Intervention de Modibo Touré à l’inauguration du nouveau bâtiment de la Cour de Cassation
Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en Centrafrique, Coordonnateur Résident et Humanitaire, Modibo Touré, a pris part, le 29 novembre 2012 à Bangui, à la cérémonie d’inauguration des nouveaux locaux de la Cour de Cassation construite par le Ministère de la Justice et de la Moralisation, avec l’appui du Projet d’Appui à l’Etat de Droit (PRED) du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). C’était en présence du Président de la République centrafricaine et Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, François BOZIZE YANGOUVONDA.
Ci-dessous l’intégralité du discours du Représentant spécial adjoint:
Permettez-moi de vous exprimer notre gratitude et notre reconnaissance pour l'honneur que vous nous faites de présider personnellement la cérémonie d'inauguration de ce Bâtiment de la Cour de Cassation de Bangui. Nous sommes vraiment honorés de votre présence aujourd’hui parmi nous.
L'évènement qui nous réunit ce matin m'offre l'occasion de faire le point de notre coopération dans le domaine de la Justice. La tentation est en effet grande pour moi d'égrener le chapelet de nos réalisations communes, du fruit de notre partenariat en matière de justice. Il est vrai que le bilan est remarquable.
Ensemble, nous avons construit des tribunaux, des maisons d'arrêt, mené des actions en faveur de la promotion de l'accès à la justice et du renforcement des capacités du système judicaire en RCA.
Notre partenariat dans ce domaine comme dans bien d'autres est fécond. Mais si nous pouvons, dans une certaine mesure, nous féliciter du chemin parcouru jusque-là, nous restons tout de même pleins d'humilité devant les défis qui restent à relever.
Je voudrais plutôt m'appesantir sur la symbolique de la cérémonie d'aujourd’hui,
l'étendue sa portée, la profondeur du message qu'elle véhicule potentiellement et
sa pertinence par rapport aux grands chantiers d'édification d'une Nation centrafricaine juste, forte, stable, en paix avec elle-même.
Excellence M. le Président, je suis à l'aise en abordant ce sujet en votre présence parce que j'ai conscience que je m'adresse également et particulièrement aujourd’hui au Premier Magistrat de la RCA.
Je voudrais lancer un appel au Magistrat Suprême que vous êtes, de faire en sorte que l'inauguration de cet ouvrage de 3000.m2 marque le premier pas vers la consécration de la Justice et son effectivité sur les 622.984 km2 du territoire centrafricain.
Je formule le vœu ardent, M. le Président, que vous continuez d'impulser le processus de réforme et de refonte du secteur judiciaire avec une vigueur renouvelée, une rigueur exemplaire et une ambition à la mesure des attentes de vos concitoyens.
Je voudrais vous lancer un appel pressant, M. le Président, pour que vous intensifiiez vos efforts déjà louables de mobilisation des institutions républicaines, des partis politiques, des forces vives centrafricaines afin que la justice soit et demeure le seul, l'ultime recours contre l'arbitraire.
M. le Président, les Nations Unies, l'ensemble des PTF, en général et le PNUD en particulier, sont entièrement disposés à vous soutenir pour toute action, programme, politique ou stratégie visant à faire de la Justice le garant de la paix et de la stabilité, le fondement de la réconciliation nationale et la source de la légitimité institutionnelle en RCA.
Une justice forte, répondant aux aspirations des populations centrafricaines, nécessitera certainement plus de moyens, en infrastructures, en ressources humaines, mais la force de la justice sera également la résultante et le reflet de la volonté politique. C'est la raison pour laquelle, Excellence M. le Président, nous sommes très réconfortes par votre présence ici qui illustre cette volonté politique.
A propos du déficit de moyens, nous espérons, M. le Président, que la part du budget national consacrée au secteur de la Justice sera plus conséquente l'année prochaine et au-delà, à la mesure de votre vision et volonté ferme d'en faire un véritable instrument d'émancipation politique et socioculturelle.
M. le Président, dans deux jours, le 1er décembre prochain, nous partagerons avec vous la joie de célébrer ensemble la fête nationale d'indépendance de la République centrafricaine.
Permettez-moi, à l'avance, de vous présenter au nom de l'Equipe des Nations Unies, nos vives félicitations. Permettez également de formuler le souhait que le 1er décembre marque, dans le cœur et l'esprit de tous les Centrafricains, un nouveau départ pour une justice véritablement indépendante en Centrafrique.
Je vous remercie pour votre aimable attention.