Pour une meilleure représentativité des femmes dans les sphères décisionnelles

12 jan 2016

Pour une meilleure représentativité des femmes dans les sphères décisionnelles

Les élections locales ou nationales offrent l’opportunité aux femmes, à l’instar de la gente masculine, de participer à la vie politique et socioéconomique de leurs pays, en leur permettant de prendre une part active dans les institutions et organes de décision. En République centrafricaine, la Constitution adoptée par voie référendaire le 13 décembre 2015 « réaffirme son adhésion à toutes Conventions Internationales dûment ratifiées, notamment celles relatives à l’interdiction de toute forme de discrimination à l’égard des femmes »… (Préambule, paragraphe 18). Elle stipule par ailleurs que : « …Les partis politiques doivent respecter les principes de représentation du genre et des régions prévues par la loi » (Art.31, al.4).
 
Force est de constater, cependant, que les femmes candidates, observatrices, témoins des partis politiques et la vaste gamme d'acteurs engagés dans l'organisation des élections sont, souvent, confrontées à nombre de difficultés aussi bien au niveau juridique que lorsqu’il s’agit des échéances électorales proprement dites. 
Du point de vue de la loi centrafricaine, en effet, nombreuses sont les obstacles de nature à freiner les velléités d’engagement des femmes en politique. « Il s’agit notamment de la méconnaissance du contenu de la constitution et du code électoral et du code de bonne conduite et de la distribution tardive aux femmes candidates desdits documents. A cela s’ajoutent l’absence de parité ou de quotas dans le code électoral, ainsi que la non application de la loi sur le financement des partis politiques. Enfin, pour les élections en cours en ce moment, il a été constaté que le démarrage de l’enregistrement électoral a été effectué avant la publication du décret de découpage électoral », indique Aicha Baba, présidente de l’association des femmes musulmanes activistes pour le développement (AFMAD).
Lors des présentes opérations électorales, les femmes disent être heurtées à de nombreux écueils, comme le fait valoir, pour sa part, Martine Banza, candidate aux législatives à Carnot, dans la préfecture de la Mambéré-Kadéi, déplorant, en l’occurrence, « une insuffisance des actions de sensibilisation de la population, de l’inadéquation entre la stratégie de sensibilisation de l’Autorité Nationale des Elections (ANE) et celle des leaders communautaires qui ne sont pas suffisamment impliqués ». Dans le même registre figure l’omission de noms des candidates sur la liste électorale et les bulletins de vote », ce qui a pour effet de perturber les électeurs. 
De par son mandat de promotion du Genre, la  MINUSCA, à travers sa section éponyme, s’investit dans les efforts visant à mettre en place de mesures destinées à soutenir la participation des femmes à la vie politique tout au long du processus électoral. Une action menée de concert avec d’autres agences du système des Nations Unies aux fins de pallier ces contraintes. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’organisation, le jeudi 7 janvier 2016, d’un atelier d’évaluation de la participation/représentation à l’intention des femmes politiques centrafricaines, ayant participé ou ayant été représentées aux élections présidentielle et législatives dont le premier tour s’est déroulé le 30 décembre 2015.
« Au total 50 femmes candidates aux législatives et 10 femmes observatrices des élections ont pris part à cet atelier, qui a non seulement permis aux participantes d’échanger et de partager les informations recueillies ainsi que les faits vécus au cours du processus électoral mais aussi d’identifier les obstacles à la participation/représentation des femmes dans ce processus », explique Gladys Teni Atinga, cheffe de la section Genre de la MINUSCA.
En collaboration avec la Division de l’Assistance électorale intégrée (AEI) de la MINUSCA, la section Genre plaide également en faveur de l'adoption de règlements électoraux nationaux dans leur entièreté et tente d’apporter des éléments matériels pour les rendre pertinents. A titre d’exemple,  des exemplaires de Code et électoral, du Code de bonne conduite des partis politiques et de la nouvelle Constitution ont été multipliés et mis à la disposition de chacune des candidates, représentantes de candidats et observatrices, en vue de permettre une meilleure connaissance de leurs droits en la matière, mais également de leurs obligations.  « Ces règlements se doivent de garantir aux femmes des chances équitables de participation aux campagnes électorales et d'inscription sur les listes électorales et les protéger contre toute forme de violence », souligne Martine Renée Galloy, officier électoral en charge de la question du Genre.
Plusieurs autres sessions de renforcement des capacités sont régulièrement organisées par la Mission et ses partenaires, en vue de favoriser l’éclosion de futures candidates et dirigeantes performantes. Car, estime Mme Atinga, « il est important que les femmes de la RCA accèdent et se maintiennent dans les sphères de prise de décision » au niveau local et national.