Conférences préfectorales et sous-préfectorales pour une gestion pacifique de la transhumance dans la région des Kagas

6 déc 2024

Conférences préfectorales et sous-préfectorales pour une gestion pacifique de la transhumance dans la région des Kagas

Bebey Michelle Tchania

En novembre 2024, une série de conférences préfectorales et sous-préfectorales sur la transhumance s’est tenue dans plusieurs localités de la région des Kagas. Ces réunions ont eu lieu dans les préfectures de Nana-Gribizi, Kémo et Ouham-Fafa, couvrant 11 sous-préfectures, notamment Kaga-Bandoro, Mbrès, Nana-Outa, Sibut, Dékoa, Mala, Ndjoukou, Batangafo, Kabo, Bouca et Sido. Ces conférences ont rassemblé des éleveurs, des agriculteurs, des autorités locales, des Forces de sécurité et des représentants de la MINUSCA pour explorer des solutions pratiques en faveur d’une gestion apaisée et durable de la transhumance.

L’initiative fait suite à une conférence nationale organisée en mai 2024 à Bangui sous la présidence du Chef de l’État et avec le soutien de la MINUSCA. Cette rencontre nationale avait permis de poser les bases d’une gestion harmonieuse des conflits liés à la transhumance. En novembre, ces engagements se sont traduits par des actions concrètes à l’échelle locale, reflétant la nécessité d’une gouvernance participative et adaptée aux réalités du terrain.

Une gestion des tensions au cœur des discussions

Dans la préfecture de l’Ouham-Fafa, les échanges ont mis en lumière des tensions croissantes entre éleveurs et agriculteurs. Selon Deny Ngbama, chef du secteur élevage de Bouca, les principaux problèmes incluent le vol de bétail, les braquages et les dégâts causés aux cultures. « Il faut des délimitations visibles dans les couloirs de transhumance », a-t-il souligné.

Les participants ont proposé des solutions concrètes, telles que la sécurisation des couloirs de transhumance, la réhabilitation des parcs à bétail et la formation de groupes de vigilance pour protéger les troupeaux. Ces mesures visent à réduire les tensions et à promouvoir une coexistence pacifique entre éleveurs et agriculteurs.

À Sido, une localité située à la frontière avec le Tchad, la situation est encore plus complexe en raison des mouvements transfrontaliers de troupeaux. Mahamat Salet, sous-préfet de Sido, a insisté sur l’importance de renforcer la coopération transfrontalière. « Nous avons besoin d’un cadre formel pour la gestion de la transhumance entre nos deux pays », a-t-il déclaré. Une des propositions phares a été l’introduction d’un certificat international de transhumance pour suivre les déplacements des troupeaux et prévenir les conflits transfrontaliers.

Djimet Hassan, représentant des éleveurs tchadiens, a exprimé sa volonté de renforcer le dialogue avec les communautés locales et de mettre en œuvre les recommandations. « Nous devons travailler ensemble, éleveurs et agriculteurs, avec les autorités des deux pays pour garantir la paix et la prospérité », a-t-il ajouté.

Défis spécifiques et solutions locales

Dans la préfecture de la Kémo, les participants ont souligné l’impact des attaques perpétrées par des groupes armés contre les éleveurs, tandis que dans la Nana-Gribizi, les conflits résultent principalement des déplacements des troupeaux à travers les zones agricoles. Face à ces défis, des recommandations adaptées ont émergé, comme la délimitation des couloirs de transhumance, l’amélioration des points d’eau, des marchés à bétail et la mise en place de comités locaux de gestion des conflits.

Un pas vers une transhumance apaisée

Les conférences préfectorales et sous-préfectorales de novembre 2024 marquent une étape cruciale dans la gestion des conflits liés à la transhumance en Centrafrique. Elles ont mis en évidence la nécessité d’un dialogue renforcé, d’une coopération transfrontalière et d’un engagement accru des communautés locales.

Le rôle clé de la MINUSCA

La MINUSCA, par l’intermédiaire de sa Section des Affaires civiles, a joué un rôle central dans l’organisation de ces conférences. En plus de fournir un soutien logistique et financier, elle a facilité le dialogue entre les parties prenantes. Cette approche a permis d’identifier des solutions adaptées et de renforcer la coopération régionale, notamment entre la République centrafricaine et le Tchad.

Si des défis subsistent, les bases sont posées pour une gestion plus harmonieuse et durable de la transhumance, garantissant une cohabitation pacifique entre éleveurs et agriculteurs dans le secteur centre.