Bertrand Njanja Fassu : Une transhumance apaisée passe par la collaboration de tous les acteurs

10 oct 2024

Bertrand Njanja Fassu : Une transhumance apaisée passe par la collaboration de tous les acteurs

 

À l'approche de la période officielle de transhumance en République centrafricaine, la préfecture de Lim Pende, particulièrement concernée par cette activité, a organisé une conférence avec l'appui de la MINUSCA, de l'OIM et de Concordis International. Les 8 et 9 octobre 2024, les acteurs impliqués dans la transhumance se sont réunis pour discuter de solutions visant à prévenir le vol de bétail, la destruction des cultures et les violences associées à cette pratique. À l'issue des travaux, Bertrand Njanja Fassu, Directeur de la Division des Affaires Politiques de la MINUSCA, a partagé son analyse sur les enjeux de cette rencontre avec Radio Guira FM.

 

Question : Pourquoi ce soutien financier et logistique de la MINUSCA pour la Conférence préfectorale pour une transhumance apaisée de Lim Pende ?

 

Bertrand Njanja Fassu : Depuis la Conférence Nationale de Haut Niveau du 13 mai 2024, qui s’est tenue à Bangui sous le haut patronage du Président Faustin Archange TOUADERA, la cheffe de la MINUSCA avait déjà mobilisé toute la Mission pour s’assurer que toutes les recommandations de cette conférence soient mises en œuvre. Et dans ce cadre, la MINUSCA s’est engagée à accompagner les autorités non seulement au niveau national, mais au niveau de toutes les préfectures afin de s’assurer que nous puissions mobiliser nos efforts pour soutenir une période de transhumance apaisée et prospère. Et c’est dans ce sens que nous sommes ici à Paoua pour cette conférence préfectorale, au cours de laquelle les participants ont, dans le prolongement de la conférence nationale, continué à réfléchir, mais aussi et surtout à apporter des réponses spécifiques au contexte de Lim Pende, à définir des solutions et mécanismes qui permettent d’éviter les conflits liés à la transhumance.

 

Q : Est-ce que la MINUSCA va également s’investir pour la réalisation de la vingtaine de recommandations issues de cette conférence ?

 

R : Comme elle l’a fait depuis la conférence nationale de haut niveau, la MINUSCA accompagne le Gouvernement et les autorités centrafricaines dans la mise en œuvre de toutes les recommandations. Bien sûr, la plupart de ces recommandations relèvent d’abord de la responsabilité du gouvernement. Mais bien sûr que la MINUSCA sera toujours là pour accompagner les autorités et les acteurs dans le domaine de la transhumance afin que nous puissions trouver des solutions pratiques pour assurer une transhumance apaisée et prospère. C’est d’ailleurs pour cela que vous avez vu, dans la liste des recommandations lues par les participants, que la majorité sont des actions à entreprendre par les différents acteurs. Et bien sûr que là où il y a besoin de soutien, la MINUSCA sera toujours prête à évaluer les besoins et apporter le soutien.

 

Q : Quel regard portez-vous sur les deux journées d’échanges ?

 

R : J’ai d’abord apprécié la franchise des discussions parce qu’on avait des acteurs de tous les secteurs : les autorités administratives, les Forces de défense et de sécurité, les organisations de la société civile, mais aussi les représentants des éleveurs et des agriculteurs, en plus des différentes organisations et institutions impliquées dans le secteur. J’ai d’abord été très impressionné par la connaissance du contexte spécifique de Lim Pende. Parce que les discussions étaient précises, elles identifiaient des problèmes avec des références spécifiques aux expériences que les uns et les autres partageaient. Mais il y avait aussi une ouverture d’esprit. Quand on suit les discussions pendant les deux jours, on se rend compte que même quand il y avait des différences de point de vue, les uns et les autres étaient prêts à écouter, mais aussi à approfondir la réflexion et la compréhension afin de pouvoir définir ensemble une solution qui soit adaptée. J’ai été très impressionné par la présentation des recommandations qui ressortaient des travaux des six groupes et aussi par le fait que ceux qui n'avaient pas participé dans les groupes spécifiques étaient très à l’aise pour rajouter des éléments importants dans les discussions des groupes auxquels ils n’ont pas participé. Et je suis confiant que si tous les acteurs se mobilisent comme ils l’ont fait pendant ces deux jours, et qu’ils restent alertes et au contact de la réalité pendant cette saison de la transhumance, on aura une saison de transhumance apaisée et on pourra continuer à travailler pour que la transhumance devienne quelque chose qui contribue à faire prospérer l’économie de la République centrafricaine.

 

Q : Est-ce que c’est à travers des conférences de ce genre que la transhumance sera finalement apaisée ?

 

R : Je pense que la conférence est l’occasion de réunir les acteurs pour qu’ils puissent ensemble réfléchir à des pistes de solution. Ce n’est pas seulement la conférence qui apporte la solution au problème. Ce qui ressort des discussions, c’est donc le fait que les participants s’accordent sur la nécessité de travailler ensemble. De pouvoir, dès qu’il y a une tension ou un conflit, se mettre ensemble autour des autorités administratives, notamment à travers des mécanismes existants comme les Comités de mise en œuvre préfectoraux, afin de pouvoir utiliser ces mécanismes pour apaiser les tensions et permettre qu’on puisse effectivement vivre une période de transhumance apaisée et prospère.