16 jours pour sensibiliser la RCA sur les violences faites aux femmes et aux filles

13 déc 2016

16 jours pour sensibiliser la RCA sur les violences faites aux femmes et aux filles

La violence basée sur le genre constitue en Centrafrique, à l’instar d’autres pays, une vive préoccupation. Et pour cause, le troisième rapport public, conjointement élaboré par la MINUSCA et le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme (HCDH) sur la période du 1er juin 2015 au 31 mars 2016, fait mention de nombreuses violation de droits de l’homme, dont un nombre élevé concerne les violences basés sur le genre.

A titre d’illustration, durant cette période, ont pu être documentés 67 cas de violences sexuelles liées aux conflits, affectant un homme, 43 femmes et 23 filles, manifestées sous la forme de « viols, de viol collectif, de tentative de viol et d'autres formes d’abus ».  Par ailleurs, 109 cas de violations et abus ont été commis « contre les personnes accusées de pratiquer la sorcellerie, dont des exécutions arbitraires et des traitements cruels, inhumains et dégradants. Ces exactions ont affecté 125 victimes, dont 74 femmes, 33 hommes ».

C’est dans ce contexte que s’est déroulée, à l’échelle du pays, l’édition 2016 des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles, du 25 novembre au 10 décembre.

A  cette occasion, la section des droits de l’homme de la MINUSCA, en collaboration avec celle de la Communication et de l’information publique, l’Unité Genre de la MINUSCA et la Police des Nations Unies (UNPol), des agences, fonds et programmes de l’ONU, a mené diverses activités pour sensibiliser les populations contre les violences en tout genre faite aux femmes et aux filles. Plusieurs autres partenaires y ont pris part, au nombre desquels le Ministère des Affaires sociales et des ONG nationales et internationales. Des initiatives qui ont réuni divers participants aussi bien à la capitale que dans les villes de l’intérieur du pays.

A Bangui, des ateliers de sensibilisation publique et des conférences ont été organisés sur les thèmes des violences liées aux rites de veuvage, les droits de la femme, la promotion de l’éducation des filles, les allégations de sorcellerie et les phénomènes de justice populaire. Des sensibilisations contre  les abus et exploitations sexuelles ont eu également lieu sur les sites de personnes déplacées internes, dans des établissements scolaires et dans des marchés de Bangui. Un match de foot a été organisé au cours duquel les participants ont été sensibilisés sur le fléau.

A Kaga Bandoro, la section des droits de l’homme a organisé, du 7 au 10 décembre,  un marathon de trois jours, pour sensibiliser le public sur la façon de protéger et d'autonomiser les femmes. Dans cette ville très affectée par un regain de violence, les femmes ont pris part massivement à l’activité. Plus de 400 femmes et des dizaines d’hommes ont ainsi été sensibilisés sur les droits des femmes et des jeunes filles.  Egalement, plus de 200 déplacées et 40 leaders communautaires ont été sensibilisés sur le thème.

Des séances de  sensibilisation et  des causeries-débats ont été également organisées  à Berberati, sur le viol, les agressions sexuelles, physiques, le mariage forcé, le déni de ressources et les violences psychologiques.  En effet, comme l’explique le président du Tribunal de première Instance de Berberati, Gaveaux Bonaventure, « le déficit de mariage, la pauvreté, l’alcool, la drogue, l’infidélité, l’analphabétisme et le manque d’information sont les causes principales des violences basées sur le genre dans la ville de Berberati ». « Pour mettre un frein à cela, il faut multiplier les sensibilisations de proximité dans les communautés au fin fond des villages ».

Au cours de ces sensibilisations, l’accent a été mis sur le référencement judiciaire et les victimes ont été invitées à signaler les cas de violences basées sur le genre et à éviter les règlements à l’amiable. « Il est important que les cas de violences basées sur le genre soient signalés aux autorités compétentes pour engager des poursuites judiciaires et initier une prise en charge psychologique des victimes pour éviter des séquelles », a expliqué Ousmane Mahamat, Officier des droits de l’homme dans la localité, avant d’ajouter que « le règlement à l’amiable ne peut pas réparer les préjudices d’un cas de viol par exemple ».

En plus des sensibilisations, les populations de Berberati ont suivi une projection du film « L’homme qui répare les femmes », qui retrace les violences sexuelles en RDC et le travail incroyable abattu par le docteur Denis Mukwege pour redonner espoir aux victimes.

A Paoua, c’est en collaboration avec le HCR, Oxfam, OCHA et PAM, que la MINUSCA a sensibilisé la population. Elèves de différents institutions scolaires ont été sensibilisés sur l’établissement de relations saines à la maison, à l’école et dans la communauté, et comment prendre une part active dans la lutte contre les violences basées sur le genre.

Dans les différentes activités, les préoccupations des femmes ont principalement tourné autour de l’irresponsabilité des conjoints, la stigmatisation des mamans des enfants issues de viols, le refus de certains parents de payer la scolarité des filles au détriment des garçons, etc. Fort heureusement, des plaidoyers seraient en cours pour réviser le code de la  famille en RCA afin de protéger davantage les femmes.