Bangassou : établir les faits sur les violations des droits de l'homme et promouvoir le dialogue

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17 avr 2014

Bangassou : établir les faits sur les violations des droits de l'homme et promouvoir le dialogue

Le BINUCA a organisé, le 08 octobre 2013, via sa section des droits de l’homme et justice, une mission d'établissement des faits relatifs aux violations des droits de l'homme dans la ville de Bangassou (préfecture du Mbomou), à l’Est de la RCA, à quelques 750 km de Bangui.

La mission, qui a également vu la participation du PNUD, de l’UNICEF, des acteurs locaux de Bangassou, ainsi que des représentants des communautés chrétiennes et musulmanes, visait à documenter tout cas de violation des droits de l’homme récemment survenus dans la ville, encourager la réconciliation et promouvoir le dialogue entre les communautés.

Sur place, il s’est agi de rencontrer les autorités locales et religieuses afin d’avoir une connaissance factuelle de la situation générale dans la ville, vérifier les cas de violations des droits de l’homme, recueillir les témoignages d’acteurs locaux et de victimes, mais aussi identifier les interlocuteurs clefs et leaders locaux au sein des communautés religieuses en vue d’amorcer un dialogue constructif pour la paix et la stabilisation de la région.

La délégation s’est adressée à une population encore choquée d’avoir vécu des mois durant dans la peur et subi des atrocités des éléments des ex-Séleka qui avaient investi la localité depuis le mois de mars. Les témoignages ont fait état de braquages des populations, rackets des commerçants, pillages de domiciles, arrestations arbitraires, meurtres et viols. Rien qu’au Lycée Saint Pierre Claver, 16 cas de jeunes filles violées ont été enregistrés dont 6 enceintées que les responsables religieux gèrent du mieux possible avec les parents. Cependant, a tenu à préciser l’Abbé Alain-Blaise Bissialo, « aucune communauté n’a été épargnée. Aussi bien chrétiens que musulmans ont été victimes de ces exactions ».

D’autres informations recueillies ont fait état de distributions d’armes à certaines populations par les ex-Seleka, ce qui aurait contribué à attiser les tensions entre les communautés. La découverte des cadavres de cinq jeunes gens, dont quatre vraisemblablement tués par balles, a mis le feu aux poudres, occasionnant la révolte des habitants, lesquels ont soit érigé des barricades soit trouvé refuge dans la brousse.

Les populations de Bangassou n’ont pas caché leur soulagement suite à l’arrestation, la veille, par les autorités gouvernementales d’une trentaine des membres des ex-Seleka qui étaient supposés semer la terreur dans la région, et dont les principaux leaders avaient immédiatement été ramenés à Bangui. Dans les locaux désaffectés de la Brigade de Recherches et d’Investigations de Bangassou, une vingtaine d’autres éléments, parmi lesquels des mineurs, attendaient encore leur transfert vers la capitale.

La délégation a pu apprécier l’important travail de médiation mené sur place par les responsables religieux locaux qui s’était constitué en comité pour promouvoir le dialogue et la réconciliation, contribuant ainsi à éviter le pire. « Nous devons tourner la page, n’a eu de cesse de marteler l’Evêque du diocèse de Bangassou, Mgr. Juan Jose Aguirre. Nous devons nous pardonner mutuellement pour vivre en paix parce que la Centrafrique est notre patrie à tous ! ». L’Archevêque de Bangui, Monseigneur Dieudonné Nzapalaïnga, et le président de la Communauté islamique centrafricaine, l'Imam Oumar Kobina ont, tous deux, soutenu cet engagement par des messages d’apaisement aux communautés, les invitant également au dialogue et au pardon mutuel.

Pour sa part, la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général de l’ONU, Coordinatrice humanitaire et de développement et Représentante du PNUD, Mme Kaarina Immonen, a tenu à présenter les condoléances de l’ONU aux différentes communautés affectées et souhaité que la paix se consolide dans la localité. « Nous reviendrons dans quelques semaines, a-t-elle assuré, avec de l’assistance humanitaire dont des médicaments pour les populations, mais également pour marquer ensemble la Journée des Nations Unies ».

Déjà, des habitants qui, la veille encore avaient trouvé refuge dans la brousse, ont commencé à rentrer ; des barricades ont aussi été enlevées ; ce qui semble signifier une baisse de tensions progressive. 120 militaires de la FOMAC sont aussi dépêchés sur place pour y assurer la sécurité, en renfort aux forces militaires de la zone.

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