Réouverture de la mosquée de Boeing huit ans après les violences

1 mar 2021

Réouverture de la mosquée de Boeing huit ans après les violences

Ghislaine ATTA

Huit années que les musulmans du quartier Boeing n’ont pas pu tenir de culte sur le site de leur mosquée détruite lors des violences survenues dans le pays en 2013. Même si certains d’entre eux ont pu regagner le quartier depuis lors, le site était inexploitable. Néanmoins, depuis le vendredi 26 février 2021, ils peuvent enfin s’y rassembler pour la prière commune, grâce aux efforts conjugués du Comité de Pilotage du Pacte de non-agression entre Boeing et PK5 appuyé par la MINUSCA.

Pour le coordonnateur des Affaires civiles du Bureau de la MINUSCA de Bangui, Niels Stassyns, « cette réouverture s’effectue au 5e anniversaire du Pacte de non-agression entre Boeing et PK5, signé en février 2016. Elle est le fruit d’un grand travail du Comité de Pilotage du Pacte appuyé par la MINUSCA depuis des années ». Pour rappel, au terme de huit mois de tractations menées par le gouvernement centrafricain et appuyées par la MINUSCA, l’Ambassade de France et autres partenaires, les populations de Boeing et PK5 s’étaient réunies, le 11 février 2016 à Boeing, en vue de la signature  du ‘’Pacte de non-agression et de réconciliation’’ entre les populations des deux localités, résumé en 12 articles, ouvrant ainsi la voie à la  libre circulation des personnes et des biens et au redémarrage d’une vie sociale paisible dans les communautés. Au nombre des dividendes de cet accord, la réouverture du cimetière, ainsi qu’une vague de projets à impacts rapides, tels que la réhabilitation de la Mairie et du marché ainsi que la construction du commissariat de Boeing.

« Depuis lors, ce Comité a beaucoup aidé le gouvernement à stabiliser ces deux zones. Il a fait un travail remarquable tout au long de ces cinq années par la mitigation des conflits et le dialogue avec les groupes armés, ce qui a été une grande porte d’entrée pour les activités de stabilisation », a poursuivi M. Stassyns.

Lui emboitant le pas, le Préfet de l’Ombella-Mpoko, Pascal Pamal, par ailleurs président du Comité de mise en œuvre préfectoral (CMOP) de l’Accord politique pour la Paix et la Réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA) a indiqué que « c’est grâce à ce travail de patience que les deux communautés se côtoient désormais tous les jours sans incident ». En effet, a-t-il rappelé, « les ennemis du peuple centrafricain ont agité le spectre confessionnel comme cause de la guerre entre les centrafricains chrétiens et les centrafricains pratiquant l’Islam. A cause de ces affirmations infondées, des lieux de cultes sont devenus des cibles privilégiées des belligérants de la crise militaro politique ».

Cette rencontre a été l’occasion pour les populations d’exprimer quelques doléances au nombre desquelles, la facilitation du retour des déplacés internes par des activités de sensibilisation, la création d’activités génératrices de revenus, la réhabilitation d’un forage d’eau potable dans le périmètre de la mosquée, la duplication du Pacte de non-agression dans d’autres quartiers dits chauds, la construction du cimetière du quartier Sakai, entre autres.

L’acte significatif du jour, ont soutenu les autorités préfectorales et municipales, communautés religieuses, leaders communautaires et représentants d’institutions présents, mérite d’être « consolidé davantage, afin de servir d’exemple aux autres quartiers et arrondissements dont les administrés ignorent encore les valeurs d’une cohabitation pacifique et le vivre-ensemble, gage du développement durable de notre cher et beau pays la RCA ».

Il est à mentionner qu’outre la réouverture de la mosquée, des sessions de dialogues communautaires rassemblant les jeunes, femmes, leaders communautaires et autorités locales ont été organisées, en plus de l’instauration d’une journée de salubrité autour de la mosquée de Boeing.

 

POC