Redynamiser l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature

12 fév 2016

Redynamiser l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature

Unique institution étatique chargée de la formation et du perfectionnement des cadres de l’administration publique centrafricaine, l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) est des magistrats et des auxiliaires de justice éprouve de réelles difficultés à assurer sa mission. Afin d’avoir une meilleure compréhension de ses besoins et dans la perspective de contribuer à son renforcement institutionnel et technique la MINUSCA, à Section des Affaires judiciaires et pénitentiaires et dans le cadre de l’exécution du Projet conjoint (MINUSCA-PNUD-ONUFEMMES), a dressé un état des lieux de ladite institution sous forme de rapport.

Ce rapport, qui identifie les difficultés de fonctionnement de cette institution, non seulement en termes de moyens matériels mais aussi en ressources humaines, a fait l’objet, du 11 au 12 février, d’un atelier dont l’objectif est de valider le diagnostic et élaborer un plan de renforcement institutionnel et opérationnel de l’ENAM. C’était en présence du ministre chargé du secrétariat général du gouvernement et des relations avec les institutions, Jean Marc Mokopete, du Chef de la Section des affaires judiciaires et pénitentiaires, Franck Dalton, et du directeur général de l’ENAM, Alexis N’Dui-Yabela.

En effet, comme le souligne ce rapport,  « le recrutement des candidats non fondé sur des critères de compétence, l’inexistence du curriculum de la formation initiale, le personnel enseignant constitué exclusivement des vacataires et l’inexistence d’un corps de formateurs suffisamment qualifiés (…) un organigramme statique de l’école, l’absence de divisions académiques spécifiques et de ressources humaines propres à chaque domaine » figurent au nombre des anomalies à rectifier.

Magistrat et ancien élève de l’ENAM (de 1997 à 2000), Yves Kokoyo-M’Bomba indique que la « faillite de son ancienne école » a pour cause « le recrutement des élèves non méritoires. » Pour lui, une école d’élite comme celle-là devrait privilégier des élèves brillants capables de relever le pays.  Un avis que partage l’ancien directeur général de l’ENAM, Daniel Kosse, qui estime que le déclin de l’ENAM dépend entre autres de « la perte des valeurs alors qu’elle était la porte du savoir national, la mémoire de l’administration centrafricaine. » Et de proposer une « révision des statuts de cette institution pour l’adapter aux nouvelles exigences actuelles. »

Les travaux de l’atelier s’articulent donc autour de trois points : l’inadéquation entre le cadre statutaire et la réalité organisationnelle et fonctionnelle de l’ENAM ; les besoins matériels et l’état physique de certaines structures essentielles au bon déroulement des activités académiques et pédagogiques de l’ENAM; et les perspectives et recommandations en vue d’un renforcement institutionnel et technique de l’ENAM.

A l’issue d’échanges interactifs, les participants ont dégagé plusieurs recommandations, au nombre desquelles « la révision du décret portant fonctionnement et organisation de l’ENAM, la transparence dans la désignation de l’équipe dirigeante de cette école et la mise en place d’un conseil d’administration ». Autres préoccupations, « le renforcement de la sécurité de l’ENAM, la réhabilitation de l’internat, ainsi que la construction du réfectoire, de la bibliothèque, de la salle informatique, d’un amphithéâtre, des terrains de sports et le transport des élèves externes. Mais aussi l’autonomie énergétique de l’ENAM, l’installation d’une connexion internet à haut débit, la recherche des sources diversifiées de financement, les stages de voyages d’études, la création d’une direction chargée de la coopération, l’élaboration des projets, le paiement régulier des enseignants et des formateurs. »

Sur le plan académique et pédagogique, ils ont plaidé en faveur de partenariats avec plusieurs structures, dont l’Université de Bangui, des institutions homologues d’autres pays, et des organisations internationales y compris des agences des Nations-Unies et des Ambassades. La diversification et l’amélioration des filières de formations et la révision des programmes académiques ont, en outre, été suggérées sans oublier la révision des critères de recrutement des enseignants, dont les performances pourront désormais être évaluées.

Lors de l’ouverture des travaux de l’atelier, le directeur général l’ENAM a rappelé qu’avec la crise, cette institution a été sauvagement pillée  et tombée en ruine. Et de se réjouir qu’« à la fin de cet atelier, je disposerai d’un document fiable afin d’envisager le redressement de cette institution. » Le Ministre chargé du secrétariat général du gouvernement et des relations avec les institutions a, lui, inscrit l’utilité de cet atelier dans le fait de permettre d’actualiser le cadre de fonctionnement de l’ENAM : « La finalité est que les citoyens vont accéder à une justice équitable. » Quant au Chef de la Section des Affaires judiciaires et pénitentiaires de la MINUSCA, il a signalé que la Mission envisage d’instaurer la formation continue au bénéfice des magistrats en activités pour améliorer leurs bonnes prestations.

Il convient de rappeler qu’au nombre des tâches prioritaires de la MINUSCA figurent l’appui à l’extension de l’autorité de l’Etat et le renforcement des capacités de l’appareil judiciaire afin que celle-ci soit en mesure de lutter plus efficacement contre l’impunité.