Promouvoir le dialogue et la cohésion intercommunautaire

2 fév 2016

Promouvoir le dialogue et la cohésion intercommunautaire

Les différents évènements qui ont jalonné les crises récurrentes en Centrafrique depuis trois ans ont mis en péril la cohésion sociale. A Bangui comme à l’intérieur du pays, les affrontements entre communautés et entre groupes armés ont fait de milliers de morts et de déplacés.  La MINUSCA, conformément à son mandat, s’est jointe aux initiatives et efforts locaux, via des plaidoyers et  des actions de sensibilisation à la cohésion sociale.
De par son mandat, la MINUSCA est appelée à apporter « un appui aux initiatives locales visant à promouvoir la protection des civils, le dialogue politique, la cohésion sociale ainsi que l’extension de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire de la République centrafricaine, en appui aux autorités nationales et locales et en collaboration avec l’Equipe pays des Nations Unies ». Et la section des Affaires civiles est l’entité par excellence sur laquelle s’appuie la MINUSCA pour offrir ses bons offices et un appui politique aux efforts visant à s'attaquer aux causes profondes du conflit et à instaurer durablement la paix et la sécurité en République centrafricaine. 
Les Affaires Civiles de la MINUSCA, œuvrant  en bonne symbiose avec le Projet « Jeunes à Risque » du bureau du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations unies ayant en charge le  pilier des Affaires civiles, ont-elles entrepris de procéder à une large campagne de sensibilisation afin d’encourager le règlement pacifique des différends tout en renforçant la confiance entre communautés, aussi bien à Bangui qu’à l’intérieur du pays.
Adéremi Aibinu, en charge des Travaux à Haute Intensité de Main d’Œuvre (THIMO) au bureau du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, Aurélien Agbénonci, explique bien la démarche qui conduit à la cohésion sociale : Lorsque vous mettez ensemble au travail des gens qui s’opposaient, vous obtenez deux résultats prioritaires : d’abord, ils gagnent de l’argent et sont donc affranchis des besoins matériel qui parfois sont la cause de leur violence ; ensuite vous les contraignez inévitablement à se parler un jour ou l’autre. Vivant ensemble sur le même lieu de travail, comment n’en viendraient-ils pas d’un jour à l’autre à échanger ? Au demeurant, poursuivra M. Aibinu a titre explicatif, l’ouvrage qu’ils réhabilitent et qui avait été détruit de leur fait, est d’utilité publique et profite donc à toute la communauté ; c’est le cas des mairies, préfectures ou écoles, saccagés au plus fort du conflit.
Les équipes engagées dans les THIMO, dans l’objectif de recréer la cohésion sociale, travaillent six jours sur sept. Mais le travail physique s’étend du lundi au vendredi, laissant la place à la sensibilisation sur les bienfaits du vivre ensemble, le samedi. Mais les six jours sont payés, ce qui encourage les jeunes à venir le samedi pour la sensibilisation.
Les séances de sensibilisation se font généralement dans une ambiance cordiale, que ce soit à Bangui ou à l’intérieur du pays, tel à Bambari où les efforts sont le plus concentrés pour le moment, et les différents participants révisent les appréhensions qu’ils pouvaient avoir les uns à l’égard des autres. Et forcément, les comportements changent.
M. Aibinu donne un exemple : Pendant les évènements de septembre 2015, les jeunes du PK5 et de Boeing ne se sont pas affrontés ; les fauteurs de troubles sont venus d’ailleurs pour renforcer chaque camp et créer la situation que l’on a déplorée... Parce que ces jeunes se connaissaient, travaillent ensemble et reçoivent la même sensibilisation sur la cohésion sociale.
A Bouar, la politique de cohésion sociale regroupe des groupes de jeunes dans les travaux de reconstruction du Stade de la ville et de nettoyage des écoles ; par ailleurs, la réhabilitation du marché se fait avec la même mobilisation de plusieurs dizaines de jeunes travaillant 5 jours dans la semaine et venant assister le samedi aux séances de sensibilisation sur la nécessité du vivre ensemble, sur le devoir de laisser tomber la violence et l’infernal cycle des représailles qui ont tant déformé le visage de la cité.
 
Autre localité où les THIMO cristallisent les efforts de cohésion sociale est Kaga-Bandoro, notamment via des travaux d’assainissement dans laquelle des dizaines de jeunes sont dévoués dans la fabrication de briques, utiles pour la reconstruction de ce qui a été détruit.  
 
