Un projet de principe sur la sécurité nationale en Centrafrique remis au gouvernement

7 déc 2015

Un projet de principe sur la sécurité nationale en Centrafrique remis au gouvernement

Ouverts le 03 décembre 2015, les travaux de la Table ronde sur la sécurité nationale organisée conjointement par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et le gouvernement centrafricain ont été clôturés ce dimanche 06 décembre par la lecture d’un projet de principe sur la sécurité nationale.

La Table ronde a réuni 120 représentants des forces vives de la nation, du gouvernement,  des groupes armés, des plateformes politiques, de la société civile et des différentes confessions religieuses, de même que plusieurs personnalités de la MINUSCA, du gouvernement, et du corps diplomatique.

A la cérémonie de clôture , l’on pouvait noter la présence du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en République Centrafricaine et Chef de la MINUSCA, Parfait Onanga-Anyanga et du Ministre d’Etat chargé de l’Energie et de l’Hydraulique, Aristide Sokambi , représentant le Premier Ministre Mahmat Kamoun. Mais également, plusieurs membres du corps diplomatique, dont l’Ambassadeur de France, Charles Malinas et celui de la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC), Adolphe Nahayo.

Le projet de principe sur la sécurité nationale met l’accent sur trois secteurs clefs à savoir la défense, la sécurité intérieure et la justice. Les participants à la Table ronde ont décidé d’agir sur ces trois piliers majeurs en reconnaissant la possibilité de faire évoluer ultérieurement leur architecture et leur fonctionnement en vue d’ une approche globale de la sécurité en Centrafrique, reposant sur les grands principes internationaux, régionaux et sous régionaux et résolument tournés vers l’intégration dans le monde moderne.

Ils ont également affirmé les grands principes intangibles à savoir une forme républicaine et durable de la sécurité avec un contrôle démocratique précis et normatif du pouvoir politique légitime sur les acteurs de la sécurité et avec l’obligation de rendre des comptes aux centrafricains et aux autorités administrative, judiciaire et législative compétentes. Une sécurité caractérisée par la non politisation et la neutralité confessionnelle des acteurs, l’équilibre, la transparence et la non-discrimination ; une bonne gestion des ressources humaines ; un engagement financier et budgétaire réaliste au profit des acteurs. Aussi, une exigence éthique de la sécurité avec pour souci majeur, l’exemplarité comportementale et fonctionnelle des acteurs,  de même que la mesurabilité de  leur performance.

En outre, les participants ont suggéré une conception humaniste de la sécurité fondée sur le respect des Droits de l’Homme, le Droit International Humanitaire et de l’Etat de droit par les acteurs et à leur profit, leur représentativité culturelle, régionale, ethnique et en termes de genre en vue de leur promotion sociale et civique. En plus, les participants ont proposé une forme de sécurité adaptée à l’environnement national, régional et international avec notamment des autorités politiques privilégiant la compétence et le professionnalisme, dans une stratégie globale qui intègre et coordonne tous les départements ministériels concernés par les questions de sécurité. Mais aussi une définition et délimitation claire des compétences et des missions entre les forces de défense et de sécurité intérieure. Ils ont également exigé la non-interférence des forces armées centrafricaines dans la sécurité publique, sauf dans leur rôle de soutien en cas de crises, la répartition équilibrée des forces de défense et de sécurité sur toute l’étendue du territoire national.

Les participants ont aussi exigé un contrôle démocratique des forces de défense et de sécurité exercé par la société civile, sans oublier leur subordination aux institutions démocratiques. Enfin ils ont  fait la recommandation que les autorités élues à l’issue des élections, de même que  les acteurs du secteur de la sécurité s’inspirent de ces grands principes dans la mise en œuvre de tout le processus de réformes engagées, dans l’intérêt supérieur de la nation centrafricaine.

Le Représentant du Secrétaire général des Nations Unies en République Centrafricaine et Chef de la MINUSCA, Parfait Onanga-Anyanga a remercié les autorités centrafricaines, et particulièrement la Cheffe de l’Etat de Transition Catherine Samba Panza pour avoir honoré les recommandations du Forum de Bangui tenu du 4 au 11 mai 2015, en mettant en place les conditions nécessaires pour la tenue de cette table ronde. Pour lui, les participants ont échangé avec passion et sérénité, ce qui a  facilité la sortie de ce projet marquant une nouvelle ère pour mettre fin à la dérive sécuritaire qui emporte régulièrement des vies des innocents : « Je salue ces efforts déployés et l’esprit de compromis qui vous ont amené à de bonnes conclusions. » Le Chef de la MIMNUSCA a salué cette ouverture d’esprit ayant permis de constater que les Centrafricains peuvent s’asseoir ensemble, discuter avec sérénité et décider de l’avenir de leur pays.

Parfait Onanga-Anyanga a souhaité que ce projet de politique de sécurité nationale en Centrafrique puisse permettre, dans l’avenir, une indépendance de la justice pour une meilleure lutte contre l’impunité. C’est, d’après lui, un projet qui doit interpeller les autorités actuelles de Transition et celles qui seront issues des urnes. Il a, enfin, demandé à toute la communauté internationale en l’occurrence les Nations Unies, l’Union Africaine, la CEEAC, et les pays amis, à accompagner les autorités qui sortiront bientôt des urnes.

Le Ministre d’Etat chargé de l’Energie et de l’Hydraulique, Aristide Sokambi a souligné que ce projet de principe sur la sécurité nationale est un acte d’importance capitale qui va renforcer les domaines de la gouvernance et de la sécurité. « Je vous assure que le gouvernement mettra tout en œuvre pour que les conclusions de cette table ronde soient mises en pratique pour la reconstruction du pays », a-t-il assuré.

A travers son mandat, la MINUSCA fournit une orientation stratégique et une assistance technique aux autorités de transition relatives au secteur de la sécurité. Cela va, en l’occurrence, de la future architecture sécuritaire à la gouvernance du secteur de la sécurité.