Centrafrique : une jeunesse face à de grands défis

17 mai 2016

Centrafrique : une jeunesse face à de grands défis

Mariée à 16 ans, peu éduquée et peu formée, sans emploi ou sous-employée, voire exploitée, enceinte très tôt et première victime des violences : le portrait-robot d’une jeune centrafricaine montre à quel point les défis sont grands.

La situation des jeunes garçons n’est guère plus enviable. Egalement touchés par la pauvreté et le manque d’éducation, ils travaillent la terre ou ont des métiers peu qualifiés, comme aide-mécanicien, apprenti menuisier, gardien, vendeur à la sauvette ou conducteur de taxi moto.

Des représentants des jeunes auront l’occasion cette semaine de discuter de leurs problèmes et de leurs aspirations pour le futur avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la jeunesse, le Jordanien Ahmad Alhemdawi, en visite en Centrafrique du 17 au 21 mai. Il rencontrera également le président de l’Assemblée nationale, le Premier ministre et plusieurs membres du gouvernement ainsi que des représentants des organisations des Nations Unies.

Les moins de 35 ans représentent 75% de la population, et trois Centrafricains sur 10 ont entre 10-24 ans. Ils sont aussi très fortement touchés par le chômage avec un taux estimé à 87%, « un véritable fléau social », selon le président Touadéra.

Aujourd’hui, alors que la Centrafrique renoue avec une certaine stabilité et qu’elle est désormais dirigée par un président démocratiquement et dotée d’un  parlement, la jeunesse est en attente d’une attention particulière à ses problèmes. 

Les jeunes ont souvent des comportements à risque, comme les rapports sexuels non protégés, la consommation d’alcool ou de drogue (Les chauffeurs de taxi moto sont réputés être des consommateurs réguliers de Tramadol, un opiacé). Ils sont aussi des proies pour les groupes armés ou les milices, cherchant à enrôler de nouvelles recrues.

Ces jeunes sont non seulement vulnérables mais la perspective d’un avenir incertain fait d’eux des « des vecteurs de nouveaux troubles et de conflits sociaux et intercommunautaires », indique un rapport du Fonds de Nations unies pour la population. 

Ils sont confrontés à la faiblesse d’un système éducatif sinistré. Le taux brut de scolarisation au lycée est trois fois inférieur à la moyenne de l’Afrique Sub-saharienne, deux fois pour le collège. Une enquête de 2010, avant la terrible crise qui a secoué le pays à partir de 2012, montrait que 30% des enfants de 6 à 11 ans n’étaient jamais allés à l’école. Depuis, la situation s’est encore dégradée.

Environ 40% des enseignants sont des « parents » qui n’ont pas les qualifications requises. Les salles de classes sont surchargées, notamment au collège et lycée, avec une moyenne de 145 élèves pour une salle de classe.

La vie sexuelle commence très jeune et plus de la moitié des jeunes filles entre 15 et 19 ans sont mariées ou en couple. Elles ont peu accès à des moyens de contraception modernes.

Les jeunes sont donc peu préparés à la vie active et exercent souvent des métiers sous-qualifiés, même pour ceux qui ont eu la chance d’accéder aux bancs de l’université.

Le chef de l’Etat a fait de la situation des jeunes une priorité. Plusieurs ONG locales comme « l’Ecole de foot Namys » ou « Tongolo ti Beafrika » (Etoile de la Centrafrique) organisent des activités pour les jeunes, qu’ils soient issus de groupes armés, des orphelins ou juste des jeunes désoeuvrés, qui ne savent plus vers qui se tourner. Les ONG proposent des activités sportives et culturelles et sensibilisent les jeunes au civisme, au vivre-ensemble, à la cohésion sociale, à la santé de la reproduction, les maladies sexuellement transmissibles, la corruption ou le harcèlement dans le milieu scolaire.

Les organisations internationales, dont les agences des Nations et la MINUSCA, apportent aussi leur soutien au gouvernement dans ce domaine. La MINUSCA a notamment mis en place un programme dit « jeunes à risque » offrant des emplois dans des travaux à haute intensité de main d’œuvre. La mission réhabilite également des infrastructures, comme des centres communautaires. Pour les jeunes engagés dans les groupes armés, la MINUSCA a entamé un pré-programme de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR) qui sera suivi d’un DDR préparé en concertation avec les autorités centrafricaines.

 

 

Source : Situation des jeunes en RCA, FNUAP