RCA : le Conseil de sécurité autorise le déploiement de la MISCA, avec l'appui des forces françaises

17 avr 2014

RCA : le Conseil de sécurité autorise le déploiement de la MISCA, avec l'appui des forces françaises

5 décembre 2013 – Le Conseil de sécurité a autorisé, jeudi, le déploiement de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) pour une période de 12 mois. Cette décision a été prise alors que Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA), est, depuis ce matin, le théâtre d'affrontements entre groupes armés.

 

Préoccupé par la détérioration de la sécurité et la « faillite totale de l'ordre public, l'absence de l'état de droit et les tensions interconfessionnelles », le Conseil a, en adoptant à l'unanimité de ses 15 membres la résolution 2127, confié un mandat en plusieurs volets à cette Mission.

 

Appuyée par des forces françaises autorisées « à prendre temporairement toutes mesures nécessaires », la MISCA est notamment chargée de contribuer à protéger les civils et rétablir la sécurité et l'ordre public, à stabiliser le pays et à créer les conditions propices à la fourniture d'une aide humanitaire aux populations qui en ont besoin.

 

Le Conseil de sécurité prie par ailleurs le Secrétaire général de l'ONU de lui faire, sous trois mois, des recommandations sur la transformation éventuelle de la MISCA en une opération de maintien de la paix des Nations Unies. Ban Ki-moon est également prié de créer un fonds d'affectation spéciale auquel les États Membres et les organisations internationales, régionales et sous-régionales pourront verser des contributions financières à la Mission.

 

La résolution prie enfin M. Ban de créer rapidement une commission d'enquête internationale – pour une période initiale d'un an –, chargée d'enquêter sur les violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme qui auraient été perpétrées en RCA « par quelque partie que ce soit » depuis le 1er janvier 2013. Les signalements de violences, y compris de violences interconfessionnelles, n'ont cessé de se multiplier au cours de l'année écoulée.

 

Le Secrétaire général s'est vivement félicité de l'adoption de cette résolution.

 

« C'est une étape importante et opportune qui traduit la détermination de la communauté internationale à répondre à la crise. Il est urgent que la résolution 2127 soit maintenant mise en œuvre avec la plus grande célérité pour que des souffrances, une insécurité et des violences supplémentaires soient épargnées au peuple centrafricain », indique la déclaration transmise par son porte-parole.

 

La résolution d'aujourd'hui instaure par ailleurs, pour une période initiale d'un an, un embargo pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert à la RCA d'armements et de matériels connexes de tous types. Un comité des sanctions sera chargé, en particulier, de veiller au respect, par tous les États Membres, dudit embargo.

 

 

« La situation que nous vivons est inacceptable », a dénoncé aujourd'hui le Représentant spécial du Secrétaire général pour la RCA, le Général Babacar Gaye, au nom des Nations Unies, de l'Union Africaine, de l'Union Européenne et de la France.

« Depuis ce matin, Bangui est le théâtre d'une attaque en règle menée par des éléments armés non identifiés. Cette attaque a entrainé des pertes en vies humaines et des assassinats ciblés. Nous exhortons les autorités centrafricaines de transition à prendre leurs responsabilités pour faire immédiatement cesser les combats et assurer le retour au calme. »

Depuis quelques mois, la RCA, engagée dans une délicate transition politique sur fond de crise humanitaire aigue, est de nouveau secouée par des affrontements armés, cette fois-ci entre des éléments de l'ex-Séléka et des miliciens anti-balaka.

 

Constituée en août 2012, la Séléka était une coalition de partis politiques et de forces rebelles opposés au Président François Bozizé, qu'elle a contraint à quitter le pouvoir en avril 2013. À l'origine des groupes d'autodéfense, les anti-balaka se sont ligués contre les miliciens de la Séléka, après les exactions commises par ces derniers dans le pays. Ils sont issus d'une population centrafricaine à 80% chrétienne, alors que la Séléka est principalement formée de musulmans.

 

Le 8 novembre dernier, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, avait lancé une mise en garde contre le cycle d'attaques et de représailles qui risque de faire basculer la République centrafricaine dans un nouveau conflit meurtrier.