Exprimer le soutien de la MINUSCA à des victimes de la récente crise

8 oct 2015

Exprimer le soutien de la MINUSCA à des victimes de la récente crise

Apres les évènements tragiques qui ont récemment ébranlé la capitale centrafricaine, la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies, Mme Diane Corner, s’est rendue le mardi 6 octobre, à la Mosquée centrale de Bangui, située au PK 5, 3e Arrondissement, et aux Eglises Saint Michel et Elim du 5e  Arrondissement. Le mercredi 7, elle s’est rendue sur le site de la Mosque de Lakouanga, dans le 2e Arrondissement. 

L’objectif de ces différentes visites est de constater de visu ce qui reste des affrontements qui ont couté la vie à plusieurs dizaines de centrafricains et qui  ont remis en question, dans un déroulement tragique, le processus de réconciliation entre les communautés sensiblement fracturées depuis le début de la crise et exprimer la solidarité de l’ONU.

La Représentante spéciale adjointe était accompagnée, pour l’occasion, de la Directrice des Affaires politiques, Barrie Freeman, entre autres. A la mosquée centrale, Mme Diane Corner a échangé avec l’Imam Moussa Naibi. « Nous regrettons tout ce qui s’est passe », a-t-il dit, avant de rejeter les responsabilités des émeutes sur « des gens, tapis dans l’ombre, qui activent les leviers et manipulent les jeunes Centrafricains ». Il a souhaité que la lumière soit faite sur les commanditaires de ces actes et prôné la compréhension entre les communautés avant même l’étape de la réconciliation. L’imam déplorera, au passage, la situation d’isolement dans laquelle vit le PK5, évoquant « une prison à ciel ouvert » qui s’est construite toute seule, dans la peur des attaques répétées des groupes armés manipulés par les ennemis de la paix.

Au registre du bilan, l’Imam parlera de plus de 400 familles déplacées vivant dans et autour de la Mosquée, déplorera l’augmentation fulgurante de la population du PK5 suite aux crises successives qui ont contraint les musulmans de la capitale à trouver refuge dans ce quartier. 

Occasion pour Moussa Naibi de saluer l’action de la MINUSCA  à travers ses efforts de protection et de surveillance, et dira sa détermination à accompagner le processus de normalisation, en l’occurrence en ce qui concerne l’organisation des prochaines élections, tout en soulignant l’inscription massive des habitants du PK5 sur les listes électorales. « Nous avons tous intérêt à aller aux élections afin que s’installent des dirigeants nouveaux qui essayeront de trouver les vraies solutions aux problèmes entre les communautés. », indiquera le religieux.

Mme Diane Corner réitéra l’engagement de la MINUSCA à travailler avec ceux qui croient en la paix et redira l’engagement de la mission à accomplir son mandat de stabilisation en république centrafricaine, tout en appelant les religieux à jouer leur partition dans le processus de paix afin que les évènements de ces derniers jours ne se répètent plus.

Puis Diane Corner et sa délégation  se dirigeront vers le 5e Arrondissement dans le quartier Bozanga ou deux églises ont été totalement brules par des individus se réclamant de la communauté musulmane. A l’Eglise Saint Michel, l’Abbe Guy Charly Mamounlayen fera faire le tour des dégâts enregistrés le dimanche 27 septembre : une école et une salle de réunion dévastées par les flammes, et dans laquelle il ne subsiste plus aucun meuble ; la sacristie et les objets liturgiques définitivement réduits en cendres ; le presbytère ravagé. L’Abbé, encore visiblement sous le choc, soulignera la cruauté gratuite des foules en furie qui ont déferlé sur son église dans l’intention de tuer et de détruire ; mais il dira que cela ne doit point constituer une entrave à la réconciliation et en appellera a la responsabilité des politiques et des chefs religieux, sans occulter le soutien de la MINUSCA pour une reconstruction qu’il appelle de tous ses vœux. 

Avoisinant l’Eglise Saint Michel, l’Eglise protestante Elim, dont le Pasteur, Révérend Nicolas Guerekoyame-Gbangou, présentera également ce qui reste de la barbarie fulgurante qui, en quelques minutes, a réduit en cendres son complexe : école détruite, maison d’habitation des religieuses calcinée, presbytère anéanti par les flammes. Sur ce décor sinistre flottait encore une odeur de brulé. « Ils étaient venu pour me  tuer, mais ne m’ayant pas vu, certains parmi eux voulaient s’en prendre à ma famille, mais celle-ci n’a été sauvée que grâce à  l’intervention de certains  qui fréquentent l’école qu’ils venaient eux-mêmes  de décimer… », 
Aux deux religieux,  Diane Corner déplorera cette violence inouïe et aveugle que rien ne justifie et dira le soutien des Nations Unies.  « Je suis venu constater ce qui a été détruit au cours de ces journées et j’en ressens une grande tristesse », dira la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nation Unies selon qui « Il ne faut jamais perdre espoir, et laisser les forces du mal ».

Cette exhortation en faveur du vivre-ensemble et la cohésion sociale, Mme Corner la transmettra également aux communautés affectées de Lakouanga, dont la Mosquée, vieille d’une cinquantaine d’années, détruite quelques mois auparavant et reconstruite grâce à une exemplaire solidarité des chrétiens du 2e arrondissement, vient d’être à nouveau victime de destruction et pillage. 

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