Préparer les professionnels des médias à la sensibilisation sur le Coronavirus

28 mar 2020

Préparer les professionnels des médias à la sensibilisation sur le Coronavirus

Guy Karema

Le Ministère de la santé publique et de la population, avec l’appui des Nations Unies, a organisé, les 26 et 27 mars 2020 à Bangui, deux sessions de sensibilisation sur la pandémie àCoronavirus à l’intention des professionnels des médias centrafricains. L’objectif est de de renforcer les connaissances et capacités des journalistes centrafricains, auteurs d’articles et de reportages sur le COVID-19, en vue d’un traitement objectif, professionnel et responsable des informations sur la pandémie et qui rassurent et instruisent la population.

Dans son allocution d’ouverture, le Ministre de la santé publique et de la population, le Docteur Pierre Somsé, a rappelé que la communication liée à la réponse à la maladie à Coronavirus est cruciale. Elle doit, selon lui, créer la perception et la prise de conscience du danger, donner des informations correctes afin que les populations adoptent des attitudes et des comportements adéquats, et enfin prévenir les impacts multiples de la crise. « Dans cette période, la communication peut être un couteau à double tranchant […] Le travail du communicateur constitue l’épine dorsale de la lutte contre cette pandémie », a dit le Docteur Pierre Somsé avant de conclure « qu’aucun gouvernement du monde ne peut réussir tout seul cette lutte ».

Présidant les travaux de la seconde journée, la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies et Coordonnatrice humanitaire en République centrafricaine (RCA), Denise Brown, a salué le courage du Chef de l’Etat et du gouvernement centrafricain dans la prise de mesures pour prévenir la pandémie, avant de réitérer la disponibilité du Système des Nations Unies à continuer à travailler avec les autorités. « Les Nations Unies en RCA sont unies pour aider et travailler avec le gouvernement. Beaucoup de choses sont en cours et nous allons voir comment les Nations Unies peuvent ajuster leurs actions pour pouvoir soutenir », a-t-elle indiqué.

La Représentante spéciale adjointe qui a réitéré la disponibilité des Nations Unies à soutenir les médias centrafricains qui sont ‘’toujours présents’’, avant de les exhorter d’être ‘’un outil constructif dans ce moment critique’’. « Vous avez une énorme responsabilité, c’est à dire présenter les faits, expliquer aux populations et offrir une plateforme de dialogue », a-t-elle dit, soulignant la nécessite d’étendre la communication aux régions et de combattre la stigmatisation.

Trente-huit (38) participants au total, dont une dizaine de femmes, réunis en trois groupes pour se conformer aux mesures prises par le gouvernement pour combattre la transmission locale du COVID-19, ont été édifiés sur la base de quatre modules de formation : le point sur le COVID-19 en République centrafricaine, lepartenariat entre le Ministère de la santé publique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la presse, la manière professionnelle d’aborder des urgences de santé publique dans la presse et le rôle et la responsabilité des journalistes dans un contexte de crise. 

Les journalistes ont reçu toutes les informations disponibles sur cette pandémie depuis l’apparition du premier cas, en date du 14 mars 2020, et des mesures prises par le gouvernement pour freiner sa propagation. Ils ont, en outre, pris conscience des effets néfastes de la désinformation, de la stigmatisation et de la discrimination sur les efforts entrepris par le gouvernement et ses partenaires. « Des messages malveillants et hostiles qui résultent de la mauvaise connaissance des faits fondamentaux qui caractérisent cette pandémie pullulent dans les journaux et sur les réseaux sociaux. Les medias doivent se ressaisir pour barrer la route à la progression du Coronavirus sur le sol centrafricain », ont, à l’unanimité, souhaité les conférenciers.

Quant au partenariat entre le Ministère de la santépublique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la presse, Albert Mbaya, Président du Groupement des entrepreneurs de la presse privée et indépendante de Centrafrique (GEPPIC), s’exprimant au nom des médias centrafricains, a réaffirmé leur disponibilité à soutenir les efforts du gouvernement et ses partenaires pour freiner la progression de cette pandémie. « Nous souhaitons la mise en place d’un cadre de travail entre le Ministère de la santé publique, ses partenaires et nous. Nous sommes prêts à apporter notre expertise et nos outils de communication. Mais, le contenu des messages doit être élaboré avec les experts de la santé », a-t-il expliqué.   

En ce qui concerne la couverture médiatique professionnelle des urgences de santé publique dans la presse et le rôle et la responsabilité des journalistes dans un contexte de crise, il a été demandé aux médias de convaincre les populations à prendre en compte les mesures de lutte édictées par les autorités, les mesures qui mettent l’accent sur des précautions usuelles, les précautions d’hygiène, l’observance des normes d’auto-isolation pour les personnes suspectes ou pour les personnes déclarées comme ayant la maladie à Coronavirus et leurs contacts. 

Un constat amer a été dressé par rapport aux journalistes qui ne respectent pas l’éthique et la déontologie de leur métier. « Les journalistes ont un devoir fondamental d’adhérer à leur Code d'éthique et de déontologie », a rappelé Charles Bambara, Directeur de la Division de la communication stratégique et de l’information publique de la MINUSCA. Il fait le triste constat que dans cette période de crise, « certains organes de presse ont eu des écarts dans le traitement de l’information. Ils se contentent seulement de jeter le pavé dans la mare sans toutefois vérifier leurs informations », pour interpeller les professionnels des médias sur les bonnes conduites. « La meilleure façon de donner une information, c’est de la corroborer avec au moins deux sources indépendantes. En période de crise, on a beaucoup plus besoin d’un journaliste bienveillant qui fouille l’information, qui vérifie tout ce qu’il diffuse », a conclu Charles Bambara.

Un Code de bonne conduite sur la couverture médiatique dans le contexte du Coronavirus et des autres crises de santé publique en République centrafricaine a été lu et distribué aux participants. Il sera discuté et paraphé par les journalistes et responsables des médias dans les prochains jours.

Les participants se sont unanimement réjouis de l’initiative. « Cette session de formation a répondu à mes attentes. J’ai beaucoup appris sur le coronavirus. Maintenant, je connais les attentes du gouvernement par rapport à mon travail », nous a confié Marie-Paule Vopiade, journaliste à la Radio Lengo Songo. Pour Fernand Bandagba-Zekpio du journal ‘’L’arbre qui parle’’ : « cet atelier a mis à la disposition des journalistes et médias des outils et techniques qui vont nous permettre de traiter objectivement les questions liées au COVID-19»

A4P