Reportage : des observatrices militaires de la MINUSCA au contact des populations

4 nov 2021

Reportage : des observatrices militaires de la MINUSCA au contact des populations

Noam Assouline

Pounambo, le 02 octobre 2021 – Un pick-up lourdement armé du bataillon camerounais quitte le camp de Paoua tôt ce samedi matin. Objectif: escorter les observateurs militaires des Nations Unies (MILOBS) jusqu’au village de Pounambo à 14 kilomètres au sud de Paoua. Les MILOBS travaillent sept jours sur sept, en contact direct avec la population. Souvent basés en zones reculées, ils collectent des informations précieuses sur le terrain et recueillent les besoins des communautés.

Depuis 1948, la première opération de maintien de la paix créée par les Nations Unies, la Mission de l’Organisation des Nations Unies de surveillance de la Trêve (ONUST) a ouvert la voie à 71 autres missions de maintien de la paix dans laquelle la composante MILOBS est une clef maitresse pour la bonne conduite des opérations. Changeante selon les besoins et le mandat les observateurs ont pour rôles d’observer, de surveiller et de rendre compte en temps et en heure avec précision des informations sur le terrain. Sur terre, air ou mer ces Casques bleus non armées sont présents sur tous les terrains et veillent au respect des accords de cessez-le-feu ou de paix, comptabilise les violations des droits de l’homme, et sont un outil important dans les mécanismes d’alerte précoce des conflits armés. Les MILOBS appuies aussi toutes les sections civiles des Missions onusiennes, comme c’est le cas à la MINUSCA en Centrafrique durant le processus électoral.

Les Capitaines F. et G. sont détachées dans l’Ouham Pendé. Uniforme de travail impeccable (l’appellation militaire pour designer la tenue de combat), le camouflage « léopard » de leurs tenus dites de combat, est similaire, un reste symbolique des guerres d’indépendances. Les jeunes officiers de carrières, une Béninoise et une Zimbabwéenne sont respectivement issus de l’armée de l’air et de l’infanterie. Gradées de l’administration militaire, elles ont mis en place une grille de questions afin d’établir une collecte d’informations pour établir des rapports cohérents, car l’un des défis des observateurs militaires est qu’ils ne sont pas tous francophones. Il n’empêche que ces officiers supérieurs, chacun à leurs niveaux, apportent une expertise et des échanges interarmes et internationaux sans précédents.

Arrivée en Centrafrique il y a moins d’un an les deux capitaines ont rejoint en 2006 les rangs d’armées qui n’envoient que des femmes comme MILOBS aux Nations Unies. « Il y a en effet une volonté de nos pays de féminiser ces missions » se rappelle le Capitaine G. « c’est d’ailleurs au cours d’une formation d’ONU Femme que j’ai pris connaissance du rôle des observateurs militaires des Nations Unies, et de la possibilité de partir en tant que femme Casque bleu ».

Malgré la féminisation des armées qui s’opèrent dans le monde entier, s’imposer en tant que femme dans un milieu d’homme n’est pas toujours simple. Selon le Capitaine F. « nous devons redoubler d’effort, dans nos pays pour faire une carrière ; ici le défi principal est la différence culturelle, avec nos collègues qui viennent du monde entier et avec les populations ».

Néanmoins, comme le rappel l’officier G. « en tant que femme, nous avons automatiquement un contact serein et naturel avec nos sœurs ».

En effet à Paoua et dans la sous-préfecture, les échanges avec les femmes sont riches. Au marché de Paoua, les bérets et casquettes bleus contrastes avec la couleur des quelques condiments disposés sur les étalages devant lesquelles se tienne des vendeuses en pagne. Les échanges sont francs et chaleureux, le contenu de la discussion est quelque fois rude, car nos observatrices font directement face aux besoins de ces femmes; et ces rencontres sont parfois le seul moyen d’être écoutées. « A mi-parcours de mon déploiement en Centrafrique, dit le Capitaine F., à chacune de nos patrouilles, je fais face à des femmes qui, bien que dans la souffrance, se montrent résiliente ; c’est une leçon de vie quotidienne donnée par nos sœurs centrafricaine ».

La Centrafrique compte 147 MILOBS provenant de 38 pays. Parmi eux 41 sont des femmes déployées sur tout le territoire.