Centrafrique : la sécurité alimentaire fragilisée par l'instabilité politique, selon le PAM

14 jan 2015

Centrafrique : la sécurité alimentaire fragilisée par l'instabilité politique, selon le PAM

Dans le contexte actuel d'instabilité, de tension politique et de redressement économique fragile en République centrafricaine, toute détérioration de la situation sécuritaire du pays risquerait d'avoir des conséquences désastreuses sur l'alimentation de la population et l'accès humanitaire aux plus défavorisés, indique un nouveau rapport du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), rendu public mardi.

Cette étude, conduite par le PAM en étroite collaboration avec ses partenaires du 13 au 25 septembre 2014 sur la base d'un échantillon de 2.166 ménages couvrant toutes les préfectures du pays, a pour objectif d'évaluer la situation de la sécurité alimentaire et de mieux calibrer les réponses humanitaires en République centrafricaine. « L'enquête du PAM montre que cette crise pourrait engendrer des conséquences durables sur la situation nutritionnelle des populations en particulier sur le retard de croissance des enfants », a précisé la Porte-parole de l'agence, Elisabeth Byrs, lors d'une conférence de presse à Genève annonçant la publication du rapport. « Elle impactera également l'accès aux moyens d'existence et aux revenus des populations », a-t-elle ajouté.

Le rapport du PAM indique en effet que près de 30% de la population se trouve en situation d'insécurité alimentaire modérée et sévère, soit approximativement 1,5 million de personnes. Les catégories de population les plus affectées par cette insécurité alimentaire, indique le rapport, sont les « ménages très pauvres ou pauvres, les déplacés, les personnes de retour chez elles, ceux dont la principale source alimentaire de base est le marché, les dons ou l'assistance alimentaire, n'ayant pas la capacité de contracter des prêts, les ménages dirigés par des femmes et/ou avec un faible niveau d'éducation ».

Des stratégies d'adaptation sont de plus en plus irréversibles et dommageables, précise l'étude, ajoutant que près des deux tiers des ménages ont eu recours à des stratégies de survie pour accéder à l'alimentation. Les principales contraintes citées par les ménages pour générer des revenus sont le manque de capital pour investir (61%), le manque d'opportunités d'emplois (31%) et le manque de terre/équipement de production (27%). Parallèlement, les prix des produits vivriers sont en hausse depuis juillet 2014. Quant à eux, les prix des produits importés et transformés (sel, huile et savon) ont également significativement augmenté, en raison de la hausse du coût du transport provoquée par l'insécurité et la dégradation de l'infrastructure routière. Le rapport souligne aussi que les marchés qui étaient déjà faiblement intégrés avant la crise ont été fortement perturbés par l'insécurité et un accès difficile en saison pluvieuse à cause des infrastructures routières dégradées et des filières commerciales déstructurées.

Selon le rapport, la période de soudure pourrait commencer dès fin janvier dans les préfectures très affectées par les conflits et qui comptent un nombre élevé de déplacés (Ombella Mpoko, Ouham et Ouaka) et dès février/mars dans les zones traditionnellement à fort potentiel agricole.

Par ailleurs, la crise en République centrafricaine affecte de manière plus importante les femmes : « un plus grand nombre des femmes (22%) dans les zones urbaines déclarent avoir comme source de revenu l'aide, les dons et les transferts familiaux », indique le rapport du PAM.

Source : Centre des nouvelles de l’ONU