Quand le CVR transforme des vies dans la Vakaga
Dans la préfecture de la Vakaga, au Nord-Est de la République centrafricaine, le Programme de Réduction des violences Communautaires (CVR) de la MINUSCA impacte positivement le quotidien de centaines de jeunes et de femmes de Birao, d’Am-Dafock, de Ouanda-Djallé, de Terfel et de Bashama, depuis son lancement localement en 2022.
Aux quelque 2000 bénéficiaires, dont plus de 1200 femmes, jadis confrontés à divers défis liés au chômage et au manque de formation professionnelle, le CVR est synonyme d’un lendemain plus clément.
Entre 2024-2025, ce sont plus de 700 bénéficiaires, dont plus de 400 femmes, qui ont trouvé une nouvelle opportunité pour améliorer leur quotidien grâce à différentes éditions du programme CVR. De la transformation des produits fruitiers locaux, à la savonnerie et à la boulangerie, en passant par la restauration, l’agriculture, l’élevage, la couture et la maçonnerie, le programme CVR permet aux bénéficiaires d’acquérir des compétences pratiques pour des activités génératrices de revenus.
Ouanda-Djallé, distante de 125 kilomètres de Birao, en est un exemple, avec une centaine, dont 70 femmes, de bénéficiaires de formations pratiques, courant 2024-2025.
Abacar Bosco est une personne vivant avec un handicap, ayant reçu une formation en mécanique moto dans le cadre de la 7ᵉ édition du programme. Il témoigne : « Grâce au programme CVR, j’ai pu devenir mécanicien de motocyclette. Je suis de CVR7 et aujourd’hui, je suis installé à mon compte. Je gagne bien ma vie. Je remercie la MINUSCA d’avoir pensé à nous, les personnes en situation de handicap, dans son programme ».
Bénéficiaire de la 8ᵉ édition en maçonnerie à Ouanda-Djallé, Solange Guimoris est une vraie inspiration dans sa communauté : « Au début, il n’y avait pas assez de femmes dans ce domaine. Mais quand j’ai commencé, cela a intéressé d’autres femmes qui ont changé de métier pour devenir maçons. J’ai également subi certaines moqueries en raison de mon choix de métier, car dans notre contexte, il est difficile de voir une femme exercer la maçonnerie », a fait savoir cette passionnée de la maçonnerie, grâce auquel « j’arrive, aujourd’hui, à subvenir à mes besoins.
Le programme fait aussi des heureux à Am-Dafock.
Et au nombre des 100 bénéficiaires, dont plus de 60 femmes, de la 8ᵉ édition récemment lancée à Am-Dafock Daniel Nourice est désormais se réjouit du changement qualitatif : « Avant, j’effectuais les travaux champêtres à la main. Grâce au CV, j’ai acquis des compétences techniques en agriculture ; j’ai aussi une charrue et des outils adaptés qui me permettront d’accroître le rendement de ma production ».
Ce programme a aussi permis aux bénéficiaires de s’impliquer activement dans le développement local à travers des chantiers communautaires. C’est le cas d’Amat Adoum, qui acquiert des connaissances en maçonnerie, qui aujourd’hui met son savoir-faire à contribution dans la construction de la sous-préfecture d’Am-Dafock: « Avant, je n’avais aucune compétence en maçonnerie, mais aujourd’hui, j’ai acquis de nombreuses compétences dans ce domaine, et ce que j’y gagne me permet de subvenir aux besoins de ma famille », a-t-il fait savoir.
Autre ville de bénéficiaires, Birao qui totalise 250 bénéficiaires, dont 120 formés dans divers métiers aux retombées déjà visibles.
Awa Assan s’est spécialisée en boulangerie. « J’ai appris à faire du pain et cela m’aide beaucoup car les revenus me permettent de nourrir mon enfant et moi. J’encourage les autres filles à chercher à se faire enrôler dans le programme CVR », témoigne Awa qui a dû abandonner l’école après le décès de son père., mais le programme lui a permis d’acquérir une compétence en boulangerie :
Ibrahim Sallet est aussi un nouveau boulanger, lui qui a quitté l’école en classe de CM1, faute de moyens pour payer ses frais de scolarité : «je n’avais rien à faire, mais aujourd’hui j’ai appris à faire du pain. Cela m’aide à subvenir aux besoins de ma famille, notamment ma maman car je ne suis pas encore marié », a-t-il fait savoir.
Kadija Adam, 45 ans, vit avec ses 11 enfants, dont deux scolarisés et un avec un handicap. Cette désormais productrice de savon fait valoir que : « Grâce à la vente de ce savon, j’arrive à gérer les besoins de certains de mes enfants, et depuis un certain temps, je ne dépends plus de l’achat de savon (…) Nous travaillons en équipe et nous faisons, par mois, des chiffres d’affaires de plus de 100 000 F CFA que nous partageons. Certaines utilisent cet argent pour payer des semences agricoles ».
Comme on le voit, le programme CVR permet non seulement d’acquérir des compétences professionnelles, mais renforce aussi l’autonomie financière, tout en offrant l’opportunité aux bénéficiaires de prendre leur avenir en main et de sortir de la précarité.
Et c’est à juste titre que des voix, comme celle de Yacouba Mahamat, s’élèvent pour plaider en faveur de davantage d’investissement en la jeunesse, faisant remarquer : « Si ce n’était pas grâce à la MINUSCA, je n’allais pas avoir ces connaissances en production de savon. C’est pourquoi je souhaite que la MINUSCA investisse davantage dans la jeunesse, car le taux de chômage est élevé, ici, dans la Vakaga. Je pense qu’en investissant dans la jeunesse, la MINUSCA fait profiter à de nombreux villages ».