Séance de sensibilisations à Bouar

4 avr 2016

Séance de sensibilisations à Bouar

A Bouar, chef-lieu de la Nana-Mambere, les jours se suivent et se ressemblent. Devant le vieux bâtiment de la Jeunesse Pionnière Nationale, en état de délabrement assez avancé, sis au quartier Camp de Roux, à la périphérie de la ville, se massent des jeunes, une centaine, hommes et femmes, tous engagés dans les travaux à haute intensité de main d’œuvre de la MINUSCA DDR. « Mon objectif est d’apporter ma pierre à la réhabilitation de cet édifice historique», soutient ce jeune ex-combattant très enthousiaste.

Ici, les tâches sont bien réparties et le rythme de travail soutenu. Sous l’œil vigilant des superviseurs, certains se chargent de la fabrication de briques, d’autres s’activent dans la confection de fours. Pendant que les plus expérimentés parmi eux veillent au respect des normes techniques, les plus jeunes font des allers et retours incessants pour le transport du sable et le concassage du basalte. Des matériaux essentiels pour la réhabilitation de cette bâtisse imposante à l’architecture coloniale.

Ces journées de sensibilisation, organisées par la MINUSCA DDR, mettent en exergue l’importance du pré-DDR et son impact sur le vécu des combattants et des populations locales. Elles servent de cadre idéal au chef du bureau régional de la section DDR à Bouar, Anatole Bannem, pour expliquer les efforts de DDR. « La réintégration communautaire consiste à fournir une aide socio-économique aux ex-combattants et aux membres de la communauté, sans oublier les jeunes en situation précaire, les femmes vulnérables et les personnes handicapées, par le biais de sous-projets visant l’autosuffisance. Ces sous projets comprennent entre autres l’agriculture, l’élevage, le petit commerce, la mécanique, plomberie, la menuiserie, etc. » soutient-il.

Interpellé longuement par les ex-combattants sur leur intégration dans les corps en uniforme, le représentant de la MINUSCA DDR a expliqué que « les combattants démobilisés non inculpés de violations des droits de l'homme et de crimes de guerre auront la possibilité de se porter candidat à l'intégration dans les institutions de l'Etat, notamment l'Armée, la Police, la Gendarmerie, les Eaux et Forêts, la Douane. La sélection suivra l'application stricte des critères d'éligibilité définis et agréés lors du Forum de Bangui et les besoins de recrutement de chaque institution. Le processus se déroulera sous l'entière responsabilité du Gouvernement. Les ex-combattants qui optent pour l'intégration, mais qui ne répondent pas aux critères de sélection ou ne parviennent pas à passer les tests de recrutement nationaux, seront redirigés vers la réintégration communautaire ».

Prenant la parole au nom de ses camarades, le Secrétaire général de la Coordination préfectorale des Anti Balaka de Bouar, Patrick Boutele-Zemba, a salué vivement les opérations du pré-DDR. Sans détour, il met en relation les activités de THIMO et l’amélioration de la situation sécuritaire dans la capitale de la Nana Nambere. Pour lui, l’occupation des jeunes combattants a fortement contribué à la diminution des vols et braquages dans la ville et sur le long des axes routiers. « Maintenant, tout le monde travaille pour gagner sa vie. En plus de l’argent que nous gagnons, nous recevons de la nourriture. Pour moi l’intérêt est double » affirme-t-il. Avant de poursuivre: « Nous ne sommes pas des rebelles. Maintenant que la situation est stable, nous ne voyons plus la raison de garder par devers nous les armes. Voilà pourquoi nous avons pris la décision de remettre les armes à la MINUSCA et d’engager nos éléments dans les opérations du pré-DDR ».

Sur son trente et un, le Coordinateur préfectoral des Anti Balaka de Bouar, Belo Michel, s’est servi de cette tribune pour inviter ses camarades ex-combattants au travail, à la discipline et au respect du code de conduite établi par le comité local de suivi des activités du pré-DDR. Ainsi les exhorte-t-il à penser à leur avenir et à celui de leur communauté. « Penser à votre avenir».