La Maison centrale de Bouar teste sa réactivité en cas de crise
En collaboration avec la Mission de conseil de l’Union européenne en République centrafricaine (EUAM-RCA), a appuyé, la MINUSCA, du 20 au 24 mai 2025, la Direction régionale des services pénitentiaires (DGSP) dans l’organisation d’une simulation de crise à la Maison centrale de Bouar. Il s'agit du premier exercice de ce type mené dans cet établissement pénitentiaire, après celles de Bambari et Bangui. L’objectif principal est de renforcer les capacités de gestion des incidents et des menaces en milieu carcéral.
L'exercice a été précédé d’un atelier de planification stratégique, qui a permis d’élaborer et de valider un plan d’urgence spécifique à la prison de Bouar. Ce cadre opérationnel a permis de recenser les acteurs clés de la gestion de crise et de définir clairement leurs rôles respectifs.
Coordonnateur des formations et des opérations terrain au sein de l’Unité d’appui aux affaires pénitentiaires de la MINUSCA, Tchinro Yé a souligné l’importance stratégique de l’initiative : « Cet exercice s’inscrit dans la mise en œuvre du plan d’urgence de la prison de Bouar. L’objectif est de tester la capacité des institutions à répondre efficacement à une crise, qu’il s’agisse d’une mutinerie, d’une tentative d’évasion ou d’une attaque ». Il s’est aussi félicité de la mobilisation des Forces de défense et de sécurité ainsi que de l’appui opérationnel des unités de la MINUSCA : « Le scénario proposé nous a permis d’évaluer les forces et les faiblesses du dispositif actuel. Nous allons renforcer les aspects formation, coordination et communication ».
D’une population de 125 détenus, dont deux femmes, la Maison carcérale de Bouar a été confrontée à deux évasions massives ces dernières années : en janvier 2021, lors d’une attaque menée par des groupes armés, puis en août 2023, lorsque des détenus se sont échappés en exploitant une brèche dans le mur d’enceinte. Ces événements ont mis en lumière la nécessité d’un renforcement des dispositifs de sécurité et de réponse rapide. D’où la satisfaction des principales autorités concernées.
« Cet exercice a permis aux différentes entités d’apprendre à travailler ensemble pour assurer l’ordre et la sécurité en cas d’incidents en milieu carcéral », souligne Kenguena Minang Pierre Fils, Secrétaire général de la préfecture de Bouar et représentant la préfète de la Nana-Mambere.
Même satisfaction chez Evariste Ndomete, Directeur général de l’administration pénitentiaire, selon qui ces exercices sont essentiels pour les établissements pénitentiaires. « Ils permettent de tester la capacité de réaction des agents en cas de crise : incendie, catastrophe naturelle, soulèvement, mutinerie. C’est un moyen de préserver la sécurité nationale et la paix civile », a-t-il indiqué, plaidant pour la pérennisation de ces initiatives.
À travers son Unité d’appui aux affaires pénitentiaires, la MINUSCA apporte un soutien constant aux autorités nationales, à travers des conseils techniques et une assistance logistique et financière, ainsi que la promotion des bonnes pratiques, via l’humanisation accrue des conditions de détention. Ces efforts ont permis à la Maison centrale de Bouar de bénéficier de programmes de réinsertion socio-professionnelle, notamment via des formations en menuiserie, aviculture et jardinage, facilitant le retour des détenus à la vie civile.