Il est 11h00, ce jeudi, lorsque le Maire de la ville de Kaga-Bandoro (Centre du pays), Abel Sherif, informe la Police des Nations Unies (UNPol) qu’un jeune de confession chrétienne a été enlevé au niveau du marché central par des éléments appartenant à l’ex-Seleka. Les ravisseurs lui auraient d’abord pris 120.000 FCFA puis demandé 100.000 FCFA comme rançon. 

Quelques instants plus tard, une autre information faisait état d’un braquage de trois motos. Un acte perpétré, cette fois-ci, par des éléments Anti-Balaka, lesquels auraient aussi enlevé deux personnes de confession musulmane.

Très rapidement, les informations sur ces deux incidents ont fait le tour de la ville, répandues de bouche à oreille. S’en est suivi une vive tension à travers la ville, risquant de dégénérer en affrontements violents.

Aussitôt informée, la Police des Nations Unies -Unité rwandaise de Police (UPC) et Police individuelle- a entrepris nombre d’actions pour atténuer la tension et rassurer la population. Leurs interventions, y compris via des négociations, ont aussi abouti à la libération de tous les otages.

Cette implication de l’UNPol pour ramener le calme, en appui aux militaires de la MINUSCA et des Forces de sécurité intérieure, est quasi permanente dans cette ville où la situation sécuritaire reste fragile, en raison de la présence de groupes armés. Ici, tout incident est susceptible de dégénérer en violences intercommunautaires à tout instant. 

Nombreuses sont donc les patrouilles et autres interventions de l’UNPol pour prévenir toute violence, maintenir une présence dissuasive, protéger les institutions  mais aussi pour une réaction rapide, en cas de besoin. A la satisfaction des résidents de Kaga-Bandoro. “Nous nous sentons en sécurité, lorsque nous voyons les policiers effectuer des patrouilles dans les divers coins et recoins de la ville. Cette présence marquée contribue à dissuader certains criminels issus des groupes armes qui profitent de l’absence de forces de sécurité nationale pour commettre divers délits en s’attaquant à la population civile”, affirme N.D. un résident de Kaga-Bandoro. 

Comme le fait valoir Cristian Munteanu, Commandant UNPol dans les préfectures du Centre du pays, au cours des deux derniers mois, la Police des Nations Unies a récupéré et rendu à leurs propriétaires plus de 15 motos. “Les gens s’adressent à nous pour trouver des solutions à divers problèmes, parmi lesquels la recherche de leurs biens volés. Bien que certaines de ces tâches ne font pas partie de notre mandat, et que nous ne puissions pas remplacer les autorités étatiques, nous essayons de les aider dans la mesure de nos capacités,” explique le Commandant Munteanu. 

En ce qui concerne les actes criminels graves, la Police des Nations Unies rédige les procès-verbaux de renseignements judiciaires destinés au Procureur de la République. Après les enquêtes, lorsque des preuves suffisantes sont réunies, les grands criminels, y compris les meurtriers, les violeurs et auteurs de graves violations des droits humains sont transférés à Bangui. A en croire le Commandant UNPol du Secteur Centre, plus de 20 criminels de haut vol issus des Anti-Balaka et ex-Seleka ont ainsi été transférés à Bangui, au cours des 12 derniers mois. 

Des actions que salue le chef de Bureau de la MINUSCA pour la région Centre, Renner Onana, qui se félicite du rôle que joue la police dans la pacification de la ville. “Actuellement, nous enregistrons 100% d’élucidation des crimes et délits, et malgré les provocations des Anti-Balaka, la Police des Nations Unies réussit à endiguer certains phénomènes de violence dans un contexte de forte polarisation”, explique-t-il, saluant le rôle extrêmement positif que jouent notamment l’UPC et les autres unités de l’UNPol déployées dans cette zone, tant il est vrai que la confiance de la population envers cette composante de la MINUSCA est en forte hausse. En témoigne d’ailleurs la forte sollicitation de la population pour renforcer les patrouilles et pour bien d’autres interventions en faveur de la sécurité.