Plaidoyer pour la mise en place rapide des mécanismes locaux de suivi dans la Nana-Mambéré

5 juil 2019

Plaidoyer pour la mise en place rapide des mécanismes locaux de suivi dans la Nana-Mambéré


Lors de sa visite à Bouar, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en République centrafricaine, Mankeur Ndiaye, a beaucoup plaidé en faveur de la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix, et la réconciliation. Il a notamment mis l’accent sur l’importance de l’installation par les autorités préfectorales des mécanismes locaux de suivi et l’implication de la société civile.

“Il faut parler aux groupes armés pour qu’ils respectent les accords. Ici à Bouar, il y en a eu deux, celui du 15 décembre 2018 signé ici même (NDLR, Accord de cessation des hostilités entre le groupe « Retour, réclamation, réconciliation » et les anti-Balaka) et celui du 6 février dernier”, lance Marthe. Présidente sous-préfectorale de l’Organisation des femmes centrafricaines (OMCA), elle ne souhaite qu’une chose, la fin des violences dont les premières victimes sont les femmes et les enfants. Marthe a été le premier des quatre membres de la société civile qui se sont adressés au Chef de la MINUSCA, Mankeur Ndiaye, lors d’une rencontre à la Mairie de Bouar. Son deuxième appel a porté sur la place des Centrafricaines lors du prochain processus électoral.

A son tour, le Coordonnateur du Comité local de paix et de réconciliation (CLPR) de la Nana-Mambéré, Jules-Bertin a mis en avant l’un des premiers dividendes, à savoir, l’amélioration de la sécurité dans la préfecture. Il a rappelé que c’est à Bouar que les groupes armés s’étaient réunis en 2018 autour des facilitateurs de l’Initiative africaine (NDLR, la rencontre avait permis de compiler les demandes des groupes armés avant d’être remis par l’Union africaine au Chef de l’Etat). Sa demande aux Nations unies pour préserver la paix, c’est de “donner les moyens nécessaires au Gouvernement pour qu’il puisse travailler lorsque la MINUSCA terminera son mandat mais aussi au CLPR pour mener ses actions”. Junior, président du Conseil préfectoral de la jeunesse réclame des emplois, des formations et l’implication des jeunes dans la prise de décisions, conformément à la résolution 2250. Pour sa part, Bi Babo Adamou, président du Bureau fédéral islamique de la Nana-Mambéré, sollicite le soutien du Gouvernement et de la MINUSCA pour permettre à la plateforme de mener son mandat pour la paix et la cohésion sociale dans la région.

Dans son intervention, le Représentant spécial a plaidé en faveur de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA, en soulignant le rôle important que la société civile doit jouer. “Vous avez entre vos mains un objet précieux qui est l’Accord de paix qui va permettre de renforcer la sécurité, protéger les populations, restaurer l’autorité de l’Etat”, a dit le Chef de la MINUSCA. “Je suis venu me présenter à vous et discuter de la mise en œuvre de l’Accord de paix”. 

Le Représentant spécial a reconnu des violations dans la mise en œuvre de l’Accord: “Certains groupes armés ne respectent pas l’Accord, ils prélèvent des taxes, empêchent la libre circulation des populations, occupent des bâtiments administratifs”, a-t-il dit. “Nous allons continuer à leur parler - notamment au 3R dans cette région - pour qu’ils respectent leurs engagements sans pour autant exclure des mesures coercitives”, a ajouté Mankeur Ndiaye. Il s’est toutefois réjoui de quelques avancées réalisées par des groupes armés. Selon lui, cet accord est différent des précédents avec notamment la formation d’un gouvernement inclusif, des mécanismes de suivi ou encore le lancement des consultations générales sur la Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation (CVJRR). 

La rencontre avec la société civile a été précédée d’une réunion avec le Préfet de la Nana-Mambere, Marcel Bagaza, et des sous-préfets de Bouar, Baoro et Baboua. Le Chef de la MINUSCA avait là aussi poursuivi son plaidoyer pour l’Accord politique. Il a appelé les responsables locaux à contribuer à sa mise en œuvre, notamment en installant dans les meilleurs délais le Comité de mise en œuvre préfectoral (CMOP) et le Comité technique de sécurité (CTS), prévus dans l’Accord de paix. “Sans ces comités, on ne peut rien faire”, a indiqué le Représentant spécial, tout en réitérant que la MINUSCA est prête à appuyer la création de ces structures. Il a par ailleurs invité les responsables locaux à consolider les acquis du DDR en particulier pour éviter d’essuyer un recul dans le processus de paix.

Les représentants de l’Etat ont fait part des défis auxquels ils sont confrontés notamment le manque de moyens pour se déplacer et aller à la rencontre des populations. Ils ont salué l’appui multiforme de la MINUSCA a la préfecture ainsi qu’aux structures décentralisées de l’Etat. 

Au cours de sa visite, le Représentant spécial s’est également entretenu avec l’équipe pays des Nations unies composée d’agences, programmes et fonds et s’est adressé au personnel civil et en uniforme pour les encourager à poursuivre la mise en œuvre du mandat de la MINUSCA.