Commémoration de la Journée Internationale des Casques Bleus de l’ONU | Allocution du Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUSCA,

29 mai 2021

Commémoration de la Journée Internationale des Casques Bleus de l’ONU | Allocution du Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUSCA,

Madame la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général

Mon général commandant de la Force,

Monsieur le représentant du Chef de la composante Police,

Mesdames et messieurs membres du Senior Leadership,

Messieurs les officiers, et sous-officiers, membres de la Force et de la Police de la MINUSCA,

Chers collègues,

Je voudrais avant de poursuivre mon allocution, vous prier de bien vouloir observer une minute de silence en hommage aux casques bleus disparus.

L’année dernière, l’apparition de la Covid-19 et ses incertitudes en République centrafricaine - comme du reste à travers le monde -, avait rendu impossible et non recommandé tout rassemblement, empêchant ainsi toute commémoration de la Journée internationale des Casques bleus de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

La menace n’a pas disparu pour autant, mais la réponse des Nations Unies, celle de la MINUSCA, soutenue par le siège de notre organisation, permet de faire face à la menace et rend possible la célébration à sa juste valeur de cette date importante à travers toute la Mission. Même si c’est dans des conditions bien définies. C’est donc avec beaucoup de plaisir que je prends la parole devant vous ce 29 mai 2021, pour rendre hommage aux personnels civil, policier et militaire pour leur contribution inestimable au travail de l’ONU dans le monde, mais également pour honorer la mémoire des Casques bleus qui ont perdu la vie en servant la noble cause de la vie, de la paix et de la restauration de la paix et la stabilité sous le drapeau des Nations Unies.

Chers collègues,

Entre le 29 mai 2020 et le 29 mai 2021, énormément de choses se sont produites en République centrafricaine au premier rang desquelles les élections présidentielle et législatives, dont la dernière série s’est tenue dans certaines parties du pays il y a tout juste une semaine. Au cours de cette période, l’Etat a pu étendre sa présence sur le territoire national avec le déploiement de ses différentes institutions, des présumés auteurs de violations graves contre les populations ont été arrêtés et transférés à la justice, des combattants de groupes armés ont été désarmés et démobilisés, tandis que des personnes déplacées internes ont pu retourner dans leurs foyers, grâce à l’amélioration de la situation sécuritaire dans leurs régions, même si l’action de la Coalition Patriotique pour le Changement (CPC) a provoqué d’autres déplacements dans la région notamment au sud-ouest.

Ces réalisations ont été émaillées d’obstacles habituels que nous connaissons, comme la détérioration et la non-praticabilité des routes et des ponts dans un territoire aussi vaste, mais rendues plus difficiles par l’apparition de nouveaux défis dont la pandémie de la Covid-19, l’utilisation de mines ou autres engins explosifs ou la coalition de groupes armés sous la conduite de l’ancien président Bozizé, marqué par une multiplication d’attaques contre les populations civiles, les forces de défense et de sécurité et des casques bleus.

Fort heureusement, la MINUSCA a pu y répondre, conformément à son mandat, dans les domaines de la protection des civils ; de la mise en place de conditions de sécurité favorables à l’acheminement de l’aide humanitaire ; des bons offices et de l’appui au processus de paix ; de la réforme du secteur de la sécurité ; du programme de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement ; de la promotion et protection des droits de l’Homme ; de l’appui à la justice nationale et internationale ; ainsi que de la protection des femmes et des enfants.

La contribution de la MINUSCA à tous ces chantiers a été non seulement totale, mais à tous les niveaux, dans le cadre de son appui aux autorités de la République centrafricaine et le partenariat avec les différents acteurs sur le terrain. L’exécution de ces différentes tâches prévues dans la résolution 2552 n’a été possible que grâce à l’engagement sans faille des 14 986 personnels de la MINUSCA, à savoir 1 478 civils, dont 566 Centrafricains, 11 451 éléments de la Force et 2 057 de la Police. Certains d’entre eux ont perdu leur vie au front, comme nos sept casques bleus tombés lors des affrontements contre les rebelles de la coalition à Bangui, Dékoa, Grimari et Bangassou, mais aussi des suites de la Covid-19 et d’autres maladies ou d’accidents, etc.

Permettez-moi donc de saluer du fond du cœur chacun d’entre eux, hommes et femmes, civils, policiers et militaires, personnels basés à Bangui ou déployés dans nos 11 bureaux de terrain ou dans des postes militaires avancés, loin de vos familles. À l’image du Secrétaire général, António Guterres, je vous exprime ma profonde gratitude pour votre contribution à cette noble mission de notre organisation, celle de « protéger les personnes vulnérables et d’aider à construire la paix ».

Continuons sans relâche notre lutte pour la protection des civils et la restauration définitive de la paix. Ce serait la seule manière d’honorer la mémoire de nos frères et sœurs qui sont tombés au front.

