Protection de l’Enfant: « la séparation des enfants des groupes armés est inconditionnelle » (INTERVIEW)

5 août 2016

Protection de l’Enfant: « la séparation des enfants des groupes armés est inconditionnelle » (INTERVIEW)

La section Protection de l’Enfant de la MINUSCA s’assure de la mise en œuvre des différentes résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité sur les enfants et les conflits armés. Elle veille à  ce que les questions qui touchent aux enfants affectés par le conflit reçoivent des réponses institutionnelles appropriées. Dans cette interview, le conseiller en Protection de l’Enfant pour le compte de la Mission, Charles Fomunyam, retrace les différentes étapes de la libération des enfants des groupes armés, avant leur prise en charge puis leur réinsertion.

Quelles sont les étapes qui ont permis la libération des enfants, depuis le premier contact avec les groupes armés jusqu’à la libération ?

La séparation des enfants obéit à la démarche suivante : la négociation avec  les groupes, l’identification des enfants, la vérification de l’âge de chacun d’eux suivi de leur retrait du groupe.    

Le Conseil de Sécurité reconnait la protection des enfants comme une question de paix et de sécurité humaine. Ainsi, dans sa résolution 1314 (2000), le Conseil de Sécurité prie tous les partis aux conflits d’inclure des dispositions pour protéger les enfants dans toutes les négociations et accords de paix, « y compris [pour] le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des enfants soldats » (#11).

En RCA, lors des négociations de l’Accord de Brazzaville du 23 juillet 2014, les groupes armés signataires de l’accord se sont engagés à ne pas recruter d’enfants au sein de leur groupe. Et lors du Forum de Bangui, les représentants de 10 groupes armés se sont engagés, le 5 mai 2015, à mettre fin au recrutement et à l’utilisation d’enfants ainsi qu’à assurer l’identification et la séparation des enfants au sein de leur groupe respectif.

Fort de ces engagements, la MINUSCA et l’UNICEF travaillent de manière conjointe auprès des groupes armés pour leur rappeler leurs engagements. Une fois les enfants identifiés par les groupes, un processus de vérification de chaque enfant est mis en place par l’UNICEF et la MINUSCA, en vue d’une séparation et d’une réintégration dans des programmes humanitaires adaptés.

 

Qui sont les acteurs principaux et quel est le rôle de chaque acteur dans le processus de libération des enfants ?

Les acteurs sont de trois principaux ordres. D’abord, la MINUSCA et l’UNICEF qui engagent des dialogues, plaidoyers et plans d’actions auprès des groupes armés afin de mettre fin au recrutement d’enfants et de garantir leur séparation. Chaque groupe armé est « surveillé » jusqu’à ce qu’il respecte ses engagements. Ensuite, les responsables de groupes armés : ils ont pour mission d’identifier afin de séparer les enfants associés à leur groupe. Enfin, la communauté humanitaire dans son ensemble, pour la réinsertion des enfants démobilisés par des programmes de réinsertion, sous la conduite de l’UNICEF.

 

Quelles contreparties sont proposées aux groupes armés ?

Aucune contrepartie n’est proposée. La séparation des enfants des groupes armés est inconditionnelle, conformément aux principes internationaux.

 

Quel suivi pour éviter le retour des enfants en leur sein ?

La résolution 1612 (2005)  du Conseil de sécurité recommande aux groupes forces et groupes armés cités dans l’annexe du rapport annuel du Secrétaire-général des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés de mettre en œuvre un plan d’action pour mettre fin au recrutement d’enfants, et afin d’identifier et de libérer tous les enfants au sein de leur groupe. La mise en œuvre de chaque plan d’action est évaluée par une surveillance continue de la part des Nations-Unies. Ce n’est que lorsque tous les engagements du plan d’action sont mis en place, que le groupe armé sera retiré de la « liste de la honte » en annexe au rapport annuel du Secrétaire Général sur les enfants et conflits armés – comme partie en conflit recrutant des enfants.