République centrafricaine : Des routes, des ponts et des bacs pour la protection des civils et le développement local
L'état des routes en République centrafricaine (RCA) demeure un défi majeur pour le développement et la stabilité du pays. Le réseau routier national s'étend sur environ 24 000 km, dont seulement 3 % sont asphaltés. La majorité des routes sont des pistes en terre battue, qui deviennent impraticables pendant les huit mois de la saison des pluies, rendant de nombreuses localités difficilement accessibles. Cette situation complique la circulation des biens et des personnes, entrave la mise en œuvre du mandat de protection des civils de la MINUSCA et limite la capacité d'extension de l'autorité de l'État sur le territoire.
Pour remédier à cette situation, de 2022 à 2025, plus de 120 ponts métalliques ou en bois ont été construits ou réhabilités, entre autres, à Bangui, Obo, Bambari, Bangassou, Berberati, Paoua, Kaga-Bandoro, Bouar, Ndélé, Bria, Birao, Bossangoa. Six bacs ont été réhabilités, comme à Bambari, Obo et Berberati. Cela inclut aussi la construction de 2,5 km de routes asphaltées à Bangui et la réparation de plus de 580 km de routes dans le reste du pays.
Plus de 10,400 millions de dollars (environ 6 milliards de francs CFA) ont ainsi été investis par la MINUSCA au cours des trois dernières années (2022 et 2025), pour la construction et la réhabilitation de routes, ponts et bacs en République centrafricaine (RCA).
Cette contribution de la Mission aide à surmonter les difficultés logistiques qui entravent la circulation dans le pays et à renforcer la mobilité des Forces de défense et de sécurité centrafricaines et des Casques bleus de la MINUSCA. Ces infrastructures, nouvelles ou réhabilitées, améliorent leur capacité à assurer la sécurité et la protection des civils.
En effet, elles permettent d’organiser des patrouilles actives et des opérations conjointes dans les zones à risque.
Au-delà des chiffres et des projets, ce sont les populations locales qui ressentent concrètement l’impact de ces travaux.
À Gbakassa, dans la préfecture de la Lobaye, les efforts conjoints des autorités locales, de la jeunesse et de la MINUSCA ont permis d’améliorer une voie longtemps délaissée.
À l’instar de nombreuses voies du pays, la route reliant Gbakassa à Bimon, dans la commune de Bimbo, était en mauvais état. A l’initiative des autorités locales et grâce au soutien logistique et financier de la MINUSCA, la jeunesse de Bimon s’est investie dans des travaux d’amélioration de la voie. Au grand bonheur des usagers.
Habitant de Bimon, Hugues Stanislas Bollo y entrevoit un impact indéniable. « Elle va véritablement aider nos compatriotes de Gbakassa. C'est une zone agricole qui approvisionne également Bangui. Son accessibilité est donc essentielle », fait-il valoir.
Le chantier a mobilisé une vingtaine de jeunes et des membres de la communauté locale, répartis en quatre équipes chargées du débroussaillage, du terrassement, du remblayage et de l’aménagement du système de drainage pour prévenir l’érosion.
D’autres régions, comme le Haut-Mbomou, connaissent également des transformations grâce à la réhabilitation d’axes routiers. Dans le Haut-Mbomou, la MINUSCA a entrepris la réhabilitation de la route Obo-Bambouti, jusqu'alors impraticable. Les travaux, encore en cours, sont exécutés par le contingent pakistanais de la MINUSCA, avec le soutien de 50 jeunes bénéficiaires du projet de réduction de la violence communautaire (CVR) de la Mission.
Les habitants espèrent le retour de la paix et de la sécurité dans leur localité. Mbolinzapa Carine, résidente du village Zara, exprime son souhait de voir la route réhabilitée jusqu'à Bambouti. Elle affirme : « Avant, c’était difficile de circuler sur cette route, la peur gagnait les esprits. Aujourd’hui, tu peux circuler comme bon te semble ».
Un autre habitant se réjouit de cette initiative : « Auparavant, la circulation sur cette route était réservée aux groupes armés, mais aujourd’hui, il y a un grand changement. Les gens circulent librement, ce qui témoigne du retour de la sécurité sur cette voie. Si les travaux se poursuivent jusqu’à Bambouti, vraiment, je remercie Dieu ».
