Bossangoa : Les acteurs de la transhumance s’engagent pour qu’elle soit apaisée dans la préfecture de l’Ouham

25 nov 2024

Bossangoa : Les acteurs de la transhumance s’engagent pour qu’elle soit apaisée dans la préfecture de l’Ouham

Komi Ambroise Dagnon

À Bossangoa, dans la préfecture de l’Ouham, les éleveurs et agriculteurs centrafricains ainsi que ceux du Tchad se sont engagés à œuvrer main dans la main pour une transhumance sans conflits entre les deux pays. Les 21 et 22 novembre, environ 80 d’entre eux ont participé à une conférence préfectorale sur la transhumance, organisée par la préfecture de l’Ouham en partenariat avec la MINUSCA. Le gouverneur de la région de Yade, la cheffe du bureau régional de la MINUSCA, les représentants d’agences onusiennes, les ONG internationales ainsi que les autorités civiles et militaires ont pris part aux travaux, sanctionnés par d’importantes recommandations.

 Source de tensions récurrentes entre les communautés, la question de la transhumance constitue une préoccupation majeure pour les autorités locales, ainsi que pour la MINUSCA. La conférence préfectorale, tenue les 21 et 22 novembre 2024 à Bossangoa, visait donc à mobiliser l’ensemble des autorités et des parties prenantes liées à cette activité en vue d’une coexistence pacifique entre producteurs agricoles et pasteurs nomades.

Le gouverneur de la région de Yade, Barthélémy Wilikon, s’est réjoui du renouvellement du mandat de la MINUSCA, dont le soutien aux autorités centrafricaines pour une transhumance apaisée s’est « encore matérialisé par l’organisation de cette conférence ».


La cheffe du bureau régional de la MINUSCA, Bernadette Lukonde, a, pour sa part, réitéré « la disponibilité de la Mission, en cohérence avec son mandat, à soutenir le gouvernement dans ses efforts en faveur d’une transhumance apaisée et prospère ». Elle a également exprimé le vœu que les recommandations issues de cette conférence soient traduites dans les faits « pour éradiquer les conflits liés à la transhumance dans la préfecture de l’Ouham ».

Les deux jours de travaux ont permis aux participants d’identifier les causes réelles des conflits liés à la transhumance. Parmi les principaux facteurs relevés figurent le non-respect des couloirs de transhumance, l’absence d’identification des pasteurs nomades et les problèmes de santé animale. « Les problèmes cruciaux qu’on a pu identifier, c’est le tracé des routes, les pistes que les bœufs empruntent depuis le Tchad jusqu’au niveau de l’Ouham. Parce que les tracés d’antan que le gouvernement a mis en place, nos frères éleveurs ne les respectent pas ; et c’est ça qui pose un problème. On a aussi parlé des problèmes de l’identification des éleveurs qui rentrent avec les bœufs au niveau du pays et de l’effectif des bœufs, et aussi des conditions sanitaires des bœufs. Parce qu’il n’y a pas de contrôle au niveau de l’entrée à la frontière », a expliqué Marie-Christine Mbiti, directrice régionale de l’Agriculture de la région de Yade.

Pour Michael Zakaria, membre de la délégation tchadienne, ce sont plutôt des éleveurs transhumants venant d’autres pays voisins qui créent des tensions entre Tchadiens et Centrafricains. Il a plaidé pour la mise en place d’un comité mixte chargé de sensibiliser les agriculteurs tchadiens et centrafricains sur cette problématique. « Ce ne sont pas les frères du Tchad qui amènent les problèmes. Il y a d’autres groupes qui viennent du Niger, du Nigéria, etc. C’est ceux-là qui viennent avec leur bétail, sans femme, sans enfant ; c’est eux qui amènent le conflit entre les Centrafricains et les Tchadiens. Nous voudrions qu’il y ait un comité mixte au niveau des frontières pour sensibiliser ceux du Tchad et ceux de la Centrafrique, que le problème ne vient pas du Tchad ni de la Centrafrique, et qu’ils soient vigilants sur ceux qui viennent de l’extérieur », a-t-il indiqué.

Avec l’approche de la transhumance 2024-2025, il est impératif d’agir rapidement. Parmi les solutions envisagées, les participants recommandent « la redynamisation des comités de paix qui sont déjà en place (CMOP, CLPR, ndlr), la création d’une force commune pour protéger la transhumance, la mise en place de règles pour le respect des couloirs de transhumance et des parcelles agricoles ». La santé des bœufs, identifiée comme source potentielle de conflit, a également été prise en compte. À cet égard, « il est impérieux de les mettre en quarantaine pour que les vétérinaires puissent suivre la santé de ces bœufs avant de les introduire » en République centrafricaine.

Cette conférence vient consolider les acquis de la table ronde organisée le 21 septembre 2024 à Bossangoa par le bureau de la MINUSCA, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la paix.

 

POC