’absence d’assainissement, la non-adéquation de la prise en charge sanitaire et alimentaire des détenus ». Tout ceci rend difficile les conditions de travail de ses agents dont le nombre et leur qualification sont jugés insuffisants. Des défis structurels qui sont aujourd’hui aggravés par les crises politico-militaires qui secouent le pays. Le dysfonctionnement qui en résulte est aussi source d’insécurité pour le pays.
Et c’est pour y remédier que la Section des Affaires pénitentiaires de la MINUSCA, en collaboration avec le Ministère de la justice, le PNUD et ONU FEMMES a organisé, les 15 et 16 avril 2015 à Bangui, un atelier d’échange sur le thème : « Les Droits de l’Homme et la sécurité pénitentiaire. » L’objectif est de contribuer à l’harmonisation et à l’amélioration des pratiques de gestion de la sécurité des centres pénitentiaires, en vue du meilleur respect des droits de l’homme.
Une cinquantaine de participants y étaient présents, au nombre desquels des partenaires non gouvernementaux, des membres de l'Administration pénitentiaire, les autorités administratives et judiciaires centrafricaines, les forces de défense et de sécurité centrafricaines et les organisations de la société civile. Le Directeur Pays du PNUD, Boubacar Coulibaly, la Représentante de la Section des Affaires judiciaires et pénitentiaires de la MINUSCA, Mme Danielle Boisvert, le Directeur de Cabinet du ministre de la Justice, Garde des sceaux, Chargé de la Réforme judiciaire et des droits de l’homme, Etienne Koyague, le Directeur général des services pénitentiaires, Flammarion Goba, et le Directeur du Cabinet du ministre de la Défense nationale, Francois Kayema, figurent entre les personnalités présentes.
La rencontre a été l’occasion pour le Directeur de Cabinet du ministre de la Justice de revenir sur la mutinerie qui a eu lieu les 23 et 24 novembre 2014 au cours de laquelle des détenus, armés de grenades et de kalachnikovs, ont attaqué les gardiens de la prison et les Casques bleus, ce durant de longues heures. Une situation qui, selon lui, est illustrative du dysfonctionnement au niveau du système pénitentiaire.
C’est pourquoi, comme le fait remarquer le Directeur Pays du PNUD, la présente initiative a pour objectif de contribuer à la réduction de la violence, ainsi que des graves violations des droits de l’homme et ainsi contribuer au rétablissement de l’Etat de droit par le biais d’une justice efficace, impartiale et équitable pour tous. Et de faire valoir que les bonnes pratiques de gestion de la sécurité pénitentiaire peuvent prévenir les situations de crise et soutenir le respect des droits fondamentaux des détenus.
Pour Etienne Koyague, le Gouvernement s’engage à respecter et améliorer les conditions pénitentiaires, et jeter une base solide pour harmoniser l’Administration pénitentiaire afin de la rendre plus professionnelle. « Ce n’est pas parce qu’on est prisonnier que ses droits doivent être bafoués », a-t-il martelé avec regret, avant de préciser que désormais le respect des droits humains en Centrafrique doit être en harmonie avec les exigences du droit international.
Deux principales recommandations ont été dégagées par les participants : l’appui des partenaires de maintien de l’ordre pour l’élaboration d’un plan d’urgence et la constitution au niveau de chaque établissement pénitentiaire des groupes d’intervention pour la mise en œuvre du plan opérationnel. D’autres recommandations sont relatives à l’interdiction du port d’armes à feu dans les centres carcéraux, le retrait systématique des téléphones portables entre les mains des visiteurs et des détenus, et l’élaboration d’un plan architectural adéquat, ainsi que l’effectivité de la fouille à tous les niveaux.
Des actions fortement soutenues par la MINUSCA, conformément à son mandat qui préconise, entre autres, le soutien pour la justice nationale et internationale et le renforcement de l’Etat de droit en RCA.