28 nov
2024
Bocaranga : Au Cœur des monts Yadé et des richesses naturelles
Nichée entre les monts de la région de Yadé, dans la préfecture de l’Ouham-Pendé, au nord-ouest de la République centrafricaine (RCA), la ville de Bocaranga s’étend sur 5 620 km² et compte 101 859 habitants, selon le Recensement Général de la Population et de l'Habitation de 2003. Située à 510 km de Bangui, la capitale, Bocaranga est accessible via Bozoum et se trouve à cheval entre les frontières que la RCA partage avec le Tchad et le Cameroun.
Origine et histoire
Le nom "Bocaranga" provient de la langue Gbaya : Bo-gara-ngaï, qui signifie "construire ou former – communauté ou ville – force ou défense". Entre 1830 et 1840, les Gbaya, originaires du nord-est du Cameroun, ont fui les raids esclavagistes des troupes d’Ousman dan Fodio, se scindant en petits groupes pour échapper à leurs poursuivants. Aujourd’hui, cette ethnie est répartie dans toute la sous-région d’Afrique centrale.
Fondé dans les années 1900, Bocaranga doit son nom à l’ethnie Gbaya, à qui les colons avaient confié, involontairement, la responsabilité administrative de la région. Le village a été cédé au Kamerun allemand en 1911 avant de revenir sous administration française en 1914. En 1961, Bocaranga est devenue une sous-préfecture de la République centrafricaine indépendante.
Diversité culturelle et économique
Bocaranga est un véritable carrefour ethnique, abritant des populations Gbaya, Pana, Tali, Haoussa, Foulani, et bien d’autres. Ces communautés partagent trois principales religions : le christianisme, l’islam et l’animisme. Le dialecte Gbaya reste la langue la plus parlée.
Sur le plan économique, la ville repose sur l’agriculture, l’élevage, le commerce, la chasse traditionnelle, la pêche et l’exploitation de l’or. Malgré son relief montagneux, Bocaranga est riche en cours d’eau, ce qui favorise certaines activités comme la pêche et l’irrigation agricole. Les rivières Lim, Ngou, Mbéré, Ouham et Tibine, ainsi que leurs affluents, traversent la région, et certaines prennent leur source dans le massif de Yadé.
Patrimoine naturel
Le massif de Yadé, qui inclut les monts Yadé (1 420 m) et Toma (1 117 m), est un élément emblématique de la région. Les grottes des monts, autrefois refuges durant les invasions coloniales, sont aujourd’hui des ressources vitales : celle de Gbagama alimente en eau l’hôpital de Bocaranga.
Le climat est marqué par deux grandes saisons : une saison sèche de novembre à avril et une saison des pluies de mai à octobre. La végétation alterne entre savane arborée, savane herbeuse et forêt secondaire. La faune, en revanche, est limitée à quelques espèces comme les singes et les éléphants, ces derniers étant devenus rares en raison du braconnage.
Services et défis
Bocaranga dispose de services essentiels, bien que limités : un hôpital de district, une école primaire, un lycée faisant également office de collège, une gendarmerie, une base des Forces armées centrafricaines, un poste de police et un tribunal de grande instance. Cependant, la ville ne bénéficie ni d’eau courante ni d’électricité, ce qui entrave son développement.
Chaque vendredi, le marché hebdomadaire anime la vie locale, facilitant les échanges de produits agricoles comme le gôzô (plat de base à base de manioc, maïs ou mil), les fruits (mangues, papayes, oranges, avocats) et divers produits artisanaux.
Du potentiel à mettre en valeur
Bocaranga est une ville riche en histoire, en culture et en ressources naturelles, mais confrontée à des défis majeurs liés à l’accès aux infrastructures de base. Son potentiel économique, notamment dans l’exploitation minière et l’agriculture, pourrait être un levier important pour son développement futur.