La sensibilisation en action
 
Nombreuses sont les initiatives qui mobilisent, à travers le pays, les acteurs et leaders communautaires, religieux et de société civile centrafricaine, avec l’appui de la MINUSCA, au profit de la reconstruction de la cohésion sociale. A titre d’exemple,  la Section des Affaires civiles, après de multiples efforts, a pu mettre en place, en aout 2015, une plate-forme de médiation représentant toutes les communautés de la région, coordonnés par les chefs religieux, avec pour mandat de renforcer la cohésion sociale, la protection des civils et de promouvoir la réconciliation via le dialogue. Bambari avait aussi accueilli, en septembre, une mission de ladite section avec des représentants du Ministère de la réconciliation et du PNUD dans le but d’échanger avec différentes communautés  pour relancer le processus de paix et le dialogue intercommunautaire. 
 
Quelques semaines plus tard, les Affaires civiles ont également rencontré différents acteurs et autorités locales, dont le préfet, l’Evêque dans le cadre de la rencontre, ainsi que des membres de groupes militaires afin de renforcer les efforts de cohésion sociale. De telles rencontres se sont multipliées, certaines sous forme d’ateliers, afin de sensibiliser les jeunes sur la nécessité de mettre un terme aux violences et de penser à une coexistence pacifique.
 
Encourager la résolution des différends par le dialogue a aussi été au centre des différentes rencontres initiées par le leadership de la MINUSCA. A l’image de celle ayant réuni, le 7 janvier 2016, au quartier général de la MINUSCA, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUSCA, parfait Onanga-Anyanga, dans une ultime rencontre avec des représentants de l’administration locale et leaders des communautés chrétiennes et musulmanes de Km5 et de Boeing (3e arrondissement de Bangui), en présence de membres du Gouvernement de Transition et des représentants diplomatiques, le but étant de trouver une issue définitive au conflit les opposant autour du cimetière musulman sis à Boeing, ce après de multiples efforts de médiation entre les deux communautés. 
A Bria où elle s’est rendue, le 29 décembre 2015, dans le cadre du pré-DDR, la Représentante spéciale adjointe, Mme Diane Corner, ne manquera pas de saluer la volonté manifeste des populations d’œuvrer pour la paix et la reconstruction de leur pays. « Je vous souhaite de créer une meilleure ville et une meilleure vie », a-t-elle souligné. 
Sur site de la Mosquée de Lakounaga, dans le 2e arrondissement, en aout 2015, Aurélien Agbenonci avait, lui, insisté sur la nécessité de la réconciliation tout en saluant toutes les initiatives qui vont dans ce sens en rappelant la nécessite de reconstruire le tissu social et intercommunautaire. « Oui, la paix est fragile, mais ce sont les choses fragiles qui méritent d’être consolidées », signifiera-t-il. 
Des programmes de lutte contre la violence communautaire se sont aussi concrétises via des projets a impact rapide, tel la construction du complexe sportif et culturel au profit des jeunes de Boy-Rabe, 4e arrondissement ; fruit de la contribution de toute la famille de l’ONU au nom du vivre-ensemble. 
En avril 2015, le Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme (RJDH) et la division des droits de l’Homme de la MINUSCA avaient aussi menée diverses campagnes de sensibilisation des populations sur la culture de la paix, la cohésion sociale et des droits de l’homme, entre les communautés urbaines et périurbaines de Bangui. Des matchs de football et des échanges interactifs ont marqué ces moments.
Plus récemment, en janvier 2016, la caravane de la paix a été l’occasion d’« Amener les jeunes et la population en général à bien comprendre les avantages de la diversité et de la coexistence pacifique ; Sensibiliser les jeunes à intégrer les valeurs de respect et de tolérance dans leurs relations communautaires ; Encourager les jeunes et la population en général à briser la peur afin de désapprouver les violences intra et intercommunautaires ; et Amener les citoyens à mieux cerner le mandat de la MINUSCA et le sens de son action dans ses objectifs de stabilisation en Centrafrique ». Et comme le dit Diane Corner, « c’est une occasion pour la jeunesse de s'engager davantage dans l’unification de la paix ». Occasion pour elle de réitérer, au nom du chef de la MINUSCA, la permanence de l’assistance des Nations Unies aux côtés de la jeunesse dans sa recherche de cohésion sociale, préalable à une paix durable en RCA.