Chers collègues,

La Journée internationale des Casques bleus 2021 a pour thème « La voie vers une paix durable : mobiliser le pouvoir de la jeunesse en faveur de la paix et de la sécurité »

Le Secrétaire général des Nations Unies, dans son message à l’occasion de cette journée rappelle – je le cite – « Dans tous les pays où nos Casques bleus sont déployés, la paix ne peut être obtenue qu’avec la participation active des jeunes. Le monde a encore beaucoup à faire pour répondre à leurs besoins, les aider à faire entendre leur voix et veiller à ce qu’ils participent aux prises de décision.

Nos missions jouent un rôle important dans la protection et l’assistance aux jeunes, en particulier les femmes et les filles, afin de réduire la violence et de maintenir la paix. » Fin de citation.

Dans l’exercice de son mandat, la MINUSCA s’attèle à la réalisation de cet objectif. Comme reconnu par le Secrétaire général, la Mission a « étroitement collaboré avec des représentants de la jeunesse pour augmenter le taux de participation aux dernières élections ».

Outre nos frères et sœurs centrafricains, la MINUSCA a, particulièrement au sein de la Police et de la Force, de jeunes casques bleus accomplissant les activités qui leur sont confiées, y compris dans le domaine de la protection des populations civiles. D’autres jeunes, de la composante civile, apportent également leur contribution à la protection de la population ; ce sont par exemple nos agents de liaison communautaire, véritables interfaces entre les soldats de la paix et les communautés à l’intérieur du pays et dont le rôle est crucial dans le système d’alerte précoce et de prévention.

Je voudrais au nom du Senior Leadership saluer l’engagement et le dévouement de tous ces jeunes casques bleus de la MINUSCA dévoués à la paix et la protection des plus vulnérables.

La MINUSCA poursuivra son engagement auprès des jeunes centrafricains et des jeunes centrafricaines, pour pousser l’agenda de la paix, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité spécifiques à la jeunesse – je pense aux résolutions 2250, 2419 et 2535 -, mais aussi conformément au mandat qui demande d’ « accompagner les efforts déployés par les autorités de la République centrafricaine, aux niveaux national et local, pour faire participer davantage les partis politiques, la société civile, les femmes, les personnes ayant survécu à des violences sexuelles, les jeunes, les organisations confessionnelles et, dans la mesure du possible, les personnes déplacées et les réfugiés au processus de paix, notamment à l’Accord de paix ».

Chers collègues,

Les acquis énumérés tantôt ne doivent pas occulter les défis auxquels la MINUSCA est confrontée. La pandémie frappe de nouveau la République centrafricaine au point qu’elle a été déclarée urgence de santé publique par le Président de la République, le 19 mai dernier. La campagne de vaccination contre la Covid-19 menée actuellement par les Nations Unies au profit de son personnel déployé partout dans le monde et en RCA, a permis de vacciner 6031 personnels de la MINUSCA, à la date du 29 mai 2021. Cependant, nous devons tous continuer à observer strictement les mesures barrières comme le port du masque, le lavage des mains et la distanciation physique prônées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ainsi que toutes les mesures internes édictées par la Mission.

Sur le plan sécuritaire, les groupes armés membres de la coalition restent actifs et adoptent désormais d’autres modes opératoires sur un terrain où les engins explosifs ont fait leur apparition, touchant aussi bien les populations civiles que les casques bleus, comme nos deux soldats de la paix tanzaniens blessés le 26 mai dernier, dans un village situé au nord-ouest de Berberati.

La mise en œuvre de l’Accord de paix reste un défi important et au centre de notre agenda, en tant que facilitateurs, en appui aux signataires et aux garants, pour que les engagements soient effectivement respectés, particulièrement la fin des violations contre les populations civiles, les forces de défense et de sécurité centrafricaines et les casques bleus ainsi que le désarmement des groupes armés.

Finalement, la MINUSCA est la cible depuis plusieurs semaines d’une campagne de désinformation, de manipulation et d’intoxication, dûment planifiée et exécutée à travers différents supports afin de ternir son image et remettre en cause les chantiers accomplis depuis son établissement par le Conseil de sécurité. Nos actions au profit des Centrafricaines et des Centrafricains seront essentielles pour renforcer la confiance existante ainsi que des groupes identifiés pour cible.

Hier, vous le savez, le Secrétaire général des Nations Unies a honoré, à titre posthume, 129 casques bleus dont neuf de la MINUSCA. Cela doit nous pousser à davantage mettre en œuvre notre mandat.

Chers collègues,

Plus que jamais, j’appelle l’ensemble du personnel civil, policier et militaire à rester engagé dans l’exercice de notre mission, à œuvrer avec dévouement, professionnalisme et dans le respect des valeurs de l’Organisation des Nations Unies pour que le soutien de la MINUSCA permette aux populations de vivre en paix et en sécurité et à l’Etat centrafricain d’être présent partout sur le territoire national.

Je termine en vous rassurant de mon soutien total et celui du Senior Leadership pour qu’ensemble nous puissions parvenir à la réalisation des objectifs tels qu’inscrits dans notre mandat. À tous et à toutes, une bonne Journée internationale des casques bleus de l’ONU.

Je vous remercie de votre attention.