Publication du rapport des Nations Unies sur les violations et abus du droit international des droits de l’Homme et les violations du droit international humanitaire par la coalition du FPRC et de l’UPC dans la Haute-kotto et la Ouaka

17 oct 2017

Publication du rapport des Nations Unies sur les violations et abus du droit international des droits de l’Homme et les violations du droit international humanitaire par la coalition du FPRC et de l’UPC dans la Haute-kotto et la Ouaka

Les Nations Unies ont rendu public aujourd’hui un rapport décrivant les violations et abus du droit international des droits de l’Homme et les violations du droit international humanitaire commis dans les préfectures de la Haute-Kotto et de la Ouaka en République centrafricaine (RCA), résultant des affrontements armés entre les factions rivales des ex-Séléka le Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC) et l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC) entre le 21 novembre 2016 et le 21 février 2017. Les événements cités ont constitué le début d’une nouvelle spirale de violence intercommunautaire en RCA qui se poursuit encore aujourd’hui. 

Le 21 novembre 2016, des affrontements entre groupes armés, l’UPC, d’un côté, et la coalition menée par le FPRC, de l’autre, ont éclaté à Bria, capitale de la Préfecture de la Haute-Kotto, dans le Nord-est de la RCA, essentiellement pour le contrôle du territoire et des ressources naturelles. Les combats entre le FPRC et l’UPC et leurs attaques contre les civils, les casques bleus de la MINUSCA et contre les acteurs humanitaires se sont par la suite propagés dans d’autres parties de la Préfecture de la Haute-Kotto et dans la Préfecture de la Ouaka. 

En décembre 2016, la ville de Bakala, à 60 km au nord-ouest de Bambari, a changé de mains à plusieurs reprises entre le FPRC et l’UPC, et a été le théâtre de scènes de massacres de civils. Ces événements ont provoqué des déplacements massifs de la population. Tandis que la protection des civils dans la ville de Bambari n’a cessé de s’améliorer depuis février 2017, les combats se sont déplacés vers la Préfecture de la Basse-Kotto, et de graves violences ont éclaté dans la Préfecture de Mbomou, dans le Sud-est de la RCA.

Les conclusions des enquêtes menées sur les sites de Bria et de Bakala par la division des Droits de l’Homme de la MINUSCA (DDH) démontrent que les groupes armés ont tué au moins 133 civils ou autres personnes protégées (82 hommes, 16 femmes, 10 enfants et 25 personnes d’âge et de sexe inconnus). La MINUSCA est en mesure d’attribuer 111 de ces meurtres qui ont été vérifiés à l’UPC et 22 à la coalition FPRC. La DDH a, par ailleurs, reçu des allégations crédibles d’un nombre additionnel de victimes et possède donc des motifs raisonnables selon lesquels au moins 293 autres civils ont pu être tués (106 hommes, 23 femmes, 27 personnes d’âge et de sexe inconnus) durant la période en revue : 167 par l’UPC et 126 par le FPRC. 

Les violations et abus documentés par la DDH incluent des meurtres, des blessures, des enlèvements, des viols, le déni de soins médicaux et de secours humanitaire, l’appropriation de biens ou la destruction de propriétés et des restrictions à la liberté de mouvement. 

Les événements de Bria et de Bakala démontrent la haute volatilité de la situation sécuritaire et la fragilité du processus de paix en RCA ainsi que la vulnérabilité des civils ciblés par les groupes armés qui agissent en toute impunité. Depuis, l’environnement sécuritaire s’est détérioré à travers le pays, se caractérisant par une recrudescence du nombre d’affrontements et le fait que les groupes armés ciblent directement les civils ou les organisations qui tentent de les assister ou les protéger. Les événements examinés dans le rapport ont été suivis par une escalade dramatique de la violence, en particulier dans le Sud-est et le Nord-ouest de la RCA. A Bria (Haute-Kotto), à Alindao (Basse-Kotto), à Bangassou, (Haut Mbomou), à Niem (Nana Mambéré) au cours du seul mois de mai 2017, la DDH de la MINUSCA a enregistré au moins 250 civils tués suite à cette violence. Moins de six mois après les massacres de Bakala, que le rapport décrit en détails, des attaques ciblées contre des communautés entières d’Alindao ont fait plus d’une centaine de morts sur une période de trois jours en mai 2017. Ces événements font actuellement l’objet d’une enquête spéciale de la MINUSCA.

Le rapport publié aujourd’hui fait plusieurs recommandations au Gouvernement de la République centrafricaine, aux groupes armés et à la communauté internationale, notamment sur la nécessité de lutter contre l’impunité concernant les violations et abus graves du droit international des droits de l’Homme et les graves violations du droit international humanitaire en s’assurant que des enquêtes criminelles approfondies soient conduites par les autorités judiciaires. Le rapport exhorte les groupes armés à cesser toute violation et abus du droit international des droits de l’Homme et toute grave violation du droit international humanitaire et fait appel à la communauté internationale pour  appuyer les efforts visant à demander des comptes aux auteurs. Les événements décrits montrent aussi l’urgence du désarmement de tous les membres et personnes affiliées des groupes armés, l’importance de promouvoir la réconciliation intercommunautaire et le caractère crucial des efforts pour restaurer l’autorité de l’Etat sur l’étendue du pays. En effet, une caractéristique importante du conflit est l’absence et/ou la faiblesse des institutions de l’Etat, notamment l’inexistence de mécanismes permettant d’assurer une protection efficace des civils et prendre des mesures idoines pour s’attaquer aux violations et abus graves des droits de l'Homme

Bientôt un an que la RCA a été témoin  des évènements malheureux de Bria et de Bakala, lesquels ont marqué une nouvelle plongée du pays dans le conflit. L’alarme a déjà été lancée concernant une potentielle connotation ethnique et/ou religieuse des violences perpétrées. La MINUSCA appelle le gouvernement centrafricain, qui a l’obligation légale de protéger les populations, d’intensifier ses efforts pour la paix, la bonne gouvernance et l’Etat de droit. La protection des civils ne saurait être réalisée uniquement grâce aux moyens militaires de la MINUSCA. Le dialogue politique, les  réprimandes et la marginalisation des saboteurs ainsi que la condamnation publique de la violence sont autant d’autres moyens pouvant optimiser  la protection des populations et sont donc indispensables pour la construction d‘une paix durable. Enfin, la MINUSCA exhorte les groupes armés à respecter les lois qui guident leur conduite, et rappelle que leurs leaders et combattants qui ne les respecteront pas en seront tenus responsables et devront rendre des comptes.

PDF icon Rapport des Nations Unies sur les violations et abus du droit international des droits de l' Homme et les violations du droit  international humanitaire par la coalition du FPRC et de l'UPC dans la haute-kotto et la Ouaka (entre le 21 novembre 2016 et le 21 fevrrier 2017) 

Contacts: 

Musa Gassama, Chef de la Division des droits de l’Homme de la MINUSCA et représentant du HCDH. Tel: +236 75980012 E-mail: gassama@un.org ​