Dans le même esprit, la MINUSCA a restauré plusieurs ponts dans les préfectures de la Kémo et de l’Ouham-Fafa. En juillet 2024, dans le cadre du projet de réduction de la violence communautaire (CVR), la MINUSCA, a réhabilité quatre ponts sur l’axe Dekoa-Bouca, dans les préfectures de la Kémo et de l’Ouham-Fafa en République centrafricaine.
Le chef du village Télé, Jean Ernest Vincent Ngouyomba, indique que la réparation de ces ponts a diminué le nombre d’accidents sur cette voie. « Désormais, nous n’aurons plus à souffrir de voir des accidents se produire devant nous avec des conséquences graves. Je suis très content de la réparation de ce pont qui est un réel soulagement », a-t-il indiqué.
A Bouar, dans la préfecture de la Nana-Mambéré, où les intempéries détérioraient régulièrement les voies, la demande locale a conduit à une réhabilitation ciblée de tronçons routiers. Le maire de Bouar, Dieu Beni Massina, a sollicité en juillet 2022 le soutien de la MINUSCA pour la réhabilitation de certaines routes, soulignant que « sans routes, il n'y a pas de développement ».
De juillet 2022 à juillet 2025, la Mission, à travers la compagnie de génie militaire péruvien, a réhabilité au moins sept tronçons routiers, couvrant une distance totale de plus de 50 kilomètres, à la grande satisfaction de la population et des autorités.
« Grâce à ces routes rénovées, les habitants de la ville de Bouar peuvent désormais accéder plus aisément à la mairie pour des services administratifs et circuler en toute sécurité dans la ville », a indiqué le maire.
Pour Judith Koïgbé, habitante de la ville, « la réhabilitation des routes a permis de réduire les accidents et de faciliter la mobilité des biens et des personnes ».
Avis partagé par Justin Ngate, conducteur de taxi-moto depuis six ans et membre de l’Association de conducteurs de taxi-motos. « Avant les travaux de réhabilitation des routes de Bouar entrepris par la MINUSCA, il était tout simplement inenvisageable de transporter des patients sur ces routes, car cela aurait compromis leur état de santé. De plus, nous étions constamment exposés à des accidents, et nos motos se détérioraient rapidement. Cependant, aujourd'hui, grâce à l'intervention de la MINUSCA, nous empruntons ces routes avec beaucoup plus de confiance et de sécurité », témoigne-t-il avec satisfaction.
Enfin, dans la préfecture de la Ouaka, la réhabilitation du bac, qui était resté en panne depuis plusieurs mois, permet de relier la sous-préfecture de Kouango aux autres localités de la préfecture., Ce bac constitue un moyen de transport important pour une population estimée à 68 000 habitants. Cet arrêt entravait la circulation de la population et l’économie de la localité.
Le fleuve Ouaka traverse la sous-préfecture de Kouango et sépare la ville des autres localités, comme la petite bourgade de Bombala, située à 97 km de Bambari. Pour relier les deux parties, la population utilise soit des pirogues, soit le bac en panne depuis plusieurs mois.
La réhabilitation du bac était donc une doléance pressante non seulement de la population, mais également des autorités locales. Pour le premier adjoint au maire de la ville, il en va de la performance de l’économie locale. « Nous avons le café, nous avons les bœufs, l’arachide, tout est à Kouango, mais pour faciliter l’écoulement de ces produits, il est nécessaire de remettre en route ce bac », a indiqué Dongba Thierry Martinien.
Des infrastructures pour désenclaver
La réhabilitation de ces infrastructures contribue à l’amélioration de l'accès, à la sécurité, au développement économique, à la réduction des coûts de transport, à la facilitation des échanges commerciaux entre localités voisines, à un accès plus rapide aux services administratifs, de santé et à l’éducation, etc.
Ces diverses projets n’améliorent pas seulement la circulation ; elles génèrent aussi des retombées économiques et sociales pour les communautés locales. Grâce au dispositif Cash for Work, souvent utilisé par la MINUSCA, ces projets contribuent aussi à la création d'emplois locaux et boostent la vente de matériaux locaux de construction.