Violences sexuelles en conflit : le plaidoyer de Mme Bangura pour que la RCA ne soit pas oubliée !
La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies Chargée de la question des violences sexuelles en conflit, Mme Zainab Hawa Bangura, est arrivée, le 5 décembre à Bangui, à la tête d’une importante délégation comprenant, entre autres, des experts sur des questions relatives à l'Etat de droit et à la violence sexuelle.
« Le but de ma visite est d’écouter et d’apprendre de plusieurs interlocuteurs, y compris les victimes des violences sexuelles, des représentants du gouvernement, des leaders religieux, des groupes rebelles, des associations féminines, des forces sécuritaires et de défense, de la société civile et des ONG, autant à Bangui que dans les régions», a déclaré Mme Bangura à son arrivée dans le pays. Avec ses différents interlocuteurs, il s’agira de mesurer l’ampleur des défis à relever et d’identifier les voies et moyens pour y remédier. Les informations ainsi recueillies seront transmises au Conseil de Sécurité de l’ONU.
En effet, comme le fait valoir Mme Bangura, « nous sommes conscients des conséquences que les violences sexuelles peuvent avoir sur une personne, une communauté et sur un pays. Elles dégradent et déshumanisent la victime tout en entravant les efforts de réconciliation et de construction d’une paix durable ».
Mme Bangura a également rappelé que la RCA figure parmi les pays prioritaires de son action, les autres étant « la Bosnie et Herzégovine, la Colombie, la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo (RDC), le Libéria, le Soudan (y compris le Darfour) et le Sud-Soudan ». « Si j’ai choisi de venir en RCA comme première destination après ma nomination, c’est pour faire en sorte que les informations relatives à ce fléau en RCA puissent être enfin disponibles afin que le pays puisse bénéficier de l’appui adéquat ».
Occasion pour elle de saluer les efforts nationaux vers la construction d’une nation plus stable, pacifique et prospère. « Nous savons que cela n’a pas été facile et que le chemin à parcourir reste long », a-t-elle ajouté. Toutefois, fait remarquer Mme Bangura, en tant que « ressortissante de la Sierra-Léone, un pays qui a connu, 12 ans durant, l’un des conflits les plus brutaux et dévastateurs de l’Afrique, mais qui a pu rétablir la paix grâce à l’ONU, je suis confiante que la RCA pourra suivre le même parcours. Notre mission est donc de faire en sorte qu’elle ne soit pas oubliée ».
Mme Bangura a pour mandat d'assurer une direction cohérente et stratégique pour lutter contre les violences sexuelles dans les conflits ; s'engager dans des efforts de plaidoyer auprès des gouvernements, y compris les représentants militaires et judiciaires, toutes les parties à un conflit armé et de la société civile ; renforcer les mécanismes existants de coordination des Nations Unies, et de promouvoir la coopération et la coordination des efforts de tous les acteurs concernés, principalement grâce au réseau Action des Nations Unies contre les violences sexuelles dans les conflits (UN Action).
Le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles en conflit a été créé en 2009 conformément à la Résolution 1888 du Conseil de sécurité, qui vise à renforcer la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits, en attribuant le leadership à haut niveau, renforcer des compétences en ce qui concerne la réponse judiciaire, mieux coordonner la prestation de services aux victimes et la création de mécanismes de rapports.
Mme Bangura quittera la RCA le 13 décembre prochain.